Le canton de Palluau, récemment mis à l’honneur par le Souvenir Vendéen, possède un lieu de mémoire parmi les plus émouvants, le hameau de la Tulévrière, situé au cœur du pays de Charette. Des projets sont en cours, pour accentuer sa mise en valeur.
Ouest-France, édition de Vendée-Ouest, jeudi 11 octobre 2012
L’annonce a été faite par Gilles Douillard, le maire de Saint-Etienne-du-Bois, dans un entretien accordé au journal Ouest-France, publié jeudi dernier. « Nous avons un projet important d’acquisition de la forge et de la maison où habitait la famille Martin, déclare le maire. C’est un lieu chargé d’histoire, de culture, à côté de la chapelle, haut lieu emblématique des Guerres de Vendée. Un projet avec le soutien du Conseil général et de la communauté de communes. Mais il nous faut désormais plancher sur l’idée de faire de la Tulévrière une porte d’entrée dans la commune et tout le canton de Palluau, jusqu’à Apremont ! La Tulévrière est proche de la route des Lucs-sur-Boulogne à Legé, très empruntée. Et Les Lucs attirent avec l’Historial. »
Rappelons que la chapelle a déjà fait l’objet d’une belle mise en valeur, grâce notamment à l’installation d’une vitrine sécurisée permettant d’exposer au public les objets liturgiques et la chasuble du célèbre abbé Ténèbre. La maison et la forge dont parle le maire de Saint-Etienne-du-Bois appartenaient sous la Révolution à Joseph Braud, qui hébergea le prêtre réfractaire. Ce dernier y célébra la messe. On avait pour cela aménagé une cavité dans un mur afin de cacher le Saint Sacrement. Tous les souvenirs qui y sont attachés sont toujours visibles aujourd'hui.
Qui était ce prêtre ? Alexandre Ténèbre (1742-1822) était curé de Croix-de-Vie depuis 1784, lorsque son refus du serment constitutionnel le contraignit à quitter sa charge, au cours de l’été 1792. Les événements de 1793 l’amenèrent à se réfugier à la Tulévrière, en plein territoire insurgé, probablement sur les conseils de Savin, l’un des chefs vendéens de cette partie du Bocage. Il y demeura au plus fort de la Terreur.
Au début de l’année 1794, tandis que les Colonnes infernales ravageaient les alentours, signalant leur approche par des nuages de fumée, l’abbé Ténèbre s’adressa aux villageois au pied du vieux calvaire, devant lequel il avait l’habitude de dire la messe, pour les exhorter à rester sur place. Mais une vingtaine d’entre eux préféra quitter cet asile pourtant dissimulé derrière une épaisse végétation, pour se cacher à l’écart, dans des fourrés. Mal leur en prit, car les Bleus les débusquèrent et les massacrèrent sur place.
Pour remercier Dieu de les avoir épargnés, et pour se souvenir de ceux qui venaient de tomber sous le sabre républicain, les survivants érigèrent, à l’initiative de l’abbé Ténèbre, une chapelle à la place du calvaire. Achevé en quelques mois, le petit sanctuaire fut inauguré le 29 décembre 1794. Il constitue le tout premier mémorial des victimes de la Révolution en Vendée, d’autant plus remarquable qu’il fut bâti en pleine Terreur (photo de la chapelle ci-dessus).