Ces deux commandants de Colonnes infernales étaient-ils cousins ? Cette question d’un internaute a réveillé mon intérêt (rarement assoupi) pour la généalogie. Les deux généraux incendiaires n’étaient pas cousins germains, mais néanmoins proches parents.
En réalité, c’est la mère de Jean Alexandre Caffin, Marie Madeleine Grignon (1727-1802) qui était cousine germaine avec le général Louis Grignon (1748-1825). Leurs pères, François dit « Alexandre » (1701-1742) et François (1707-1772) étaient frères. Les famille Caffin et Grignon étaient établies dans le Saumurois, plus précisément dans la région de Doué-la-Fontaine.
Petit rappel biographique de ces deux soldats de la Révolution…
Louis Grignon est né à Louerre (49) le 15 août 1748. Il est le fils de François Grignon et de Marie Anne Commeau.
Il épouse à Blaison (49,) le 23 février 1778, Perrine Louise Desportes, avec laquelle il aura trois filles.
Sa carrière militaire commence sous l’Ancien régime comme fusilier aux Gardes Françaises. Il reprend du service sous la Révolution, comme sous-adjudant général dans la Légion du Midi des Gardes nationales du district de Saumur en 1792, puis comme adjudant général dans l’Armée des Côtes de La Rochelle en 1793. Il y prend du galon en devenant général de brigade le 28 novembre.
L’année suivante, Turreau lui confie la deuxième division de ses Colonnes infernales. Il secondera parfaitement les ordres du général en chef en semant la désolation dans le Bressuirais. Il sera d’ailleurs élevé au grade de général de division le 14 avril 1794. Suspendu le 16 août, après les événements de Thermidor, il sera finalement amnistié et réintégré le 25 octobre 1795 (grâce à la loi d’amnistie des crimes commis sous la Révolution, votée par la Convention à la fin de son règne). Sa carrière s’achève sous l’Empire. Retraité le 28 juin 1810, il meurt à Angoulême le 25 décembre 1825.
Le récit de ses exactions dans le Bressuirais a été dénoncé avec force détails par le député Lequinio dans son livre Guerre de la Vendée et des Chouans, publié en 1794. (ci-dessous, la signature de Grignon)
Jean Alexandre Caffin est né à Doué (49) le 13 mars 1751. Il est le fils de Jean Caffin et de Marie Madeleine Grignon.
Il épouse à Morton (86), le 25 janvier 1780, Marie Julie Lebeau, avec laquelle il aurait eu sept enfants.
Il s’engage en 1769 comme soldat au régiment de Bourgogne-Cavalerie, qu’il quitte en 1772. Il entre deux ans après, toujours comme soldat, au régiment de Roy-Infanterie, qu’il quitte à nouveau en 1777. Retiré à Doué, il est élu commandant de la garde nationale de la commune en juillet 1789. Sa carrière suit alors celle de son parent Louis Grignon : il est nommé adjudant général de la Légion du Midi, le 20 juin 1792, puis participe à la lutte contre les Vendéens en 1793. Le 2 juillet de cette année, il reçoit le grade de général de brigade.
Comme Grignon, Caffin reçoit le commandement d’une des Colonnes infernales, chargée de dévaster les environs de Cholet (Maulévrier, La Tessoualle, Saint-Laurent-sur-Sèvre, etc.). Et comme Grignon, il est gratifié pour cela du grade de général de division le 24 avril 1794. Sa carrière en Vendée s’achève à la fin de l’année 1795. Mais il refuse un poste à son grade dans l’armée de Sambre-et-Meuse le 14 octobre 1796, préférant ne pas s’éloigner de sa région. Du reste, il est élu maire de Doué de 1804 à 1815. Il meurt à Montbrillais (86) le 31 août 1828. Sa tombe est toujours dans le cimetière de cette commune.
Aucun de ces deux criminels de guerre n’a été jugé, ni condamné.
Remarque : Louis-Marie Grignion de Montfort n'a évidemment rien à voir avec cette famille Grignon (il est breton).
Caffin et Grignon, un cousinage infernal
Commentaires sur Caffin et Grignon, un cousinage infernal
- Bonjour,
Votre remarque appelle quelques précisions : d'abord il faut rappeler qu'il n'y a pas de lien de parenté entre les Grignon, seigneurs de Pouzauges (les parents de Roch-Sylvestre), et la famille du général républicain.
D'autre part, ce n'est pas la "sœur" de Roch-Sylvestre qui se trouvait à la Saugrenière la nuit de l'arrestation de Stofflet (23-24 février 1796), mais sa tante, Jeanne-Gabrielle Grignon, née en 1738 à la Barboire en La Pommeraie-sur-Sèvre, fille de Joseph Grignon et de Perrine-Gabrielle-Modeste Jameron. Le frère aîné de Jeanne-Gabrielle s'appelait Joseph-Toussaint-Gabriel Grignon ; il épousa en 1770 Marie-Joséphine-Benjamine Grignon, héritière du marquisat de Pouzauges, et en eut un fils, Roch-Sylvestre (1775-1799).
Dernier point, Jeanne-Gabrielle Grignon n'a pas été tuée à la Saugrenière lors de l'arrestation de Stofflet. Elle est morte en 1806 à Neuvy.
Je recommande ces deux publications pour en savoir plus :
– C. et L. Gosselin, "Roch-Sylvestre de Grignon revenu d'émigration", Revue du Souvenir Vendéen n°260 (septembre 2012), pp. 23-27.
– C. et L. Gosselin, "La paralytique de la Saugrenière (23 février 1796)", Revue du Souvenir Vendéen n°248 (septembre 2009), pp. 25-38.
- Bonjour,
Merci pour vos précisions et pour vos corrections.
Les cloches qui ont dû sonner, le 17 juin 1775, lors du baptême de Sylvestre-Roch de Grignon (célébré par le futur ancien prêtre Dominique Dillon) sont toujours en place:
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM85000265
https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/PM85000266
Un autre Grignon est presque tombé dans l'oubli.
Alors je profite de ce vieil article pour évoquer la mémoire du combattant blanc Roch-Sylvestre Grignon (1775-1799) qui a vécu dans la région de Pouzauges dévastée (par son homonyme) le bleu Louis Grignon (1748-1825).
Et comme le monde est décidément bien petit, la sœur de ce Roch-Sylvestre Grignon a été tuée, lors de l'arrestation de Stofflet, par des soldats bleus envoyés par ce proche parent de Louis Grignon que vous évoquez, Jean Alexandre Caffin.