Le 19 décembre 1793 (29 frimaire an II) eut lieu sur la place du Bouffay l'un des épisodes les plus poignants de la Terreur à Nantes : l'exécution des quatre sœurs Vaz de Mello, dont la plus jeune n'avait que 17 ans. 

Les Demoiselles de la Métairie

Les révolutionnaires n'ont jamais fait grand cas des enfants qui tombaient en leur pouvoir. A une époque où l'errance des Vendéens sur la rive droite de la Loire alimentait les geôles nantaises de milliers de prisonniers, Carrier n'avait de cesse de s'en débarrasser au plus vite. La noyade lui en fournit le moyen, au Bouffay par exemple, dans la nuit du 14 au 15 décembre 1793. Mais le flux des captifs semblait ne jamais tarir.

Le 17 décembre, alors que la guillotine n'avait jusqu'à présent atteint que des condamnés du tribunal révolutionnaire, Carrier exigea qu'une vingtaine de jeunes gens y soit menée sur-le-champ. Phelippes, le président de ce tribunal, voulut y ajouter les formes d'un procès, même expéditif, notant que parmi les « accusés » figuraient quatre enfants de 13 ans à 14 ans. Carrier s'emporta, signa l'ordre d'exécution, et le bourreau fit son office. L'une des petites victimes demanda à ce dernier : « Me feras-tu bien du mal ? » Peut-être ébranlé par la naïveté de cette question, le bourreau ne l'installa pas correctement sur la planche de la guillotine et le couperet fendit le crâne de l'innocent au lieu de lui couper le cou.

Deux jours après, un nouveau convoi de 27 prisonniers subit le même sort. Parmi eux se trouvaient les quatre sœurs Vaz de Mello, Gabrielle (31 ans), Marguerite (29 ans), Claire (28 ans) et Olympe (17 ans), arrêtées à Nozay avec d'autres Vendéens. Filles d'André Alexandre Vaz de Mello et de Marie Madeleine Charette de La Verdière, elles vivaient au château de la Métairie, au Poiré-sur-Vie, avant que le Révolution ne les entraîne sur les chemins de Galerne. Carrier donna l'ordre de tous les exécuter, sans jugement et sans attendre.

Le Musée des Beaux-Arts de Nantes conserve une fameuse image de ce drame. Cette toile réalisée par J. Debay représente les quatre sœurs au pied de l'échafaud peint en rouge pour atténuer l'effet que la vue du sang pouvait provoquer sur la foule. Sous un ciel menaçant d'où se détache le beffroi du Bouffay, le bourreau, coiffé d'un bonnet phrygien comme ses assistants, jette du haut de sa plateforme un regard sur les jeunes femmes en prière. On rapporte qu'il mourut trois jours après, de chagrin et de remords.

Note – On m'a posé la question du lien de parenté unissant les sœurs Vaz de Mello au général Charette. Certains historiens en parlent comme de ses nièces. Après quelques recherches généalogiques, j'ai ouvert un topic sur le forum le Chêne et le Hibou pour en discuter.