La presse belge s’est fait l’écho d’un contentieux entre Paris et Bruxelles autour d’un tableau volé à Tournai, que la République française entend bien ne pas restituer à ses légitimes propriétaires.

Triomphe de Judas MaccabeeLa délivrance des âmes du Purgatoire (à gauche)
et le Triomphe de Judas Maccabée (à droite)

deux chef-d'œuvres de Rubens volés par les révolutionnaires d'hier et d'aujourd'hui
 

La ministre de la Culture, Aurélie Philipetti, en a fait une priorité : il faut retrouver les ayants droit des biens spoliés pendant la Seconde Guerre mondiale pour les leur restituer. Sept œuvres d’art l’ont été l’année dernière, et la locataire de la rue de Valois a annoncé lors de ses vœux à la presse que trois autres tableaux seront rendus « dans les meilleurs délais ». En outre une vingtaine d’autres seraient « en passe d’être identifiés ».

Curieusement, Aurélie Philipetti ne témoigne pas du même zèle pour toutes les œuvres saisies de force et aujourd’hui confiées à la garde de nos musées. Elle a en effet rejeté une nouvelle demande des autorités belges qui réclamaient au ministre la restitution d’un tableau de Rubens, Le Triomphe de Judas Macchabée. Cette toile, commandée par l’évêque de Tournai en 1635, fut volée dans la cathédrale par des soldats français en 1794, lorsque les armées républicaines occupaient le territoire qui deviendra la Belgique. Elle fut ensuite déposée en 1804 au Musée des Beaux-Arts de Nantes, d’où elle ne sortira pas.

Les tractations ont pourtant été nombreuses du côté belge pour réparer cette spoliation. La dernière en date, qui comptait peut-être sur l’empressement de la ministre française de la Culture à restituer les œuvres d’art indûment acquises, s’est heurté à un refus intransigeant : la France ne rendra pas le tableau ! La citoyenne Philipetti a fait valoir, pour justifier sa décision, d’un accord passé en 1815, afin de régler la question des biens volés pendant la période révolutionnaire et impériale. Le pendant de l’œuvre de Rubens, La délivrance des âmes du Purgatoire, reprit ainsi le chemin de Tournai, tandis que Le Triomphe de Judas Macchabée resta en France.

On considère d’autre part que la restitution des biens pillés par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale et les accords passés entre les Alliés à ce sujet, ont réglé une bonne fois pour toutes les contentieux qui pouvaient exister précédemment.

Les Belges ont alors proposé d’organiser, en partenariat avec leurs homologues français, des expositions temporaires de l’œuvre complète de Rubens, à Tournai et à Nantes. Nouveau refus : les déplacements mettraient en péril ces grandes toiles. Il ne leur reste plus qu’à entreprendre le voyage dans la cité des Ducs de Bretagne pour admirer ce chef-d’œuvre. Qu’ils en profitent pour faire un tour en Vendée, histoire de voir d’autres méfaits que les soldats de la Révolution ont commis ici aussi.