Les plus fervents partisans de la Révolution poussaient le vice jusqu'à renier leur propre nom, pour peu que celui-ci parût suspect d'aristocratie. Un patriote de Châteaubriant en a donné un exemple amusant, pour ne pas dire ridicule. Le citoyen Charrette, capitaine de gendarmerie, se présenta le 15 nivôse an II (4 janvier 1794) à la société républicaine de Montagne-sur-Chère – c'est ainsi qu'on avait « rebaptisé » la commune de Châteaubriant, dont le nom fleurait trop fort la féodalité. Interpelant les membres de ladite société, il leur déclara : « Je préviens que le nom que je porte ayant été déshonoré par un ennemi de la république, j’en ai changé, j’ai pris le nom de Brouette que portait mon épouse. » Le Charette dont il parlait, François Athanase Charette de La Contrie, tenait toujours tête aux armées de la République au début de l'année 1794, malgré la perte de l'île de Noirmoutier. On ne sait qu'elle a été la réaction de l'auditoire, mais on devine quelques sourires en coin, en dépit des acclamations de rigueur…
(Anecdote trouvée sur un site d'histoire de Châteaubriant : www.chateaubriant.org)
Quand Charrette se fait Brouette
Commentaires sur Quand Charrette se fait Brouette
- ah oui, les noms qui sonnent bien républicain .. j'en ai entendu parler ou lu dans un livre de Lenôtre que j'avais emprunté à la bibliothèque ... ca m'avait bien fait rigoler, parce que souvent c'était des mots latins terminaison us ..
- On trouvait effectivement beaucoup de prénoms en -us chez les admirateurs de la République romaine : Gracchus, Cincinnatus, Romulus et autres Brutus qui côtoient les Caton et Cicéron comme ennemis de César. On avait de la culture en ce temps-là, pour aller chercher l’inspiration jusque dans l’Antiquité grecque. Pas évident pourtant de porter le prénom de Thrasibule, Anacharsis ou Anaxagoras.
Sans aller si loin, certains ont puisé dans le Moyen-Age (Guillaume Tell) ou chez précurseurs de la Révolution (Rousseau, Voltaire, Washington, etc.). Les prénoms évoquant les principes républicains avaient la cote (Egalité, Liberté, Unité, etc.). On croise inévitablement des Montagne, Montagnard et Montagnarde.
Sans oublier les prénoms directement choisis dans le calendrier révolutionnaire. Là, il y a profusion, mais on imagine la difficulté pour un enfant de recevoir un prénom comme Oignon ou Tanche.