C'est le cri du cœur de gens indignés par le fait que des rues portent le nom d'un individu aux mains couvertes de sang. Robespierre ? Carnot ? Ou je ne sais quel officier de Turreau ? Eh non ! L'émoi vient cette fois des plus vils révolutionnaires…Le Souvenir Chouan de Bretagne a reproduit il y a deux jours un documents édifiant émis par un cercle communiste, à propos des 140 ans du « massacre des communards ». Rappelant brièvement les faits et soulignant la belle efficacité de M. Thiers dans la répression, les auteurs de cette lettre s'insurgent : Malgré cela, il y a fort à parier qu'une rue ou qu'un boulevard porte le nom de cet ignoble boucher pas loin de chez vous, il est grand temps de réparer cette aberration !
Rappelons-leur, à toutes fins utiles, cette vieille tradition républicaine qui veut qu'on honore jusqu'aux pires criminels dans la mesure où ceux-ci ont œuvré du bon côté du pouvoir. Autrement dit, des vainqueurs. Un exemple ? Passons les Robespierre et Carnot, précédemment cités, qui pullulent sur nos plaques de rues, pour s'attarder sur Joseph Crouzat. Ce général qui a fait carrière sous la Révolution s'est brillamment illustré comme l'un des plus effroyables criminels de guerre en Vendée. Sa Colonne infernale a dévasté et brûlé des villages entiers, en particulier dans les Mauges. Le nombre de ses victimes est incalculable. Il participa notamment à l'attaque de l'hôpital de Stofflet en forêt de Vezins, au cours de laquelle 1200 civils et blessés vendéens furent massacrés.Et pourtant Joseph Crouzat est honoré d'une rue dans plusieurs communes de France. C'est le cas à Sérignan dans l'Hérault. On m'objectera qu'il s'agit là de sa ville natale. Dans ce cas, il n'y aura nulle raison de s'offusquer si un jour la commune serbe de Bozanovici baptise l'une de ses rues (si ce n'est déjà fait) du nom de Ratko Mladic, « l'enfant du pays » (« le boucher des Balkans » pour ses victimes). On trouve également une rue du Général Crouzat à Béziers, toujours dans l'Hérault, et à Beaune-la-Rolande dans le Loiret. Notons que cette commune accueillit un camp d'internement par lequel transitèrent les déportés du Vel'd'Hiv. Une bien belle tradition génocidaire locale…
Rassurons donc nos agités du cercle communiste, à moins d'une révolution (ou d'une restauration), il y a fort à parier que le nom de M. Thiers reste pour longtemps dans nos rues.Illustration ci-dessus, Joseph Crouzat, fresque de l'église de Chanzeaux, paroisse dans laquelle ce général républicain perpétra l'un de ses grands massacres de civils. Ci-contre, la plaque de la rue du général Crouzat à Béziers (merci à Noël Stassinet).
Je suis entièrement d'accord avec votre remarque, ce type est couvert de sang, supprimons son nom des rues et boulvards qui l'honnorent.