Le dernier livre de Jean-Camille Émeriau, P’tit Jean le Brigand, fait toujours l’actualité. On le trouve encore aujourd’hui dans les colonnes du Courrier de l’Ouest pour un bien triste anniversaire, celui du passage (un de plus) des Colonnes infernales chez Jean Allaire, le héros de ce récit historique et familial.
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« Les 16 et 17 mars 1794, resteront dans les annales de Drain et des environs, des jours de cruauté et de barbarie tels qu’on n’en a jamais connu auparavant et qu’on souhaite ne jamais voir revenir. Si, dans la forêt, la tuerie s’est faite assez rapidement, au fur et à mesure que les malheureux tombaient entre les mains des soldats, il n’en est pas de même dans les villages, où les habitants se sont laissés surprendre. Là, les massacreurs étaient moins pressés et le massacre a eu lieu avec les raffinements de la plus atroce barbarie. Aux villages de la Bruhère et de Beauregret, puis dans bien d’autres endroits, les Bleus, non contents d’égorger ou d’éventrer, s’amusèrent à griller leurs proies soit dans les fours à pain, soit dans les foyers des maisons, soit dehors sur des fagots, après avoir enveloppé leurs victimes dans de la paille. À la Maison-Neuve, Jeanne, l’épouse de René Julien, sur le point d’accoucher, est éventrée avant que le scélérat reparte avec l’enfant embroché sur sa baïonnette. À la Hardacière, plusieurs Bleus se jettent sur la belle Perrine Cartier. Chacun leur tour, ils assouvissent leurs envies sur le corps de la jeune fille qui crie de plus en plus fort. Las de l’entendre, l’un d’eux lui arrache la langue avec son couteau. La malheureuse, attachée au bout d’une corde, est emmenée par la coulée du ruisseau du loup jusqu’à la Turmelière. De là, la promenade patriotique la conduit jusqu’à Ancenis, où elle expire. Après s’être bien amusés avec leurs victimes, après s’être restaurés copieusement, après s’être empli les poches du peu d’argent qu’ils découvrent çà et là, et après avoir vidé les caves, ils repartent en vociférant les airs du temps, ne laissant derrière eux que des corps mutilés, ou calcinés dans les brasiers des maisons flambant encore…
« Les survivants horrifiés restent cachés, terrés ici ou là, n’osant sortir de leur cachette et de leur torpeur. Quelques jours plus tard, Nicolas Allaire, toujours à la recherche des trois fillettes, revient vers la forêt. Là, sous un arbre, une gamine pleure, le visage ensanglanté par son œil qui a dû être crevé lors du massacre. Pris de pitié, Nicolas la recueille et l’emmène avec lui. Sur le chemin, il rencontre une femme charitable de l’Odière, en Saint-Laurent-des-Autels, à qui il la confie. La petite fille inconnue y sera élevée, sous le nom de Mariette de l’Odière.
« L’abbé Saulny, caché dans les environs, devenu plus tard curé de la paroisse, dressera la liste des massacrés de Drain (suivent 11 pages de listes de victimes).
« En ces jours de mars, 110 personnes de Drain, 82 de Chantoceaux et autant de Liré ont été massacrées. Toute la région est décimée par ces bandes infernales… »
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