Les Amis du Pont-Paillat recevaient hier la Troupe des Cœurs de Chouans pour une visite commentée de plusieurs hauts lieux des Guerres de Vendée, de Chanzeaux au Pont-Barré, en passant par le Coteau des Martyrs. Cette rencontre chaleureuse s’est poursuivie jusque tard le soir, à la bien nommée « Auberge des Brigands ».
Photo souvenir à l'auberge de la Croix-Blanche
où Charette fit étape le 25 mars 1796
Les dernières sorties des Amis du Pont-Paillat ont mis les Mauges à l’honneur : on les a vus au mois de mai près de l’abbaye de Bellefontaine, dans le « Chemin des Canons » et à Beaupréau ; puis le 14 juillet, au moulin de la Colle sur les coteaux de La Renaudière, à la Chapelle des Martyrs de Saint-Laurent-des-Autels et en forêt de Leppo. Ils sont revenus hier dans un autre coin de cette Vendée Angevine si riche en vestiges de la Grande Guerre, à Chanzeaux et Saint-Lambert-du-Lattay.
Chanzeaux, paroisse martyre
L’accueil était organisé devant l’église de Chanzeaux, avec le traditionnel café-brioche (et même crêpes fourrées !) servie par Jacqueline, une cantinière d’une redoutable efficacité. Elle a d’ailleurs accru la réserve de café pour faire face au nombre de participants qui ne cesse de croître, grâce notamment à la venue d’une bonne partie de la Troupe des Cœurs de Chouans, pour laquelle ce programme de visites avait été concocté.
Menés par Richard Lueil, l’animateur du blog Chemins Secrets, les participants ont découvert avec étonnement, dans cette église, l’abondance de souvenirs des Guerres de Vendée, entre les vitraux anciens représentant des scènes de l’histoire de Chanzeaux, comme le combat du clocher (9 avril 1795) ou la communion du Pré Fruchaud (1799), et ceux de facture plus moderne chargés de portraits des généraux vendéens et de symboles de l’insurrection. Beaucoup ont été saisis d’émotion devant les grandes fresques de Livache illustrant le massacre de Chanzéens – essentiellement des femmes – par les soldats de la colonne infernale de Crouzat, le 25 janvier 1794. D’autres éléments du décor, moins connus, ont complété cette première étape qui aura profondément marqué les visiteurs.
Au sortir de l’église, le groupe s’est dirigé vers le vieux clocher qui fut le théâtre du combat du 9 avril 1795, avant de descendre vers le château, par la rue du Salve Regina qu’empruntèrent les victimes du massacre du 25 janvier 1794. Restauré et agrandi au XIXe siècle dans un style néogothique typique de l’architecte angevin René Hodé, l’édifice conserve d’intéressants souvenirs liés à la personnalité de son ancien propriétaire, le comte Théodore de Quatrebarbes, qui fit tant pour sauvegarder la mémoire vendéenne (1). On peut voir à proximité, du côté de la rivière de l’Hyrôme, un petit pont près duquel les soldats de Crouzat exécutèrent leurs prisonniers.
Saint-Lambert-du-Lattay,
le Coteau des Martyrs, l'auberge de la Croix-Blanche
De retour devant l’église, tout le monde a embarqué dans les voitures à destination de Saint-Lambert-du-Lattay, pour le pique-nique prévu près du Musée de la Vigne et du Vin. Après ce joyeux déjeuner ponctué de chansons vendéennes, le cortège s’est rendu à pied à l’auberge de la Croix-Blanche, dont j’ai raconté l’histoire ici. Au vu de sa façade décrépite, le bâtiment semblait abandonné. Et pourtant un monsieur a gentiment ouvert sa porte pour inviter les curieux à découvrir cette auberge où Charette fit un arrêt le 25 mars 1796. Tous les participants se sont alors rassemblés pour une photo souvenir.
