Le Souvenir Chouan de Bretagne organisait hier sa vingtième commémoration des Noyades de Nantes sous une forme inédite par rapport aux années précédentes : l’hommage aux victimes a en effet été rendu depuis un bateau, au milieu même des flots où les malheureux furent engloutis.
Au large de l'île de Nantes, la Loire où périrent les victimes de Carrier
Jusqu’à présent, la cérémonie d’hommage aux victimes des Noyades de Nantes se déroulait sur le pont Anne de Bretagne, avec un jeté de gerbe de fleurs dans la Loire depuis le sommet du tablier, ce qui rendait l’opération quelque peu délicate. Pour approcher au plus près du fleuve, le Souvenir Chouan de Bretagne proposait cette année d’embarquer à bord d’un bateau, un « Navibus » assurant la liaison entre la capitainerie du port de Nantes et le village de Trentemoult, sur la rive gauche.
Cet itinéraire coïncidait avec le parcours que suivaient les gabarres chargées de prisonniers avant commencer à sombrer à la hauteur de notre lieu de débarquement. La vingtaine de participants s’est massée à l’arrière du bateau pour écouter Noël Stassinet, le président de l’association, évoquer cette page dramatique de la Terreur nantaise, puis pour assister au jeté de gerbe en mémoire des victimes des noyades dans le sillage de notre embarcation.
Le rendez-vous à la capitainerie du port de Nantes
Le Maillé-Brézé amarré au quai de la Fosse
L'exposé de Noël Stassinet sur les Noyades de Nantes
La Loire où furent noyées les victimes de Carrier. On voit au loin le pont de Cheviré au pied duquel de nombreux ossements furent remontés par une drague lors des travaux de construction de la pile sud.
… un ancien village de pêcheur si typique
Vue depuis la salle du restaurant
Dernier coup d'œil sur Trentemoult avant de repartir à Nantes
La butte Sainte-Anne, étape de la commémoration de 2016
Notre groupe a pris terre peu près sur le quai de Trentemoult, charmant village de pêcheur, pour un déjeuner convivial, avant d’emprunter le même itinéraire pour le retour. Nous nous sommes ensuite rendus sur la place Viarme, haut lieu de la mémoire vendéenne à Nantes. Outre une plaque rappelant la blessure mortelle de Cathelineau lors de la bataille du 29 juin 1793, et la croix érigée en souvenir de Charette, déplacée à l’angle de la rue Félibien, on y trouve également, indiqué par des pavés, l’endroit précis où le « Roi de la Vendée » fut exécuté le 29 mars 1796.
… une plaque commémore la blessure mortelle reçue par Jacques Cathelineau
à la bataille de Nantes (29 juin 1793).
Passage devant la plaque de la bataille de Nantes, place Viarme
C’est là que nous nous sommes recueillis en mémoire de l’abbé Mathieu de Gruchy, fusillé ici, sur cette même place, il y a 220 ans, le 28 novembre 1797. Noël Stassinet a résumé l’incroyable destin de ce prêtre né dans une famille protestante de Jersey, marin fait prisonnier de guerre, converti au catholicisme et resté en France où il devint menuisier. Il fut remarqué par sa piété alors qu’il installait du mobilier d’église à Saint-Mars-la-Réorthe. Incité au sacerdoce, puis ordonné prêtre en 1787, l’abbé de Gruchy fut vicaire de Soullans, Bois-de-Céné et enfin Beauvoir-sur-Mer. C’est là qu’il refusa de prêter le serment constitutionnel, préférant entrer dans la clandestinité en reprenant son habit et ses outils de menuisier. Il s’exila un temps en Angleterre, mais on le retrouve en Vendée dans les rangs du synode du Poiré en août 1795. La relance des persécutions après le coup d’État de 1797 lui fut fatale. Arrêté à Nantes et jugé sommairement au Bouffay, il fut conduit sur la place Viarme et fusillé par un peloton d’exécution. Cet usage réservé aux militaires fait de ce prêtre martyr un vrai « combattant » de la foi.
Cette commémoration s’est achevée dans la fraîcheur de cette fin d’après-midi par un cidre de l’amitié offert par le Souvenir Chouan de Bretagne.
Rassemblement à l'endroit où Charette fut exécuté le 29 mars 1796
Merci pour le compte rendu de la journée.