Aujourd’hui entièrement enveloppé par l’agglomération angevine, sur la commune d’Avrillé, le Champ des Martyrs fut le théâtre d’exécutions massives de plus de 2.000 prisonniers vendéens, dont un grand nombre de femmes, du 12 janvier au 16 avril 1794.
Scène des fusillades d'Avrillé dans un vitrail de la chapelle du Champ des Martyrs
La commission militaire qui les condamna à mort était présidée par Jean-Baptiste Félix, un révolutionnaire parisien des plus exaltés, qui avait raccourci son véritable nom, « Musquinet de Saint-Félix ». Arrivé à Angers en septembre 1792, ce dernier trouvait la ville trop tiède à son goût et préféra s’engager en mai 1793 parmi les volontaires parisiens marchant contre les « brigands de la Vendée ».
Son arme la plus redoutable ne fut pas cependant le sabre sur le champ de bataille, mais le glaive terrible de la « justice » révolutionnaire. Nommé membre de la nouvelle commission militaire dite « Parein » du nom de son président, créée à Angers le 10 juillet 1793, il en prit lui-même la présidence le 4 octobre de la même année. « La commission fit guillotiner 239 personnes (158 à Angers, 47 à Saumur, 12 à Laval, 12 à Doué-la-Fontaine, 9 aux Ponts-de-Cé, 1 à Chinon). Le nombre de personnes fusillées par ses ordres à Avrillé, Doué, Les Ponts-de-Cé et Saumur est environ quinze fois plus considérable. » (Célestin Port, Dictionnaire du Maine-et-Loire, 1990, t. II, p. 136)
Le dimanche 12 janvier 1794, cette commission militaire dite Félix condamna à la peine de mort, par un jugement public affiché à Angers, une centaine de prisonniers vendéens pour les motifs suivants :
- Ils ont eu des intelligences avec les brigands de la Vendée ;
- Ils ont fait partie du rassemblement contre-révolutionnaire de ces mêmes brigands ;
- Ils ont été pris les armes à la main contre les armées de la République ;
- Ils ont provoqué au rétablissement de la royauté et l’anéantissement de la République française.
L’enclos de l’ancienne abbaye de la Haie-aux-Bonshommes
Il fallait trouver un endroit pour l’exécution. On choisit à l’extrémité de la commune d’Angers, dans l’enclos de l’ancienne abbaye de la Haie-aux-Bonshommes, un champ désert exploité par le citoyen Desvallois, fermier à la métairie du Petit-Clos. C’est ce que nous apprend une délibération du comité révolutionnaire d’Angers en date du 11 janvier 1794 :
« En vertu de la réquisition de la Commission militaire, en date de ce jour, aux fins d’avoir deux membres du Comité pour assister à l’exécution des brigands, qui doit avoir lieu demain, en conséquence de jugements de ladite Commission, le Comité nomme les citoyens Girard-Rethureau et Brémaud, deux de ses collègues, pour (…) s’occuper non seulement de la sûreté de la conduite desdits brigands jusqu’au clos du domaine de la Haie-aux-Bons-Hommes, lieu où ils doivent être exécutés, mais encore surveiller leur inhumation et à ce qu’elle soit faite de manière à éviter à la commune d’Angers les dangers du mauvais air qui pourrait en résulter » (F. Uzureau, L’Anjou historique, t. VI, 1905-1906, pp. 55-56). La pestilence des nombreuses prisons surpeuplées était une source d’inquiétude pour les autorités d’Angers.
La liste des condamnés à mort est interminable. Nous en extrairons toutefois quelques noms pour donner chair à l’histoire de ces malheureux.
Visite des Amis du Pont-Paillat au Champ des Martyrs d'Avrillé, le 24 juin 2017