Il y a presque trente ans, les Vendéens ont vu Charette reprendre chair dans une pièce de théâtre de Marcel Jullian : « Monsieur de Charette a dit ». Jean-Pierre Savinaud, l’interprête du rôle-titre, qu'Anne Bernet trouvait « extraordinaire de ressemblance avec le héros », en a gardé un souvenir enthousiaste.
Jean-Pierre Savinaud dans le rôle de Charette en 1986
Un échange avec une lectrice de ce blog m’a permis de lier connaissance avec celui qui entra, en 1986, dans la peau de Charette, « un personnage attachant, sincère, passionné, fidèle à son idéal. C’est devenu mon rôle fétiche ; d’autant qu’on m’a dit que je lui ressemblais », ajoute Jean-Pierre Savinaud. Il est vrai que cela saute aux yeux. « T’as la gueule de Charette ! » lui lançait encore Marcel Jullian. Ce dernier ne pouvait rêver meilleur acteur pour incarner le héros.
Donnée par le Théâtre des Pays de la Loire, une troupe dirigée par Jean Guichard, cette pièce de théâtre connut sa première représentation le 1er juillet 1986 à Montaigu, précisément dans le parc des Rochettes qui fut jadis – ironie de l’histoire relevée par Jean Lagniau – la propriété du sinistre conventionnel vendéen Fayau, celui-là même qui appelait en 1793 à l’anéantissement de la Vendée. 400 personnes vinrent applaudir l’épopée de Charette.
L'exécution de Charette, le 29 mars 1796
Pendant plus d’un mois, jusqu’au 8 août 1986 au Lion-d’Angers, une trentaine de représentations fut donnée devant des milliers de spectateurs à travers toute la région, des Sables-d’Olonne à Château-Gontier, de La Flèche à Noirmoutier. Aux Nuits de la Mayenne on refusa du monde, tandis qu’à Challans « 300 personnes n’ont pu trouver place ». Marcel Jullian traduisit parfaitement cet engouement du public : « On peut bien avoir déplacé le petit monument sur la place de Nantes où il a été fusillé, on ne change pas pour autant la place de Charette dans l’inconscient collectif des Pays de l’Ouest. L’homme reste vivant comme la Fidélité elle-même… »
« Concentrer en deux heures, sur l’espace réduit d’une scène, par le jeu d’une poignée d’acteurs, trois ans d’épopée, de larmes et de sang tient presque du prodige », s’émerveille Anne Bernet dans le compte rendu qu’elle fit de cette pièce. Elle nota même un signe du ciel lorsqu’à l’évocation du traité de la Jaunaye, « les drapeaux royalistes mieux orientés se déployèrent splendides sur le ciel, tandis que ceux des Bleus pendaient, lamentables ».
Marcel Jullian se garda cependant de tout esprit partisan pour rendre hommage aux Blancs et aux Bleus. « Ils étaient la jeunesse la plus vaillante de leur temps et il a fallu qu’ils s’entretuent férocement. » L’auteur ajoute : « J’ai tenté, de mon mieux, de les faire revivre, dans les chemins creux, au hasard des caches, dans les nuits de bal avant l’assaut et dans les âpres combats de l’aube océane… » Le public sut le récompenser pour ce spectacle poignant de vérité, par ses applaudissements nourris et ses nombreux rappels.
Jean-Pierre Savinaud revint en Vendée en 2011. Son personnage de 1986 devait le hanter, car il participa à la visite théâtralisée du Logis de la Chabotterie, dans la cuisine où Charette fut conduit après sa capture le 23 mars 1796. Il endossa toutefois le rôle d’un garde-chasse et non celui du « Roi de la Vendée ». Les années avaient passé et Charette ne peut être qu’éternellement jeune.
L'affiche de la pièce de Marcel Jullian, avec un Charette plus vrai que nature
interprété par Jean-Pierre Savinaud
ha si on pouvait remonter le temps .......
Existe il une vidéo de cette pièce SVP ?