J'ai annoncé le 28 août dernier une visite guidée organisée à Pontivy sur le thème de la Chouannerie. Ouest-France en a publié un compte-rendu détaillé. De la colonne de la Fédération bretonne-angevine à la porte de Carhaix en passant par la place du Martray, la rue de Lourmel et le château des Rohan, les visiteurs ont découvert une page d’histoire locale.
Depuis le château des Rohan, les Révolutionnaires tiraient à coups de fusil
et de canon sur des paysans inexpérimentés et peu équipés
Marcher dans les traces des Chouans à Pontivy. C’est ce qu’a entrepris, hier matin, une poignée de visiteurs dans le sillage de Benoît Gouriou, guide à l’Office du Tourisme de Pontivy Communauté. Ils ont ainsi fait un bond de plus de 200 ans en plein cœur des Chouanneries, cette guerre civile longue de 10 ans opposant républicains aux royalistes dans l’Ouest de la France, et notamment dans la région pontivyenne, pendant la Révolution.
Première escale de cette visite, au pied de la colonne de la Fédération bretonne-angevine, dans le square face à l’église Notre-Dame-de-Joie. « En 1790, la fédération se rassemble à Pontivy dans l’église et signe un pacte d’union par lequel elle affirme défendre la constitution de l’État et les décrets de l’Assemblée nationale et renoncer à tous privilèges locaux et particuliers », résume le guide face à ce pacte gravé en lettres d’or sur le monument. Mais alors que l’enthousiasme semble collectif, cela va vite tourner à la lutte armée.
Le feu aux poudres…
« En 1793, les paysans du secteur prennent les armes contre les républicains ». Pourquoi ? « Pour des raisons économiques puisque les Bretons, ayant renoncé à leurs privilèges, doivent à présent payer deux à trois fois plus d’impôts, mais également pour des raisons religieuses, suite à la constitutionnalisation du clergé. Les prêtres réfractaires étaient assassinés, déportés, ce qui choquait la population. Les raisons étaient aussi politiques, la Révolution étant devenue anti-royaliste », détaille Benoît Gouriou.
« En février 1793, la France a déclaré la guerre aux monarchies d’Europe. L’armée révolutionnaire lance un tirage au sort dans les villages pour recruter 300 000 hommes. Mais les jeunes bourgeois désignés payaient pour se faire remplacer et ce sont les paysans qui étaient appelés », indique le guide sur la place du Martray.
Pontivy encerclée
Troisième étape de la visite, rue de Lourmel. « Le 13 mars 1793, une émeute éclate à Pluméliau lors d’une séance de recrutement », alors que quelques jours avant, elle s’était déroulée sans encombre à Pontivy, une ville acquise à la cause de la Révolution.
Deux jours plus tard, 5 000 à 6 000 paysans des campagnes environnantes encerclent Pontivy. « Le maire de Malguénac avait été envoyé pour rencontrer les autorités révolutionnaires et exiger l’annulation du tirage au sort. En vain… Ils se divisent donc en trois colonnes et à 14 h 45, ils attaquent par la rue de Lourmel » (près de l’ancien cinéma). Face à eux 300 à 500 hommes armés prêts à défendre la République se positionnent aux portes de la ville, s’appuient sur le château des Rohan, quatrième étape de cette visite. « Ils parviennent à faire reculer des paysans inexpérimentés. »
À quelques mètres de là, porte de Carhaix, (près de l’ancien hôpital), la bataille fait rage. « Les paysans reculent puis contre-attaquent avant d’être repoussés par les révolutionnaires. Et alors que la situation semblait bloquée, une colonne en provenance de Loudéac va prendre les Chouans à revers. » Fin de la bataille pontivyenne. Bilan : 21 morts du côté des révolutionnaires et une centaine chez les paysans dont une dizaine a été guillotinée place du Martray. Une place que les visiteurs ne verront probablement plus de la même manière…
Source : Ouest-France, édition de Pontivy, dimanche 30 août 2015