Président d’honneur du Souvenir Vendéen, Jehan de Dreuzy s’exprime sur le devenir des restes humains exhumés au Mans en 2009, soulignant l’importance historique et symbolique de Saint-Florent-le-Vieil comme lieu d’accueil pour les restes des victimes de cette grande bataille des Guerres de Vendée.

Saint Florent le VieilLe tombeau de Bonchamps dans l'église de Saint-Florent-le-Vieil
  

L’inhumation des restes humains des 154 Vendéens, dont 32 femmes et 23 enfants, massacrés au Mans en décembre 1793, présente un certain nombre de facettes influençant les solutions proposées par les associations mémorielles. De fait elles diffèrent en fonction de la prééminence qu’elles accordent à certains aspects plus qu’à d’autres de ce sujet délicat.

Le rapport de l’éminent historien Alain Gérard sur les différents sites proposés éclaire fort à propos les critères qui doivent prédominer dans cette recherche.

S’attachant à écarter en priorité le redoutable danger de la politisation autour de ces victimes d’une répression gouvernementale particulièrement brutale (elles portent toutes les traces de mort violente, par armes blanches surtout), Alain Gérard donne sagement préférence à la solution de réconciliation entre traditions opposées et polémiques qui divisent encore indulgents et adversaires de ces tueries.

Le passage de la Loire a Saint Florent 1793Le passage de la Loire à Saint-Florent-le-Vieil, le 18 octobre 1793, inaugure la tragique Virée de Galerne qui s'achèvera au Mans pour des milliers de Vendéens
  

L'antérioté de Saint-Florent-le-Vieil, « stupéfiante et admirable »

Le haut lieu des Guerres de Vendée qu’est Saint-Florent-le-Vieil est déjà programmé pour cette mission pacificatrice. Il recèle les restes du général de Bonchamps, éclair de lumière humaine dans ce sombre déchaînement de violences inhumaines, en graciant 5.000 prisonniers incendiaires et massacreurs. Leurs morts, la foule la réclamait, la logique militaire l’imposait, pourtant le pardon du chef vénéré fut obéi.

L’idée d’associer dans un même lieu l’auteur de cet exceptionnel geste de réconciliation avec les victimes et aussi avec des corps possibles de leurs ennemis républicains est riche de symbole et d’espoir d’en terminer avec les divisions françaises au sujet des Guerres de Vendée. En tout cas, la certitude d’un pas vers l’union.

Ce lieu, l’abbatiale est d’autant plus indiqué qu’un premier pas vers la réconciliation y est splendidement matérialisé dans la pierre par le geste de David d’Angers réalisant le tombeau de Bonchamps en 1825, il y a deux siècles.

Cette antériorité dans l’effort de paix à Saint-Florent est stupéfiante et admirable : le petit David d’Angers, 5 ans, est parti à la guerre avec son père contre les « brigands » vendéens, « pour qu’il puisse manger » dit sa mère. Perdu sur le champ de bataille de Saumur, recueilli au milieu des morts et des blessés par une famille (réconciliante !) de l’armée vendéenne, il se trouve à Saint-Florent prêt à s’embarquer pour la Virée de Galerne. Son père, prisonnier gracié par Bonchamps, le retrouve miraculeusement dans la foule et le sauve d’une mort probable au Mans précisément, ou à Savenay.

David d’Angers, républicain, franc-maçon, violemment anticlérical, se propose et réalise le tombeau de son sauveur royaliste et chrétien. Nul doute que cette antériorité, unique en Vendée Militaire, guidera le choix vers Saint-Florent.

Notons en outre que c’est également à Saint-Florent que s’accomplit un autre geste de paix : les accords entre Stofflet et son état-major avec les députés représentant la Convention pour mettre fin aux massacres en mai 1795 (traité de l’Ouvrinière).

Le maire délégué de Saint-Florent, André Retailleau, et le clergé s’orientent vers une localisation des 154 dépouilles dans la chapelle latérale de l’abbatiale située tout de suite à gauche de l’entrée du monument.

Cette solution est préférée à la crypte inaccessible aux handicapés, dont la situation sous le chœur risquerait plus de perturber les activités paroissiales que la chapelle jouxtant l’entrée.

Jehan de Dreuzy
Président d'honneur du Souvenir Vendéen