Mon plaidoyer en faveur du nouveau site des Archives départementales du Maine-et-Loire n’était pas vain. Après l’exemple cité ici le 23 janvier dernier, j’en apporte aujourd’hui une nouvelle illustration, plus personnelle cette fois.
« Encore avec ses vieux papiers », va-t-on me reprocher… Les généalogistes me comprendront, eux qui connaissent ces petits moments d’euphorie lorsqu’en feuilletant des liasses le regard se fige sur LE document tant espéré, cette pièce d’un puzzle jamais achevé qui manquait au récit de la vie d’un ancêtre.
La nouvelle rubrique des Dossiers vendéens, ouverte sur le site des Archives départementales du Maine-et-Loire, m’a offert ce plaisir indicible en me livrant plusieurs pages sur l’arrière-grand-père de mon arrière-grand-père, un certain Louis Delahaye. De sa vie je ne connaissais que ce que m’avaient apporté les registres paroissiaux et d’état civil. Né à Beaupréau en 1767, marié en 1795 et décédé en 1825, toujours à Beaupréau, cet humble laboureur avait traversé la Révolution et les Guerres de Vendée sans que je sache quel parti il avait pris à cette époque. En quelques clics la réponse s’est enfin affichée sur mon écran.
Deux Louis Delahaye me sont apparus. Le second était le bon : même date et lieu de naissance, mêmes parents. Des états de service impressionnants… « Il fut l’un des premiers à prendre les armes en 93 » lit-on sur une lettre signée des chefs de la division de Beaupréau, Louis Lhuillier, François Soyer et René Supiot. Il avait 25 ans en mars 1793. Probablement fut-il de ceux qui vinrent chercher M. d’Elbée à la Loge – ils étaient de la même paroisse, Saint-Martin. « Il s’est battu à Saint-Florent, Cholet, Chemillé, Beaupréau, Luçon, Martigné, Chantonnay… Il a passé la Loire avec l’armée vendéenne le 18 octobre 1793. » C’est alors qu’il fut gravement blessé à la main gauche, au combat de Laval. Un médecin et un chirurgien signent à leur tour un certificat médical détaillé.
Louis parvient à repasser la Loire, rejoint La Rochejaquelein et Stofflet, prend part à la bataille de Gesté contre les Colonnes infernales de Cordelier et de Crouzat. On n’en apprend pas plus sur ses faits d’armes après cette date. Un document ajoute que ses deux jeunes frères furent massacrés par les républicains, avec deux servantes et deux autres personnes à la ferme de l’Onglée, après le combat de Beaupréau. A ce tableau des malheurs figure l’inventaire des pertes qu’il a subies : trois bœufs et un troupeau de vingt moutons saisis par les Bleus, le mobilier et le linge incendiés, etc.
Je ne pouvais espérer plus beau portrait de cet aïeul qui « a toujours obéi aux ordres de ses chefs et montré dans toutes les occasions le courage et le dévouement d’un bon soldat ».
Nicolas Delahaye