Je m’étais promis de ne pas intervenir dans la querelle d’héritage qui agite le landerneau vendéen quant au devenir des ossements mis au jour dans les charniers du Mans. Mais l’invraisemblance de certains projets m’a convaincu de rappeler une évidence historique : si la création d’un ossuaire n’est, hélas, pas envisageable au Mans, un seul lieu s’impose en Vendée Militaire pour recueillir ces victimes de la Virée de Galerne : Saint-Florent-le-Vieil !
Le passage de la Loire à Saint-Florent-le-Vieil, le 18 octobre 1793,
inaugure la tragique campagne des Vendéens au-delà de la Loire
Toute personne un temps soit peu sensibilisée à l’histoire des Guerres de Vendée – à plus forte raison si ses racines familiales plongent dans ces Mauges qui forgèrent le fer de lance de la Grande Armée catholique et royale – ne peut décemment concevoir que les dépouilles des Vendéens massacrés au Mans le 13 décembre 1793 échouent dans les rayonnages d’un musée ou hors de la terre de leurs aïeux.
Un des plus éminents représentants des associations vendéennes, avec lequel j’ai eu le plaisir de converser hier, m’a exposé sa conviction – qui rejoint la mienne – sur le lieu idéal pour déposer ces vénérables reliques : l’église abbatiale de Saint-Florent-le-Vieil. Trois arguments imparables soutiennent cette évidence.
Le premier est lié à l’origine géographique des Vendéens qui participèrent à la campagne d’Outre-Loire. D’après les relevés établis par Pierre Gréau, spécialiste de la Virée de Galerne, les deux tiers des combattants et des civils qui les accompagnaient venaient de la Vendée Angevine. Même si ces relevés sont incomplets, la proportion est clairement soulignée par tous les historiens de la Vendée.
Le deuxième s’attache au lieu lui-même : Saint-Florent-le-Vieil fut le théâtre d’un des épisodes les plus célèbres et dramatiques des Guerres de Vendée : le passage de la Loire. C’est en effet ici que commença la Virée de Galerne ; ici que les hommes, les femmes et les enfants, dont la vie s’acheva tragiquement dans les rues du Mans, franchirent le fleuve le 18 octobre 1793.
Le troisième argument avancé est lié au symbole que représenterait la sépulture de ces victimes vendéennes à l’ombre du bras de Bonchamps, dont le geste de grâce a immortalisé le bien-fondé du combat des Vendéens – et dont les fameuses Compagnies bretonnes font le lien avec les combattants de la Chouannerie présents à la bataille du Mans.
On peut avancer un quatrième argument, plus prosaïque, pour ajouter qu’un tel projet serait le moins onéreux et certainement le plus sûr pour le repos de nos glorieux ancêtres.
Nicolas Delahaye