Comme chaque année depuis 2015, en février, les Amis du Pont-Paillat viennent se ressourcer sur les terres de leur premier rassemblement autour du Bois-des-Chèvres, haut lieu des Guerres de Vendée. Si le groupe s’est avantageusement étoffé de nouvelles recrues, il a su conserver la convivialité de ses débuts et rester fidèle à la cause vendéenne qui l’anime.
Guy et Nadine (La Maraîchine normande), membres fidèles des Amis du Pont-Paillat,
devant le Mémorial du Bois-des-Chèvres
On ne saurait mieux mesurer l’enthousiasme suscité par ces retrouvailles annuelles qu’en parcourant les pages Facebook des participants. Le plus ardent d’entre eux, le bien connu Guy Jacob, y a publié à lui seul tout le film de la journée en plus de 200 photos ! Cet album ne donne pourtant qu’un aperçu de la bonne humeur communicative, des discussions passionnées et du partage de victuailles qui font depuis trois ans le succès de cette journée du Pont-Paillat.
La Croix de Bel-Air, point de rendez-vous
La Croix de Bel-Air, le Pont-Paillat, le Bois-des-Chèvres
Le rendez-vous a été fixé comme à l’accoutumée, à 10h à la Croix de Bel-Air. De là le groupe a respecté la tradition en entamant sans tarder sa marche vers le Pont-Paillat. L’itinéraire suit l’ancienne route de Bressuire à Mauléon qui nous entraîne peu à peu deux siècles en arrière. À la Chaignelaie surgit le souvenir de Pierre Souchelot, vieillard brûlé vif par les Bleus le 14 mars 1794. Plus loin nos pas nous plongent dans la boue d’un vieux chemin creux bordé de talus couverts de haies épineuses, où se dissimulerait sans peine quelque tireur embusqué. Au bout du chemin, nous voici enfin sur ce fameux Pont-Paillat, bel ouvrage d’art dont les deux arches massives enjambent la modeste rivière de l’Argent. Après un exposé sur la configuration des lieux par Richard Lueil, j’ai pu expliquer le déroulement des deux batailles du Bois-des-Chèvres, le 3 juillet et le 9 octobre 1793, juché sur le parapet de ce vénérable témoin des combats. J’ai évoqué d’autre part, l’histoire de la petite Marie Théotiste Brémond qui voulait voir « les beaux hussards » au bord de cette route, en octobre 1793, et qui n’eut la vie sauve qu’au prix d’un vigoureux « garrochage » à travers les ronces (1).
Au début de la marche, sur la route goudronnée…
… et à la fin du parcours, dans la boue du chemin
Exposé de Richard Lueil (Chemins Secrets) sur le Pont-Paillat
Photo souvenir sur le Pont-Paillat
Christophe porte le drapeau de La Rochejaquelein
Le retour vers la Croix de Bel-Air
Le retour semble toujours plus long : il faut remonter le coteau – et le temps – jusqu’à la Croix de Bel-Air. Toutefois le ciel nous est toujours d’un bon secours, plus encore cette année en nous offrant un soleil radieux sous une voûte d’azur. La deuxième étape, aussi traditionnelle que notre marche, nous a amenés au Bois-des-Chèvres. Les rochers du Mémorial portent des noms illustres, La Rochejaquelein, Lescure, Stofflet et Marigny, mais aussi ceux de combattants moins connus dont j’ai peint le portrait : Louis Renou (1766-1836) dit Bras de Fer, « un vrai chef qui nous a tué bien du monde » reconnaissaient les républicains ; Henri Marie Allard (1771-1843), aide de camp d’Henri de La Rochejaquelein, qui faussa compagnie aux Bleus chaque fois que ces derniers lui mettaient la main dessus ; ou encore Charrier, capitaine de chasseurs de Nueil, qui se battit lui aussi au Bois-des-Chèvres.
Le cadre se prêtait idéalement à notre pique-nique toujours animé de discussions, d’échanges et de dégustations de plats faits maison. L’un des gâteaux qui circula dans nos rangs portait d’ailleurs des bougies d’anniversaire, soufflées par Dominique qui prononça un beau discours de remerciement.
