On trouve mention, chez certains historiens de la Chouannerie, des « affaires de Pâques ». Cette série de victoires, qui s'acheva par une défaite à Bouère, fut un baroud d'honneur des rebelles du Bas-Maine avant que ceux-ci ne déposent les armes au printemps 1796.
Localisation des lieux cités sur une carte du département de la Mayenne
(carte de 1790, A.D. 53, 1 Fi 48)
En voici le récit tiré des Lettres sur l'origine de la Chouannerie et sur les Chouans du Bas-Maine par Jacques Duchemin-Descépeaux :
« Les derniers et peut-être les plus remarquables des combats que livrèrent les Chouans dans cet arrondissement furent ceux qu'ils ont appelés les affaires de Pâques. Pendant trois jours, les Chouans assaillis sans cesse par de nouvelles troupes furent constamment victorieux. Enfin ils vinrent se réunir à Grand-Pierre (1) sur la paroisse de Gray (2), afin d'attaquer de concert une troupe formidable de républicains qui s'étaient retranchés dans le bourg de Bouère, mais les deux divisions s'entendirent mal ; celle de M. de Tercier (3) s'étant imprudemment engagée fut repoussée avec une grande perte (4)… Après cet échec, les Chouans de cette division n'eurent point d'affaire sérieuse jusqu'au moment où ils déposèrent les armes. Celle-ci s'était passée le mardi de Pâques (29 mars 1796) » (5)
Aussi ce jour, marqué par l'exécution de Charette à Nantes qui signa la fin de la Grande Guerre de Vendée, sonna-t-il également la fin de la Deuxième Chouannerie.
Notes :
- En fait c'est « Grand-Pierre » qui remporta cette série de victoires des « affaires de Pâques », du 15 au 18 mars 1796, autour de Miré, aux landes de Bouessay, à Varennes-l'Enfant près d'Épineux-le-Seguin, et à Épaulfort près de Cossé-en-Champagne (Hubert La Marle, Dictionnaire des Chouans de la Mayenne, 2005, p. 82). « Grand-Pierre » était le surnom de Pierre-Marin Gaullier (Morannes 1766 – Bouère 1817), chef chouan de la région de Château-Gontier et Châteauneuf-sur-Sarthe à partir de 1795, au sein de l'armée de Scépeaux. Déserteur du 1er bataillon des volontaires du Maine-et-Loire, il avait rallié l'armée vendéenne dans sa campagne d'outre-Loire qu'il avait suivie jusqu'en Normandie. Au retour, il se cacha dans le Segréen et reprit le combat sous les ordres de Joseph-Just Coquereau (1768-1795), auquel il succéda.
- Grez-en-Bouère.
- Claude-Augustin de Tercier, officier rescapé du débarquement de Quiberon, avait remplacé à la tête de la division de Vaiges Michel Jaquet dit « Taillefer », tué au combat de la Cognardière (sur la route de Vaiges à La Chapelle-Rainsouin), le 8 mars 1796.
- Au cours de ce combat de Bouère périt le Suisse « Carpar », déserteur du bataillon de la Montagne passé aux Chouans au printemps 1794. Officier dans la division de Tercier, il commandait une compagnie de la région de Montsûrs et Saint-Christophe-du-Luat.
- Jacques Duchemin-Descépeaux, Lettres sur l'origine de la Chouannerie et sur les Chouans du Bas-Maine, 1827, t. II, p. 310. Les « affaires de Pâques » sont également évoquées par Théodore Muret, Histoire des Guerres de l'Ouest, Vendée, Chouannerie, 1792-1815, 1848, t. IV, p. 355.
Quenavo