Ce n’est certes pas un anniversaire glorieux, mais ce personnage mérite une petite note pour ne pas oublier qu’il fut l’un des principaux acteurs de la Révolution française, le véritable porte-parole de Robespierre et du Comité de Salut public sous la Terreur.

Tombe de Barere TarbesEn voici un portrait plein de vérité qu’on peut lire dans le livre Souvenirs d’un demi-siècle 1789-1836, par Touchard-Lafosse :

Barère, malgré la versatilité de ses opinions, ne put faire oublier qu’il avait compté parmi les plus exaltés apologistes de la Terreur. Pourtant il s’était efforcé de rendre le supplice aimable, tant il l’avait paré de fleurs d’éloquence dans ses discours. Aussi Burke appelle-t-il ce conventionnel l’Anacréon (1) de la guillotine. « Barère, dit un historien moderne [Montgaillard] donne au crime une couleur riante; il le présente sous des points de vue capable de séduire; toujours prêt à justifier son utilité, il met de l’esprit et même de l’hilarité dans ses rapports exterminateurs […] Robespierre commet le crime à froid, par calcul; Barère s’y porte comme à une partie de plaisir. »

Barère était le meilleur auxiliaire des chefs jacobins. Nul ne posséda comme lui le jargon du patriotisme, […] et ce ton d’arrogance que prennent les poltrons quand ils sont les plus forts. Barère s’appliqua à populariser la guillotine, dont il se chargeait de faire la patronne de la république.

Buste de Barere de VieuzacCe député possédait à fond la faconde de l’amplification […] C’était lui qu’on chargeait de rédiger, d’embellir, de rendre coquets tous les rapports venant des armées; lui qui les ornait de paroles héroïques prononcées par les mourants […] Aucun des collègues de Barère n’entrait en collaboration avec lui pour ce soin. Il était devenu le recours de toutes les paresses, et lorsque, par hasard, dans le Comité de Salut public, un travail quelconque échéait à un autre membre, il jetait, dit-on, les pièces devant ce faiseur universel en lui criant : Tiens, Barère, rapporte… !

Barère fut suffisamment habile pour survivre à la chute de Robespierre et des terroristes. Il mourut à Tarbes, sa ville natale, le 13 janvier 1841. Tarbes lui a, du reste, rendu hommage en baptisant une avenue de son nom (2). Ce n’est pas la seule commune à se souiller ainsi dans les Hautes-Pyrénées, comme Argelès-Gazost (place Barère de Vieuzac), Séméac et Vic-en-Bigorre (rue Barère). Ailleurs, on relève une rue Barère à La Rochelle (17), des allées Barère à Martigues (13) et Bieujac (33), et une impasse Barère à Labatut (40). Quoi de mieux qu’une impasse pour un tel révolutionnaire…

Illustrations : La tombe de Barère dans le cimetière de Tarbes (photos du Souvenir Chouan de Bretagne)

(1) Anacréon était un poète grec des Ve-VIe siècles avant J.-C.
(2) Une pétition a été lancée pour changer le nom de l'avenue Barère à Tarbes (cliquez sur le lien pour rejoindre les signataires).