Richard, Amaury, Nadine et Angélique au Bois-des-Chèvres
Le Mémorial du Bois-des-Chèvres
Petit historique des lieux, avant le pique-nique
Quelques images du pique-nique… Dominique et Richard
La Guerre de Vendée avant… et aujourd'hui
(Charles-Antoine et Pierre)
Marie-Odile et ses délicieux bottereaux
Les deux cimetières de Nueil-les-Aubiers
Après le Pont-Paillat et le Bois-des-Chèvres, la tombe de Pierre Chabauty constitue la troisième étape incontournable de cette réunion annuelle. Le capitaine de paroisse de Nueil patronne en quelque sorte ce groupe d’amis qui aimerait en retour, sinon restaurer le monument chancelant, au moins y apposer une plaque expliquant qui était cet officier vendéen.
Du cimetière de Nueil, nous nous sommes rendus à celui des Aubiers, sur la tombe de deux prêtres de la Petite Église, les abbés Fossey et Osouf. Spécialiste de la question, Richard Lueil a raconté plus en détail la vie agitée du second d’entre eux, dernier prêtre de la Dissidence, en présence d’un descendant des Texier – nom demeuré célèbre dans la Vendée bressuiraise – que le hasard, ou la Providence, avait mené à nous.
Le clocher de Nueil, fraîchement restauré, détache sa silhouette blanche
sur l'horizon du bocage.
Exposé de Richard Lueil sur la tombe de Chabauty
La plaque sur la tombe du capitaine de paroisse de Nueil
Échange sur la Petite Église entre Richard (à droite)
et un descendant des Texier dans le cimetière des Aubiers
Exposé de Richard devant la tombe des abbés Fossey et Osouf
La tombe de l'abbé Osouf, dernier prêtre de la Petite Église
Souvenirs du passage des Colonnes infernales
Le programme établi par Richard nous a conduits ensuite à Puy-Louët, après quelques tours et détours à travers la campagne de Nueil-les-Aubiers. L’ancienne demeure à l’abandon appartenait jadis à Louis Joseph de Calais, l’une des figures de l’insurrection de la Saint-Louis, en août 1792. De l’autre côté du chemin, un rideau de végétation masque les ruines de la chapelle, près de laquelle fut enterrée une dizaine d’habitants exécutés par des soldats d’une colonne infernale. Des riverains venus à notre rencontre nous ont signalé d’autre part le lieu d’inhumation des victimes du massacre de la Fontaine-Amère, que nous avions visitée l’an dernier. Ces rencontres fortuites sont toujours riches d’enseignements sur des faits dont les livres d’histoire n’ont pas conservé la trace.
Nous avons quitté Nueil-les-Aubiers pour nous rendre au Pin, d’abord devant la plaque du Souvenir Vendéen qui rend hommage aux familles Tricot, Bodineau et Rode, décimées par la colonne infernale de Grignon, le 25 janvier 1794 ; puis à la Coussaye où François Roucher, notaire, fut tué par les Bleus en septembre 1793, comme le propriétaire de cet élégant logis nous l’a expliqué.
Il était l’heure de se séparer, à regret. Certains d’entre eux ont cependant prolongé cette journée autour d’un café chez Richard et Nadine jusqu’à la nuit tombée, avec plein de projets pour de prochaines promenades historiques.
L'histoire de Puy-Louët présentée par Richard
Redécouverte de la chapelle de Puy-Louët
L'église du Pin et la plaque du Souvenir Vendéen
Exposé de Richard sur la mort du notaire Roucher
Lien vers l'article de Richard sur son blog Chemins Secrets
(1) Noëlle Pouplin, Le Pin Barlot en Poitou, le bourg, la paroisse, la commune, Éditions Pays & Terroirs, Cholet, 2007, t. Ier, pp. 273-274.
Quelle est l'adresse exacte au Pin où l'on peut voir la plaque de La Coussaye.
je ne trouve pas la rue sur internet.
Merci à vous