Patrick Garreau a rédigé pour le Souvenir Vendéen une brillante recension du livre de Jacques Villemain : Vendée 1793-1794. Crime de Guerre ? Crime contre l’humanité ? Génocide ? Une étude juridique. Cette longue analyse (également consultable ici) sera publiée dans le prochain numéro de la Revue de l'association.
[La Rédaction] Le nouveau livre de Jacques Villemain, Vendée 1793-1794, relance le débat autour de la qualification des crimes commis en Vendée sous la Terreur. L’originalité et la légitimité du propos tiennent à son approche juridique du génocide vendéen, jusqu’alors négligée dans les confrontations d’historiens.
Le Souvenir Vendéen a été précurseur dans ce domaine. En effet, dès 1974, un article du colonel de Villeneuve, aide de camp du général de Lattre, posait les bases de la démonstration du génocide vendéen dans un article publié dans la Revue n°109 (Comment en est-on arrivé au génocide vendéen ?). Le médecin général Adrien Carré s’empara du sujet en 1993, à l’époque du Bicentenaire, ce qui donna lieu à une vigoureuse passe d’armes avec Jean-Clément Martin dans les Revues n°184 et 186 (La guerre du génocide, histoire d’un mot). L’article de Louis Fruchard publié en 1999 dans la Revue n°207 (Le génocide de la Vendée : modèle universel ?) en exposa à son tour l’argumentaire avec beaucoup de clarté et de précision, limitant l’emploi du terme de génocide – comme le fait Jacques Villemain – à la période postérieure au désastre de Savenay et couvrant une partie de l’année 1794.
Si la recherche historique a progressé depuis lors, mettant en lumière de manière accrue l’ampleur des massacres perpétrés en Vendée, le droit a lui aussi évolué depuis une vingtaine d’années : à partir des textes établis en 1948, la définition du génocide s’est ainsi étendue, notamment après 1990 et sous l’influence du droit anglo-saxon, au point de reposer aujourd’hui davantage sur la jurisprudence que sur la loi originelle. C’est là l’intérêt majeur de l’analyse de Jacques Villemain.
[Article de Patrick Garreau]
INTRODUCTION
Il y a petite trentaine d’année, les commémorations du bicentenaire de la Révolution française ont relancé les études historiques sur cette période de notre histoire, si dramatique que certains ont préféré n’en voir que les années 1789-1792 et passer sous silence celles de 1793-1794 : celles de « la Terreur » dans notre mémoire collective. La guerre de Vendée redevint l’un des centres d’intérêt des historiens qui, depuis, n’ont cessé de se diviser sur ce sujet. Encore aujourd’hui des associations influentes de « Robespierristes » et thuriféraires de la Révolution justifient la répression exercée en Vendée militaire et récusent toute forme de « crime contre l’humanité » et de « génocide ». De leur côté, les défenseurs de la mémoire vendéenne se rallièrent plus ou moins à Reynald Secher et à son affirmation passionnée du génocide vendéen de 1793 à 1796. Cependant, les démonstrations de cet auteur contribuèrent aussi à montrer qu’il procédait par « argument d’autorité ». En 2013, avec son livre qui est maintenant une référence incontournable, Vendée, les archives de l’extermination, Alain Gérard, à partir d’archives presque toutes républicaines, montra bien à la fois l’ampleur et la barbarie des crimes commis ; mais, convaincu que la mission et le « métier » de l’historien et du juriste ne sont pas les mêmes, il expliqua les textes, les événements, leur contexte mais ne voulut pas les qualifier pénalement.
Au fond, la situation était bloquée parce que nous, les défenseurs de la mémoire vendéenne, faisions l’erreur de toujours demander aux historiens de « dire le droit » ; nous ne songions pas à nous saisir du dossier historique et à nous tourner vers le procureur d’une cour pénale internationale pour lui demander : « Et vous, comment qualifieriez-vous ces crimes au plan pénal ? » À cette question, jamais posée à notre connaissance, Jacques Villemain apporte des réponses juridiques argumentées et nous pensons vraiment que son travail est un « livre événement ».
L’AUTEUR
Proche de la soixantaine, Jacques Villemain est diplômé de « Sciences Po » Paris, option droit, et énarque ; il sert comme haut fonctionnaire au Ministère des Affaires étrangères depuis plus de trente ans, notamment à la direction des affaires juridiques. Il a été en poste à La Haye en charge des relations avec les tribunaux pénaux internationaux et la Cour pénale internationale. Ce diplomate et juriste vient de publier un livre remarquable, tel qu’il n’en existait aucun, à notre connaissance, sur la guerre de Vendée. Il y apporte, en effet, toute l’expertise d’un spécialiste en droit pénal et en droit humanitaire international et il y fait preuve de sa connaissance des jurisprudences qui se sont établies au sujet des « crimes contre l’humanité » et des « génocides » depuis les drames dans l’ex-Yougoslavie et au Rwanda et depuis le vote en juillet 1998 du « Statut de Rome de la Cour pénale internationale », la Cour pénale continuant d’établir des jurisprudences…
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