Les Archives départementales de la Mayenne ont développé une rubrique originale intitulée « Mentions et actes curieux trouvés dans les registres paroissiaux et d’état civil ». Les généalogistes friands d’anecdotes s’y régaleront de naissance inhabituelles, de mariages étranges, de morts violentes dues aux loups ou aux Chouans. Et dans ce dernier cas, les exemples ne manquent pas, même si les Bleus ne sont jamais bien loin…

Tue par les Chouans« Chouans, Choans ou Coans », la mairie d'Astillé en perd son latin
 

Répartis sur tout le territoire de la Mayenne, cet ensemble d’actes curieux recueillis par des généalogistes montre que les registres paroissiaux et d’état civil permettent d’aller beaucoup plus loin que la seule reconstitution de liens filiatifs, en fournissant des matériaux utiles à l’histoire locale.

La rubrique « Morts violentes ou tragiques » nous intéresse particulièrement pour son dernier chapitre dédié aux « Troubles de la Révolution ». On y relève quelques mentions de « tués par les Chouans », bien que toutes n’y figurent pas. En consultant le classement par communes, on trouve en effet à Astillé (entre Laval et Craon) pas moins de 11 actes de décès constatant des morts violentes provoquées par des Chouans ou par des soldats républicains entre 1794 et 1796 :

– Le 22 floréal an II (11 mai 1794), Louis Rassin a « été massacré par les Chouans à la porte de sa maison cy à la Geslinière sur les huits heures du matin » ;

– Le 2 thermidor an II (20 juillet 1794, une semaine avant la mort de Robespierre), René Quairuau, maire d’Astillé, a « etté tué d'un coup de fusil par les choans dant un vergé depandant de la closerie de la Ruchevre près ce bourg » ;

– Le même jour, Mathurin Marais « est mors de ce jour ayant etté tué d’un coup de fusis par les Coans » ;

– Le 28 thermidor an II (15 août 1794), René Madelain Salliot est mort « ayant etté massacré par les choans dan une piesse de terre nommée l’Euche de la Bodardière de Poncé sur les dix heures du soir » ;

– Le même jour, Louis Pieau est mort « au soir sur les onze heures ayant esté tué d'un coup de fusi par les choans au devant de sa porte sur les onze heu[res] du soir » ;

– Le 5 fructidor an II (22 août 1794), Michel Chopin a « etés tué de deux coups de fusil par les Chouans devant la porte de sa maison au milieu de son etrage sur les onze heures du soir » ;

– Le 8 fructidor an II (25 août 1794), René Paillard est mort « ayant été tué d'un coup de fusil par les chouans proche la loge dans l'etrage du lieu de la Sagerie son domicile sur les onze heures du soir ».

Pour ces dernières exécutions, les Chouans font preuve d’une régularité d’horloger !
Fin 1794, les actes substituent le mot « Chouans » par ceux de « brigands » ou « scélérats » :

– Le 18 vendémaire an III (9 octobre 1794), « Guilleaume La Baste est mort de cette nuit vers les huit heures du soir, ayant été entrainé de la maison de maître de la Bréonnière ditte commune d'Astillé par une troupe de Chouans dans une breche d'une des pièces de terre de la Haimeriaye sur le bord du chemin proche la Rocherie, où il a été massacré » ;

– La mort de son épouse est constatée le même jour : « Jeanne Bertron femme Guilleaume La Baste est morte de cette nuit vers les huit heures du soir dans la maison de maître de la Bréonnière ditte commune d'Astillé, où elle a été massacré par une troupe de Chouans [mot rayé] Brigands » (ci-dessous) ;

Chouans Brigands

– Dans la nuit du 27 au 28 vendémaire an III (18 au 19 octobre 1794), Julien Girault est mort « vers une heure après minuit, ayant eté
 massacré par une horde de scelerat dans un champ » ;

En 1796, c’est au tour de « la troupe républicaine » de se signaler par deux meurtres à Astillé :

– Jean Raimbault est tué « le vingt trois nivose dernier [an IV, 13 janvier 1796] vers les trois heures après midy d'un coup de fusil reçu dans la maison dudit lieu et metairie de Courcelle par la troupe republicaine s'en revenant de Laval à Cossé » ;

– Alexandre Marie Louis Bigemont « tué le mardy sept floréal dernier [26 avril 1796] environ midy par une troupe republicaine dans une piece de terre du lieu de la Corneillerie a la citoyenne Devalleaux sittuée ditte commune d'Astillé, et qu'il avoit p[our] marque de sa mort un coup de fusil au bras gauche deux coups de bayonnette dans l'estomach, un coup de fusil dans le deriere de la tête et la cervelle au vent, qu'il l’a dit etre d'un coup de crosse d[e] fusil ».


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