La terrible année 1794 s'ouvrit dès ses premiers jours par un terrible carnage. Les républicains, qui venaient de reprendre l'île de Noirmoutier, s'y déchaînèrent impitoyablement contre les Vendéens.

Image_6L'île de Noirmoutier changea quatre fois de mains au cours de l'année 1793. Occupée par les insurgés commandés par Guerry Fortinière dès le 16 mars, elle fut reprise par les républicains du général Beysser le 28 avril suivant. Le 12 octobre, après deux tentatives manquées aux marées basses du 30 septembre, Charette s'en empara. La considérant, à tort, comme un havre de paix, il y envoya d'Elbée, blessé mortellement à la bataille de Cholet, le 17 octobre 1793. 18 ecclésiastiques âgés et infirmes vinrent également y chercher refuge.

Image_8Pour récupérer Noirmoutier les républicains mobilisèrent des forces considérables. Le 3 janvier, c'était l'assaut général. La prise de Barbâtre, village au sud de l'île, fut suivie d'une répression atroce, alors qu'on avait promis la vie sauve à tous ceux qui se rendraient.

Image_7Devant le château séculaire, la place d'armes vit fusiller les 18 prêtres, puis les 16 officiers de la garnison, et enfin quatre victimes de choix : Maurice Gigost d'Elbée, son beau-frère Pierre Duhoux d'Hauterive, son ami Pierre de Boisy, et Jean-Conrad Wieland, l'honnête commandant républicain de l'île, que d'Elbée tenta en vain de sauver. Leurs corps furent jetés dans les douves du château.

Image_4Non loin de là, dans l'église Saint-Philbert, on avait parqué dès le 3 janvier douze à quinze cents malheureux. Le lendemain et les jours suivants, on les fit sortir, 60 par 60, sous prétexte de les faire comparaître devant la commission militaire. En fait, ils furent conduits tout droit, par la rue Banzeau et la rue des Martyrs, jusqu'à un cloaque de vase où ils furent fusillés.

Image_10Les cadavres furent transportés plus tard par les habitants de Noirmoutier dans les dunes de la Claire où ils reposent toujours. Ils y seront rejoints par d'autres victimes des fusillades d'avril, mai et juin 1794. Les massacres prirent fin le 3 août 1794, par une ultime exécution de 22 personnes, en majorité des femmes et des enfants, quelques jours après la chute de Robespierre.

Source : D'Elbée ou l'épiphanie sanglante, par Jean Epoix, postface de Simone Loidreau, éditions du Choletais, 1984.

Illustrations : le clocher de Saint-Philbert de Noirmoutier, gravure de l'exécution de d'Elbée, le fauteuil dans lequel d'Elbée fut exécuté (musée de Noirmoutier), l'exécution de d'Elbée (tableau de Julien Le Blanc, 1878, musée de Noirmoutier), vue de Noirmoutier (le château à gauche, l'église Saint-Philbert à droite, la place d'armes en bas à gauche).