Les Archives militaires de la guerre de Vendée au Service historique de la Défense réservent parfois des surprises, comme des « Notes intéressantes sur les horreurs commises dans la Vendée » qui dénoncent les crimes de plusieurs généraux parmi lesquels figurent deux Cordelier… alors qu’on n’en connaît qu’un seul ! 

Cordelier 1« Cordelier jeune et son frère campés le 17 ventôse sous le Loroux Blotereau
(Le Loroux-Bottereau), un officier municipal décoré de son écharpe et un notable,
son certificat de civisme à la main, viennent au-devant de l'armée
au nom de leur commune ; sans les entendre on les fait fusiller… »

    


La description de cette pièce intitulée « Notes intéressantes sur les horreurs commises dans la Vendée et sur les causes qui prolongent la guerre dans les départements insurgés » (cote SHD B 5/11-1) suggère qu’elle émane vraisemblablement de la Société populaire de Nantes et la date de janvier 1795. 

Son auteur y expose l’engagement de la ville, « malgré l’insuffisance de ses moyens et de ses forces », à contenir « seule les efforts des rebelles ». Il dénonce une guerre que l’on « fit en même temps aux patriotes » et donne les noms des généraux « qui ont trahi tout à la fois leur conscience, l’honneur et la patrie sur la scène ensanglantée de la guerre civile » : Duquesnoy, Huchet, Jacob, Lefebvre, Sabatier, Cordelier jeune, Cordelier aîné. 

Les crimes qui leur sont reprochés ont été commis à proximité de Nantes : Duquesnoy a parcouru les communes de Montaigu, Palluau, Legé et Saint-Colombin, tout incendié, tout égorgé ; Huchet (écrit : « Huchette ») en aurait fait autant du côté de Pont-Saint-Martin ; Jacob est accusé d’avoir négligé la défense du camp de la Roulière, au sud de Nantes ; Lefebvre, d’avoir fait transporter sur un bateau en baie de Bourgneuf quarante personnes, un vieillard, des femmes et des enfants, pour les jeter à la mer ; Sabatier commandant à l’Ile de la Montagne (Noirmoutier), d’y avoir exercé un pouvoir arbitraire. 

Cordelier 2Mention du massacre du puits de Clisson (8 février 1794)
   

Cordelier jeune, Cordelier aîné

C’est toutefois la mention des deux Cordelier qui interpelle : « Huchet(te), Cordelier jeune et Cordelier aîné, chacun à la tête de sa colonne, se dirigeant sur Montaigu, Montfaucon et Aigrefeuille rencontrent les brigands bien inférieurs en force, et au lieu de les attaquer, ils s’occupent de pillage, de prendre des hommes, des femmes, des enfants, les font jeter tous vivants dans le puits du château de Clisson où ils s’étaient réfugiés et pour couronner leur expédition ils fuient sous Liré devant une douzaine de brigands ». Huché n’étant pas pourtant présent à cette affaire. 

On ne connaît qu’un Cordelier comme commandant de colonne : Étienne Jean François Cordelier, né le 29 avril 1767 à Faremoutiers (Seine-et-Marne), nommé général de division dans l’armée de l’Ouest le 28 novembre 1793, resté dans les mémoires comme l’un des pires criminels de guerre pour ses exactions dans les Mauges, dans le Loroux et bien sûr aux Lucs-sur-Boulogne. Or, il avait un frère aîné, Louis Joseph Stanislas, né le 7 avril 1766 à Faremoutiers, qui n'était autre que l'aide de camp de son cadet. 

Si « Cordelier jeune » est bien Étienne Jean François (il a 27 ans en 1794), « Cordelier aîné » est-il Louis Joseph Stanislas, qui n’a qu’un an de plus et qui aurait atteint seulement le grade d’adjudant général ? On peut en douter. S’agit-il alors du général de brigade Joseph Crouzat, dont la colonne accompagne le premier depuis son départ de Brissac le 21 janvier 1794 ? Il a en effet 59 ans cette année-là, ce qui, vu de Nantes, aurait pu conduire à cette confusion. 
   


Lien vers les Archives militaires de la guerre de Vendée au Service historique de la Défense sur le site des Archives de la Vendée