Arrêté sur trahison avec six de ses compagnons, alors qu’il venait rendre les armes – une tache de plus sur la mémoire de Bonaparte – Frotté fut jugé à Verneuil-sur-Avre par une commission militaire qui le condamna à mort au terme d’un jugement sans témoins ni défense, le 18 février 1800.

FrotteA peine le jugement rendu, les sept condamnés furent conduits au lieu du supplice en suivant la rue des Bouchers. Les fenêtres étaient fermées sur leur passage, la ville entière était en deuil. Il était environ cinq heures du soir. L’emplacement choisi pour l’exécution était un champ découvert, à quelques centaines de mètres de la ville, dans la plaine de Saint-Denis. Il a gardé le nom de Clos-Frotté.

Une formidable escorte entourait les sept condamnés attachés deux à deux. Frotté avait pour compagnon Lamberville (du Verdun), son oncle, alliés dans la vie et dans la mort. Dans la rue des Bouchers, un des leurs ayant paru faiblir, Frotté le releva par quelques mots.

Cenotaphe de Frotte A VerneuilArrivé sur le terrain, aucun ne voulut souffrir qu’on lui bandât les yeux. Sans pâleur, sans faiblesse, se tenant par la main et criant une dernière fois Vive le Roi ! ils attendirent la mort. Ce fut d’ailleurs une boucherie rappelant celle des victimes de Quiberon. Le même peloton tira sur les sept condamnés ensemble. Ils tombèrent, Frotté le premier, les entraînant dans sa chute, mais non pas tous morts, et il fallut les achever par terre.

Par négligence ou par calcul, les cadavres restèrent exposés sur le lieu de l’exécution jusqu’à la nuit. Quelques personnes en profitèrent pour emporter, comme des reliques, des cheveux des victimes et des morceaux de leurs habits. La nuit venue, les corps furent enlevés dans un tombereau et transportés au cimetière. Une fosse commune les reçut pêle-mêle.

Un cénotaphe sculpté par David d’Angers fut érigé en leur mémoire dans l’église de la Madeleine à Verneuil-sur-Avre.

Illustrations : Lithographie de Marie Pierre Louis de Frotté ; cénotaphe de Frotté et de ses compagnons.

Source : Louis de Frotté et les insurrections normandes 1793-1832, par Léon de La Sicotière (1889)

A lire également l'article sur Louis de Frotté publié par le Souvenir Chouan de Bretagne le 11 mars 2010.