L’Assemblée nationale a voté hier soir, à l’initiative des socialistes et au grand dam de la droite, un texte proclamant la réhabilitation de toutes les victimes de la répression de la Commune de Paris de 1871. Lors des débats, Yannick Moreau, député de la 3e circonscription de Vendée, est intervenu pour une salutaire leçon d’histoire.


Vidéo du discours de Yannick Moreau à la tribune de l'Assemblée nationale,
mardi 29 novembre 2016
 

Voici un extrait de son discours à la tribune de l’Assemblée nationale :

Mes chers collègues, foi de Vendéen, quitte à faire de la repentance, pourquoi ne pas commencer par l’abrogation des lois de la Terreur contre la Vendée, et la reconnaissance de ses crimes ? Vous voulez faire de la morale. Soit, mais alors, commencez donc par abroger les lois de la Terreur ! Reconnaissez l’abjection de l’écrasement de la révolte des canuts Lyonnais, et plus encore, des crimes commis contre les enfants, les femmes et les hommes de Vendée !

Vendéen, homme de l’Ouest, je sais y compris dans la tradition orale de ma mémoire familiale, ce que furent les persécutions des simples gens qui refusaient le centralisme jacobin, la levée en masse de la conscription militaire, et l’interdiction de leur expression religieuse. Le 26 juillet 1793, à la Convention nationale, Barère réclame la destruction et l’extermination de la Vendée. Savez-vous mes chers collègues que c’est une loi, la loi du 1er août 1793, votée par la Convention nationale, qui prescrivait l’extermination des hommes, la déportation des femmes et des enfants, et la destruction du territoire de la Vendée ? Savez-vous qu’une deuxième loi, celle du 1er octobre 1793, vint renforcer l’horreur indicible ?

Le massacre des Lucs-sur-Boulogne qui fit 564 morts, enfermés dans une église qui sera incendiée, en est le tragique symbole. Parmi les victimes, 110 enfants de moins de sept ans. La plus jeune, Louise Minaud, n’avait que 15 jours. Savez-vous que c’est ce même pouvoir de la Terreur qui ordonnera la mise en œuvre des noyades collectives dans la Loire, rebaptisée « la grande baignoire nationale » ? Des mariages dits républicains voulus par Jean-Baptiste Carrier, où un homme et une femme étaient enchaînés, nus, avant d’être noyés. Selon Reynald Secher, 4.800 personnes en furent victimes à l’automne 1793. Comment oublier les tristement célèbres Colonnes infernales du général Turreau, dont le nom est encore aujourd’hui gravé sur l’Arc de Triomphe. Ces atrocités coûtent la vie à des dizaines de milliers de personnes. Savez-vous que c’est en Vendée que les premiers essais d’extermination industrielle furent menés ? À Noirmoutier, des camps d’extermination ont été établis. Partout en Vendée des fours à pain sont utilisés comme fours crématoires pour brûler vifs les habitants. La peau des Vendéens sert à l’élaboration de sacs ou de pantalons pour les gendarmes. La peau humaine selon le conventionnel Saint-Just était « d’une consistance et d’une bonté supérieure à celle du chamois » » et « celle des sujets féminins plus souple mais moins solide ».

Reconnaissez donc, mes chers collègues, les erreurs et les horreurs de la Terreur, comme la loi du 10 juin 1794, qui succède à la terrible loi des suspects, votée le 17 septembre 1793. Avec elle, le Tribunal Révolutionnaire élimine toute garantie de défense.

Les moyens d’extermination des Vendéens mis en œuvre par le Comité de salut public et la Convention sont la matrice de ceux des régimes totalitaires du XXe siècle. Voilà un sujet qui mériterait une reconnaissance nationale. Car si la Vendée pardonne, elle n’oublie pas…

Yannick MoreauYannick Moreau, hier à la tribune de l'Assemblée nationale
    


Rappelons ici que, parmi les prêtres et les religieux exécutés par les communards, figure le Père Michel Allard, originaire d’Andrezé dans les Mauges. Cet homme qui voua sa vie aux pauvres a été fusillé le 24 mai 1871 à la prison de la Roquette. Sa paroisse natale lui a récemment consacré une exposition et projette de publier un livre pour honorer sa mémoire.