Le soleil était au rendez-vous ce dimanche. Dans un bocage baigné d’une belle lumière d’automne, je me suis tracé un nouvel itinéraire de randonnée au bord du Petit-Lay, entre Les Herbiers et Saint-Paul-en-Pareds.

Chapelle du BoistissandeauLa chapelle du Bois-Tissandeau et le vitrail du massacre de Mme de Hillerin
 

Point de départ de cette marche, le Boistissandeau offre un agréable cadre aux promeneurs au fil de sa (très) longue allée cavalière bordée de hêtres et de charmes, ou dans le bois qui la jouxte. Si le château aujourd’hui transformé en maison d’accueil pour personnes handicapées reste difficilement accessible au tout-venant, la chapelle est quant à elle ouverte tous les jours de 10h à 17h. C’est heureux, pour admirer l’ensemble de verrières réalisées par Roger Degas dans les années 50. On notera, sur la droite en entrant, la scène représentant le martyre de Madame de Hillerin et de ses deux filles, massacrées par les soldats républicains le 31 janvier 1794. Une plaque posée en 1924 dans la cour d’honneur commémore cet épisode tragique des Colonnes infernales.
 

Saint-Paul-en-ParedsItinéraire de la randonnée
Fichier PDF : Randonnee Saint-Paul-en-Pareds.pdf 

Tournant le dos au château, j’ai entamé ma promenade en empruntant sur la droite le sentier jusqu’à la ferme de la Comaillère, puis rejoint le GR Pays de Sèvre et Maine passant par la Chabossière. Mon itinéraire quitta alors la route pour un chemin de terre bordé de hauts talus et descendant jusqu’au Petit-Lay. En franchissant la rivière, je passai de la commune des Herbiers (anciennement d’Ardelay) à celle de Saint-Paul-en-Pareds. De là commence la partie la plus pittoresque du parcours. Le chemin creux longe à distance le cours du Petit-Lay, passe devant une masure en ruine, avant de remonter le coteau jusqu’à la route menant du bourg de Saint-Paul au hameau des Noyers.
 

Le Petit LayLe pont sur le Petit-Lay (n°1 sur la carte)

Saint-Paul-en-Pareds 1En remontant vers Saint-Paul

Saint-Paul-en-Pareds 2Une masure en ruine...

Saint-Paul-en-Pareds 3... au bord du chemin
 

Mon parcours dévoile à l’ouest un large panorama sur le Mont des Alouettes et les collines qui le prolonge vers l’est. Au loin, au bout de mon chemin, se détache sur les hauteurs la masse de granit du manoir des Noyers soulignée par l’horizon boisé des Jarries. Cette belle demeure du XVe siècle passa par mariage à la famille Jousbert du Landreau peu avant la Révolution.
 

Saint-Paul-en-Pareds 4Vue sur le Mont des Alouettes

Saint-Paul-en-Pareds 5La croix de la famille Deslandes (n°2 rue la carte)
  

Ce nom est demeuré célèbre dans les chroniques vendéennes grâce à Marie Eugène de Jousbert, plus connu en tant que « chevalier du Landreau ». Ce dernier naquit le 5 novembre 1787 au Landreau, sis au pied du Mont des Alouettes. Après la vente de ce château comme bien national, et son incendie par les Colonnes infernales, notre héros vint s’établir aux Noyers. Passionné de chevaux, il fut enrôlé en 1813 dans un des régiments de gardes d’honneur de Napoléon. Un dénommé Louis Deslandes, originaire de la Coudrinière, un village voisin, était lui aussi entraîné dans la même aventure. Les deux hommes deviendront frères d’armes lors des dernières campagnes de l’Empire. Rentré en Vendée, le chevalier du Landreau se plaça sous les ordres de Sapinaud. Surnommé « la Terreur des Bleus », il recruta à ses frais des combattants, « les Cosaques du Landreau », qui semèrent l’effroi dans le camp bonapartiste au cours de la guerre de 1815. Après une brève équipée en Espagne en 1824, il revint aux Noyers. Il y mourut le 16 mai 1853, mais fut inhumé au Landreau, le domaine familial qu’il avait racheté trois ans auparavant.
 

Les Noyers 2Le vieux manoir des Noyers

Les Noyers 3L'entrée des Noyers

Les Noyers 4Les Noyers vus de la route
  

Je suis revenu sur mes pas jusqu’à la croix de la famille Deslandes, à l’entrée du chemin de la Coudrinière, que j’ai suivi jusqu’à l’Angebaudière, avant de gagner Saint-Paul-en-Pareds. L’église se situe de ce côté à l’entrée du bourg, et non en son centre. Cette particularité est expliquée par une légende fameuse. On raconte en effet que, lors de la construction du sanctuaire, les pierres disparaissaient durant la nuit pour réapparaître à un kilomètre au nord-est du village. Les maçons s’entêtèrent quelques jours, puis finirent par s’embusquer près du chantier. Ils virent alors une bande de farfadets emporter les pierres qu’ils chargeaient dans leurs hottes. Renonçant à leur projet, les ouvriers laissèrent finalement les petits êtres bâtir l’église là où ils l’avaient choisi. D’autres versions de la légende mentionnent également la fée Mélusine comme auteur de cette construction.
 

Saint-Paul-en-Pareds 6L'église de Saint-Paul-en-Pareds
 

Descendant la rue de l’Église et la rue Yves Ramoz, je me suis retrouvé face au château de Saint-Paul. Devant cette bâtisse se dresse une croix portant sur son socle une plaque apposée en 1997 par le Souvenir Vendéen. Ce monument commémore un massacre perpétré par la colonne infernale du général Grignon, le 31 janvier 1794. Ce jour-là les Bleus enfermèrent 72 personnes, des femmes, des vieillards et des enfants dans la cour du château. Ils les firent manger et boire, leur ordonnèrent de danser, avant de tous les fusiller. Funeste journée où les soldats de la République se signalèrent par d’autres massacres comme au Boistissandeau cité plus haut, ou encore au Parc-Soubise…
 

Saint-Paul-en-Pareds 7La croix du massacre, devant le château

Saint-Paul-en-Pareds Souvenir VendeenLa plaque du Souvenir Vendéen
  

Reprenant la route des Herbiers, j’ai franchi le Petit-Lay une seconde fois, sur deux ponts bien plus importants qu’à mon premier passage, et enfin regagné le Boistissandeau en gravissant une dernière (et interminable) côte.
  

Saint-Paul-en-Pareds 8Des ânes au bord du Petit-Lay, à la sortie de Saint-Paul

Le BoistissandeauLe Boistissandeau dans le soleil couchant