La Vendée militaire compte peu de monuments à la gloire des républicains venus la combattre. Etrangement, les rares exemples commémorent des défaites retentissantes, comme à la Roche de Mûrs ou aux Fosses-Cady. L'un d'eux, moins calamiteux, se dresse pourtant aux marges du territoire insurgé, à Nueil-sur-Layon.
Elevé en 1895 au centre du bourg, l'obélisque fait face à l'église où une bande de Vendéens vint assiéger une poignée de patriotes, dont le maire, Nicolas Pilet. L'épisode se déroula le 27 avril 1794 (8 floréal an II). Certains historiens le situent au 4 mai suivant, date à laquelle les officiers municipaux écrivirent à Turreau pour rendre compte de ce combat :
« Le citoyen Pilet, maire de notre commune, à la vue des brigands qui voulaient dévaster notre commune et nous assassiner (1), s’est retiré dans notre clocher avec quatorze vrais républicains armés, et là il a sacrifié sa vie en combattant et en faisant promettre à ses concitoyens de plutôt mourir que d’abandonner leur poste.
« Les brigands ont incendié toutes les maisons de notre bourg et ont porté du bois tout autour de notre clocher pour y mettre le feu ; heureusement les généraux Boucret et Grignon (2) sont arrivés à temps pour délivrer ceux que la flamme allait réduire en cendres. » (3)
Turreau relatera aussitôt ce fait d’armes au Comité de Salut public, grossissant le chiffre des assaillants à sept ou huit cents « brigands » (4), et rendant un vibrant hommage au maire, seule victime de cet affrontement. Il oubliera toutefois de rappeler que les « braves » de Nueil auraient eu bien du mal à se défendre s’ils avaient obéi à son ordre de désarmer les communes patriotes frontalières du territoire insurgé.
Blessé à ce combat, le maire Nicolas Pilet fut transporté à Doué dans la maison du citoyen Moriceau où il mourut le 2 mai 1794. Il fut inhumé en grande pompe le lendemain (5).
Acte de décès de Nicolas Pilet, maire de Nueil-sur-Layon,
mort de ses blessures reçues au combat du 27 avril 1794 (A.D. 49)
Notes :
- En réalité, ils étaient venus récupérer un butin pris auparavant par les troupes républicaines.
- Les deux étaient à la tête des colonnes qui dévastaient la région encore à cette époque.
- Savary (J.-J.), Guerres des Vendéens et des Chouans contre la république française, t. III, pp. 460 et 463.
- Célestin Port, historien aux convictions républicaines affirmées, avancera même le chiffre de 8.000 Vendéens !
- A.D. 49, état civil de Doué-la-Fontaine, NMD 1793-An III, vue 149/201.