L'exécution de Noël Pinot, curé du Louroux-Béconnais, le vendredi 21 février 1794, sur la place du Ralliement à Angers, est restée l'une des plus fortes images de la Révolution en Anjou. Son souvenir a tant marqué les contemporains, que nombre d'églises du diocèse ont reçu une statue, un vitrail ou une fresque représentant le martyre de ce prêtre.
Messe clandestine célébrée par l'abbé Noël Pinot
(par R.V. Livache, vers 1870, église Saint-Joseph d'Angers)
Noël Pinot est né à Angers le 19 décembre 1747. Ordonné prêtre en 1771, il est nommé vicaire à Bousse, en 1774 à Coutures, en 1776 à Corzé, avant de devenir aumônier de l'hôpital des Incurables d'Angers en 1781. Il y exercera avec un zèle admirable pendant plus de sept ans. « Ce saint ecclésiastique était connu pour tel de toute la ville », dira de lui l'abbé Gruget dans ses Mémoires.
En 1788, Noël Pinot est choisi pour la cure du Louroux-Béconnais. Après trois années de dévouement auprès de ses paroissiens, il refuse de prêter le serment constitutionnel, ce qu'il explique en chaire. La municipalité le dénonce. Arrêté le 5 mars 1791, il est enfermé à la prison de la Chartre à Angers. Le tribunal du district le condamne à deux ans de bannissement à huit lieues de sa paroisse. Il se retire alors à Corzé, mais son attitude ouvertement hostile à la Constitution civile du clergé l'oblige à se réfugier dans les Mauges, à Beaupréau. Refusant de se soumettre à l'arrêté du 1er février 1792 qui impose aux prêtres réfractaires de résider sous surveillance à Angers, il entre dans la clandestinité.
Il revient à Angers lorsque l'armée vendéenne s'empare de la ville en juin 1793, puis retourne au Louroux. Il y célèbre son ministère, toujours clandestinement, mais aussi dans toutes les paroisses environnantes, jusqu'au début de l'année 1794. Arrêté le 9 février au village de la Milandrie, il comparaît le lendemain devant le comité révolutionnaire d'Angers, puis le 21 devant la commission militaire qui le condamne à mort pour « conspiration envers la souveraineté du peuple ».
Le jour même, 3 ventôse an II (21 février 1794), Noël Pinot est conduit de la prison de la Chartre, par la rue Saint-Laud, jusqu'à la place du Ralliement où trône la guillotine. Vêtu de ses habits sacerdotaux, il monte à l'échafaud en récitant les premières prières de la messe : Introibo ad altare Dei… Son corps sera déposé dans le cimetière situé près de l'enclos de la Visitation.
Noël Pinot sera béatifié par le Pape Pie XI, le dimanche 31 octobre 1926. Sa fête se célèbre le 21 février.
Noël Pinot monte à l'échafaud le 21 février 1794
(par R.V. Livache, vers 1870, église Saint-Joseph d'Angers)
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