La cathédrale de Nantes compte parmi les innombrables monuments victimes du vandalisme révolutionnaire. En juillet 1796, on proposa même de l’éventrer pour y faire passer une rue !

Cathedrale de Nantes  
Les révolutionnaires avaient déjà dévasté le mobilier de la cathédrale, les autels sculptés, les tableaux, les châsses et tous les ornements qui furent brisés ou fondus. Les peintures murales et les blasons furent grattés, puis badigeonnés ; les tombeaux des évêques, profanés.

Pour achever la dévastation du monument, on en fit un arsenal et une écurie. Enfin, le 21 mai 1794, l’administration départementale ordonna que « la ci-devant église soit affectée à la célébration des fêtes publiques et que le jeu d’orgue serait conservé pour servir à la même destination ; qu’en conséquence la municipalité de Nantes était chargée de prendre des mesures pour l’évacuation des chevaux et autres objets appartenant à l’armée ».

En 1795, à la suite d’une fête qui avait causé un certain désordre, la cathédrale fut de nouveau affectée au service militaire.

Démolir la cathédrale pour faire passer une rue

En juillet 1796, un fervent révolutionnaire nommé Fleury proposa de faire l’acquisition du monument pour le démolir, afin de relier directement la maison de Département (actuelle Préfecture) jusqu’à la rue Brutus (actuelle rue Prémion) aux abords du château des Ducs. Fort heureusement, l’ingénieur en chef des Ponts et Chaussées, Julien Groleau, s’opposa à cette proposition, en mettant en avant la valeur architecturale et artistique de la cathédrale, le coût de sa démolition et surtout l’utilité de l’observatoire placé au sommet des tours – position qui s’avéra utile aux républicains lors de l’attaque de la ville par les Vendéens, le 29 juin 1793.

Dégradée par les pieds des chevaux et le roulement des canons, ébranlée par suite de l’explosion de la poudrière du château le 25 mai 1800, délabrée par le manque d’entretien, la cathédrale de Nantes était une menace pour les propriétaires voisins qui adressèrent, en 1801, une pétition au préfet, que celui-ci renvoya à la municipalité. Cette dernière répondit que « ce bâtiment est tellement en désordre et ruiné qu’il ne peut servir à rien à la commune, c’est donc au domaine à prendre tous les moyens pour prévenir de plus grandes dégradations s’il est intéressant de le conserver. » En conséquence de cette décision, le monument resta affecté au service de l’artillerie et aucune réparation n’y fut faite.

Après la proclamation du 25 avril 1802, par laquelle Bonaparte rétablissait la religion catholique, la cathédrale fut rendue au culte. Le 14 août, à sept heures du soir, eut lieu la première cérémonie au bruit du canon et au son des quelques cloches que renfermait encore le clocher avant 1793.

D’après A. Broquelet, Nos cathédrales, Paris, Lib. Garnier Frères, pp. 268-277