L’excellent article de Natalia Griffon de Pleineville, présenté ici, mentionnait la Perrinière (ou Périnière), ce château que le général Travot, le vainqueur de Charette, avait acquis au début du XIXe siècle. Passé dans les mains de la descendance de Bonchamps, ce beau domaine n’est plus qu’un souvenir de ruines ensevelies sous la végétation.
Le château de la Perrinière ne montre plus qu'une cheminée…
On apercevait encore, il y a quelques années, la façade délabrée de la Perrinière depuis la 2x2 voies de Cholet à Nantes, à la hauteur du lieu-dit « le Petit Lapin ». Il faut aujourd’hui un œil attentif pour voir une cheminée de brique et un squelette de charpente émerger du bois qui enserre les vestiges de ce château.
La Perrinière a la particularité de se situer à cheval entre les communes de La Renaudière et de Saint-Germain-sur-Moine. Le cadastre ancien dessine parfaitement cette limite coupant le bâtiment en deux parts égales (illustrations ci-dessous), chacune des deux sections portant d’ailleurs le nom du château. La salle à manger se trouvait ainsi à La Renaudière et le salon voisin, à Saint-Germain-sur-Moine.
On accédait au domaine par une longue allée rectiligne, partant de la route de Saint-Macaire-en-Mauges à Tillières, non loin du Chêne aux Loups.
La Perrinière apparaît entourée de douves sur le cadastre de La Renaudière (1834)…
… et sur celui de Saint-Germain-sur-Moine (1834),
chacune des deux communes s'en partageant une moitié
Le château de la Perrinière mis en valeur sur la carte de Cassini (1772)
« La Perrinière était un magnifique domaine… »
Voici l’aspect qu’offrait la Perrinière au début des années soixante : « Une grande grille fermait un jardin à la française. Les deux vantaux du portail étaient ouverts sur ce jardin. L’allée centrale, toute droite, est bordée de buis, d’ifs et de vieux rosiers. À droite restaient quelques dépendances, des restes des granges, des écuries, des pressoirs et de la chapelle édifiés en 1660.
Le château était entièrement entouré d’eau ; en effet les anciennes douves subsistaient tandis que le pont-levis avait été remplacé par un pont dormant. Sur la face située au nord-est se dressaient encore à droite et à gauche les vestiges de l’ancienne construction, en bordure des douves.
La maison de l’époque, une vaste demeure moderne, était à quelques mètres plus loin. La façade était longue et symétrique avec une porte centrale vitrée. L’autre face exposée au sud-ouest, donnait sur une terrasse qui longeait tout le bâtiment de l’autre côté des douves. Le tout s’élevait sur deux étages et était couvert d’ardoises.
Sur la droite de la maison, du côté de la prairie, subsistait une charmille où quelques moulures ou socles de statues sont éparpillés sur le sol, vestiges des temps passés.
La Perrinière était un magnifique domaine composé d’un vieux manoir sobre, sans aucun luxe d’architecture, niché au milieu des bois et d’une végétation sauvage qui formaient des paysages enchanteurs. »
La Perrinière au début du XXe siècle
Le château du général Travot
Propriété de la famille de Gibot depuis le milieu du XVe siècle, cette terre appartenait à Luc René, marquis de Gibot, à la fin de l’Ancien régime. Inquiet de la tournure que prenaient les événements révolutionnaires, celui-ci émigra et ses biens furent vendus nationalement.
Le château, en partie incendié pendant les Guerres de Vendée, connut plusieurs propriétaires à la charnière du siècle, avant d’être acheté par Jean-Pierre Travot, le général qui avait « pacifié » la Vendée après avoir capturé Charette. Pensant s’établir avec sa famille dans les Mauges, il avait également acquis la Gohelière et la Largère (à l’ouest de Montfaucon-sur-Moine).
Le destin ne fut pourtant pas favorable à Travot après 1815. On s’en convaincra en lisant l’article de Natalia Griffon de Pleinville sur le procès dont le général fut la victime. Après la mort de ce dernier, en 1836, ses enfants vendirent le domaine à Arthur de Bouillé, le gendre de Charles de Bonchamps, le célèbre chef vendéen. Compromis dans des conspirations légitimistes sous la monarchie de Juillet, il s’était enfui de la Perrinière sous un déguisement pour échapper aux soldats de Louis-Philippe qui vinrent camper sur ses terres du 19 février au 4 mars 1840.
Le domaine fut vendu à nouveau au début des années 1870. Faute d’entretien depuis des décennies, il ne faudra pas attendre bien longtemps pour que ces ruines disparaissent à jamais du paysage de ce coin des Mauges, d'autant que les propriétaires refusent toute approche des lieux.
La Perrinière telle qu'on la voyait encore depuis la route de Cholet à Nantes
dans les années quatre-vingt-dix