Devant tant d’hospitalité, il a fallu du temps avant que tout le groupe regagne les voitures sur le parking du Musée pour la prochaine étape : le Coteau des Martyrs. J’ai là encore présenté ici l’histoire de ce lieu retiré dans la vallée de l’Hyrôme et le souvenir des massacres perpétrés par les Colonnes infernales. Partant du bord de la rivière, les chemins dessinent un cœur vendéen à flanc de coteau, et se rejoignent au sommet d’abord devant une chapelle, puis plus haut près d’un grand calvaire qui évoque le drame de 1794. Bercé par le bruit de l’eau et le vent dans les arbres, l’endroit est paisible, propice au recueillement… et peuplé en ce jour de Vendéens en armes qui en gravissaient tous les sentiers.
L’étape suivante était consacrée à la célèbre bataille du Pont-Barré (19 septembre 1793), à commencer par le pont lui-même, sur lequel se dresse un monument érigé par le Souvenir Vendéen en 1981 : une superbe croix en fer forgé, frappée d’un cœur et de fleurs de lys, sur un piédestal de granit sculpté d’un Vendéen au-dessus d’une plaque commémorative. Au terme de l’évocation des combats qui se déroulèrent dans ce cadre – et après la traditionnelle photo souvenir sur le pont, qui pour une fois n’est pas « Paillat » – les participants ont pris la route de la forêt de Beaulieu, sur l’autre rive du Layon, pour se rendre aux Fosses-Cady. C’est ici que furent inhumés plus d’un millier de soldats républicains tombés à la bataille du Pont-Barré. On distingue sans peine l’empreinte de ces fosses communes dans le sol au milieu des arbres. Le propriétaire du château voisin nous a accompagnés lors de cette visite, attiré comme beaucoup de personnes sur notre passage, par les costumes des Cœurs de Chouans.
Le programme a pris fin ici. Cependant, une vingtaine de personnes ont prolongé la journée par un dîner chez Jean-Camille Émeriau, à l’Auberge des Brigands. Il fallait pour cela traverser toutes les Mauges par Chemillé et Beaupréau, mais le jeu en vaut la chandelle quand on connaît les talents culinaires du chef et l’amabilité de son accueil.
Les convives se sont séparés à la nuit tombée, en promettant de se revoir bientôt pour de nouvelles aventures.
(1) À lire, de cet auteur : Une paroisse vendéenne sous la Terreur
Lien vers le site de la Troupe des Cœurs de Chouans
Quelques photos de la journée :
Présentation de Chanzeaux par Richard Lueil, devant l'église
Nadine, bien connue pour son blog de La Maraîchine normande
Les généraux vendéens dans les vitraux de l'église
Une évidence, pour ceux qui en doutent encore…
Patrick, Chouan breton venu du Morbihan, devant la fresque du Salve Regina
La communion du Pré Fruchaud, en 1799
Au pied du vénérable clocher de Chanzeaux
Les Cœurs de Chouans épaulés de quelques renforts
Des costumes très remarqués et des sourires communicatifs
À la grille du château de Chanzeaux
Franck le Chouan, insurgé plus vrai que nature
En remontant la rue du Salve Regina
Pique-nique près du Musée de la Vigne et du Vin
Un scapulaire sur la veste du général
Un sabre sur la table de pique-nique
Devant l'auberge de la Croix-Blanche
Sous la plaque du Souvenir Vendéen (1981)
Dans la cour intérieure de l'auberge
La chapelle du Coteau des Martyrs
Prière au pied du grand calvaire
Promenade-pèlerinage sur les sentiers du coteau
La plaque du souvenir sur la chapelle (1994)
Récit de la bataille du Pont-Barré devant le monument du Souvenir Vendéen
Franck et Patrick, attentifs au récit
Photo souvenir sur le Pont-Barré
À l'orée de la forêt de Beaulieu, la stèle des Fosses-Cady
Et on a déjà une vidéo grâce à Franck le Chouan :