Hier, les Amis du Pont-Paillat se sont éloignés de leur bocage pour mener une expédition en pays saumurois, à la recherche des prisons de Vendéens et des lieux qui furent témoins de la Terreur dans cette partie de l’Anjou. Voici la première partie de leur périple, à Doué-la-Fontaine et Cizay-la-Madeleine. 

Les Amis du Pont-Paillat 5L'abbaye d'Asnières à Cizay-la-Madeleine
  

Fin de semaine chargée pour les amateurs d’histoire ! Entre le festival de reconstitution historique de Sully-sur-Loire, qui a mobilisé un détachement d’Amis du Pont-Paillat, et la Nuit des Musées, qui en a retenu quelques autres, nous n’étions guère qu’une poignée pour la journée consacrée ce samedi à la découverte de Doué et Saumur au temps des Guerres de Vendée. Ce petit nombre nous a heureusement permis d’avoir accès à un monument peu connu des Saumurois eux-mêmes : la Tour Grenetière.

Pour assurer un covoiturage efficace, notre point de rendez-vous a été fixé à Argenton-Château. La commune a effacé ce nom chargé d’histoire, mais je tiens au « Château », qui retiendra notre attention lors d’une prochaine journée des Amis du Pont-Paillat. Un véhicule a suffi pour nous rendre à Doué-la-Fontaine, à 30 km de là. Distraits par la conversation, nous en avons parcouru quelques-uns de plus, par des chemins détournés, au point d’approcher de Thouars. Bien que cette ville mérite à elle seule un beau programme sur le thème des Guerres de Vendée, nous en reporterons la visite à une prochaine date.

Doué, en revanche, offre peu de souvenirs visibles de cette époque, bien que cette place fût en première ligne dans les offensives lancées contre l’insurrection vendéenne. Elle fut le théâtre de batailles, prise par les Vendéens le 7 juin 1793, reprise par les Bleus le 5 août suivant.

Turreau lance ses Colonnes infernales à Doué

Le 18 janvier 1794, Turreau est arrivé à Doué avec les généraux de son armée. Périot, aide de camp du général Bard, commandant la place de Luçon, était présent lors de leur réunion. Voici son témoignage : « Ce général (Turreau) proposa le plan de tout incendier et tuer dans le territoire dit de la Vendée. Différentes réclamations furent faites par des généraux qui avaient fait la guerre avec succès, qui l’avaient terminée, car il ne restait plus que la bande de Charette et celle de la Roche-jacquelin dispersées et épuisées, le Général n’entendit rien, lui seul prononça. Pour l’effectuation de son plan, il divisa son armée en douze colonnes. Il fit ensuite la distraction des postes à conserver. Ils se bornèrent à huit ou dix, pris au hasard sur la carte avec une légèreté dont il n’y a pas d’exemple. Fontenay le Peuple (nom révolutionnaire de Fontenay-le-Comte) fut du nombre des communes conservées grâce au Général Bard ; car sans lui cette ville et ses habitants n’existeraient plus. » 

Le lendemain, toujours à Doué, Turreau transmet par écrit son plan de campagne et ses ordres à ses généraux : « Tous les moyens seront mis en œuvre pour découvrir les rebelles, tous seront passés au fil de la baïonnette ». Il en informe également le Comité de salut public et le ministre de la guerre. 

Deux jours après, le 21 janvier 1794, jour anniversaire de l’exécution de Louis XVI, son armée quitte Doué en direction de Cholet. Les Colonnes infernales entament leur marche sanglante.

Des centaines de prisonniers vendéens à Doué

Si la ville ne présente pas de monuments ni de plaque en souvenir de ces événements, elle conserve toutefois d’anciens édifices qui servirent de prisons sous la Terreur, à commencer par les Arènes, que nous avons pu voir seulement de l’extérieur. Près de 200 Vendéens y furent enfermés à la fin de l’année 1793. Beaucoup y périrent de faim ou de froid. L’église Saint-Pierre constitue un autre lieu d’incarcération à la même époque.

D’où venaient ces prisonniers ? Originaires en grande partie des Mauges, ils avaient été conduits à Angers. Lorsque l’armée vendéenne s’approcha de la ville au retour de la Virée de Galerne, le représentant Francastel (le « Carrier » angevin) ordonna leur transfert. Les prêtres âgés ou infirmes furent expédiés à Nantes ; ils n’y survivront que quelques jours, avant d’être noyés en Loire. Les autres prisonniers, environ 1300, regroupés dans la cathédrale Saint-Maurice, furent envoyés encordés d’abord aux Ponts-de-Cé, puis à Doué où on les parqua notamment dans les Arènes et l’église Saint-Pierre. Des centaines furent fusillées au cours de ce chemin de croix qui se poursuivit, pour les femmes, jusque dans les cachots du château de Montreuil-Bellay.

Fusillades à l'abbaye d'Asnières

Après cette première étape, nous avons repris la route à travers la campagne douessine, en direction de Cizay-la-Madeleine. Cachée derrière une forêt, dans une vraie thébaïde, l’abbaye d’Asnières a conservé de beaux vestiges de sa gloire médiévale. Il ne nous a pas été possible d’admirer ses sublimes voûtes angevines couvrant son chœur préservé, mais nous étions surtout venus en mémoire des prisonniers vendéens, conduits depuis Saumur dans ce lieu retiré pour y être fusillés. Une plaque posée par le Souvenir Vendéen en 2005 leur rend hommage à l’entrée de l’abbaye.

La quiétude de Cizay-la-Madeleine était propice à une pause pique-nique bien méritée, avant de partir sur les traces des Guerres de Vendée à Saumur… (la suivre de la visite à Saumur est à lire ici)
  

Album photo de notre visite de Doué et de l'abbaye d'Asnières :

Les Amis du Pont-Paillat 1Les Arènes de Doué, prison de Vendéens en décembre 1793

Les Amis du Pont-Paillat 4Un passage d'accès aux Arènes

Les Amis du Pont-Paillat 3L'église Saint-Pierre de Doué et ses voûtes gothiques

Les Amis du Pont-Paillat 2La nef de l'église Saint-Pierre

Les Amis du Pont-Paillat 7Des centaines de prisonniers vendéens furent enfermés dans cette église.

Les Amis du Pont-Paillat 6L'église abbatiale a perdu sa nef. L'accès au chœur est fermé par ce grand panneau de bois (à gauche). L'abbaye a cependant conservé de beaux restes : chœur, transept, clocher, etc. (à droite, avec Nadine alias La Maraîchine normande, Richard alias Chemins Secrets, et Angélique).

Les Amis du Pont-Paillat 7La plaque du Souvenir Vendéen à l'entrée de l'abbaye d'Asnières