En prélude à la journée de samedi, le Centre « Vendée Bas-Poitou » de Vouvant et le Souvenir Vendéen organisent une séance d’études sur « L’histoire de la Révolution française et des Guerres de Vendée à Saint-Amand-sur-Sèvre ». Animée par Jean-Marie Grassin et Pierre Gréau, cette rencontre aura lieu à Vouvant, au Logis de la Vieille-Cure, le vendredi 16 février 2018 à 14h30.
La nouvelle croix du Pont-Ménard, en mémoire des victimes
des Colonnes infernales à Saint-Amand-sur-Sèvre (photo P. Gréau)
Saint-Amand : un concentré d'histoire des Guerres de Vendée
Saint-Amand-sur-Sèvre participe massivement à toutes les opérations de la Vendée militaire de 1789 à 1832 et au-delà. Déjà la paroisse se distingue dès l’hiver 1789, comme étant l’une des quatre localités où eurent lieu les émeutes les plus graves contre la nouvelle administration issue de l’Assemblée nationale, puis les 21 et 22 août 1792 dans l’attaque désastreuse contre Bressuire. Savoir qui sont ces « forçats de la faim » qui se soulèvent contre le nouveau régime, quelles sont leurs motivations primaires permettra peut-être de mieux comprendre les ressorts fondamentaux de la révolte vendéenne dès ses prémices, avant même que ces « damnés de la terre » ne trouvent dans la religion et la contre-révolution royaliste une cause transcendante à défendre, avant même que la levée des 300 000 hommes pour les armées ne suscite le grand soulèvement de 1793.
Les Colonnes infernales à Saint-Amand
On peut ensuite suivre les gars de Saint-Amand-sur-Sèvre dans les victoires et les défaites vendéennes de la Grande Guerre en 1793, jusque dans la malheureuse Virée de Galerne.
À la mi-janvier 1794 se déroule un événement dramatique, dit du Pont-Mesnard, qui sera commémoré samedi par une plaque du Souvenir Vendéen. Qui est cette « garnison de Mallièvre » qui s’abat sur Saint-Amand-sur-Sèvre à la recherche, selon la tradition orale, du camp des partisans de Charette, ou de la petite statue de la Vierge « chapusée » par le Père de Montfort et censée protéger les Vendéens, en tout cas, selon l’histoire, plutôt dans une campagne militaire pour rétablir l’autorité révolutionnaire après la déroute des Vendéens à Cholet ? Qui sont ces malheureux qui ont été massacrés et dont certains noms sont inscrits dans le martyrologe qui sera apposé par le Souvenir Vendéen dans l’église de Saint-Amand-sur-Sèvre ?
Quelques jours plus tard, les 24 et 25 janvier 1794, c’est la colonne infernale de Boucret marchant entre Châtillon-sur-Sèvre (Mauléon) et Les Épesses qui incendie Saint-Amand, tandis que le même 25 janvier la colonne de Grignon marchant entre Cerizay et La Flocellière ravage l’ouest de la commune dans les parages de La Pommeraie, faisant de la localité peut-être la seule dans la Vendée à avoir subi deux colonnes le même jour. Il ne s’agit plus d’une opération de maintien de l’ordre révolutionnaire comme le 15 janvier, mais d’une entreprise génocidaire d’extermination méthodique de la population. Un Oradour par jour ? Nul martyrologe dira aux générations futures le nom de ceux qui ont péri dans ce que la mémoire saint-amantaise désignait naguère encore comme « le Grand Brûlement ».
Derniers barouds d'honneur
Dans l’hiver 1795-1796, les gars de Saint-Amand-sur-Sèvre sont entraînés dans un nouveau combat par Joseph Amand de Vasselot, de retour dans son pays natal (incidemment, c’est sur les terres de son château de Chaligny à Saint-Amand-sur-Sèvre juste avant sa destruction par la colonne infernale de Boucret qu’avait eu lieu le massacre du Pont-Mesnard) ; ils sont une cinquantaine de Saint-Amand-sur-Sèvre, Les Châteliers, La Pommeraie-sur-Sèvre, etc., à résister dans son château de Saint-Mesmin à 2 000 soldats républicains. Finalement, découragé notamment par l'exécution de Charette à Nantes le 29 mars, Vasselot licencie sa troupe. Il est pris déguisé en marchand de bœufs dans une de ses anciennes fermes de Saint-Amand, et exécuté à Mesnard-La-Barotière le 4 mai 1796 (en réalité au Landreau des Herbiers). Pendant ce temps « la troupe républicaine » occupe Saint-Amand-sur-Sèvre, emmenant le prêtre, désarmant les habitants, arrêtant les suspects.
Mais ce n’est pas fini : Saint-Amand-sur-Sèvre reprend les armes en 1799, puis brièvement à nouveau en 1815, mais surtout participe en 1832 à la tentative de soulèvement légitimiste animé par la duchesse de Berry. La commune est alors occupée une fois de plus par la troupe, comme elle le sera encore par le Génie d’Angers lors des troubles provoqués par les Inventaires en 1906.
Des patriotes et des « dissidents »
Contrairement à une opinion répandue, l’engagement des paroisses insurgées était loin d’être unanime, fût-il largement majoritaire ; c’est toute une sociologie de la Vendée militaire qui reste en grande partie à établir. Dans le cas de Saint-Amand-sur-Sèvre, la tradition orale et les documents d’archives nous donnent de précieuses indications sur les luttes internes qui ont pu opposer les habitants. Par exemple la plupart des réfugiés des Guerres de Vendée qui errent sur les routes sont des républicains ; certains Saint-Amantais plus ou moins favorables à la Révolution, fuyant le « pays conquis » par les Vendéens, se retrouvent à Poitiers ou en Charente : parmi ceux qui demandent un secours le mardi 29 novembre 1796 (9 frimaire an 5) à Airvault en Deux-Sèvres, il s'en trouve 14 de Saint-Amand, dont 7 mineurs.
Une dernière indication de l’intensité de l’engagement de Saint-Amand-sur-Sèvre dans la Vendée militaire peut être trouvée dans un premier refus massif au Concordat en 1801 perçu comme étant pire que la Constitution civile du clergé de 1790 ; malgré le ralliement inattendu du desservant de Saint-Amand-sur-Sèvre, le Père Le François, ancien carme du couvent de La Flocellière, on compte encore au recensement de 1805 23% de « dissidents » irréductibles fidèles de la « Petite Église ».
Tout cela devra être examiné, vérifié, corrigé, complété et comparé avec ce qui se passe dans les communes des alentours, dans l’ensemble du pays insurgé et dans la France en général pour une meilleure compréhension de la question vendéenne à partir de la micro-histoire des différentes communes.
L’histoire de la Révolution française et des Guerres de Vendée à Saint-Amand-sur-Sèvre, par Jean-Marie Grassin et Pierre Gréau
- Rendez-vous le vendredi 16 février 2018, à 14h30, au Logis de la Vieille-Cure à Vouvant (Vendée)
- Séance organisée par le Centre « Vendée Bas-Poitou » et le Souvenir Vendéen
- Réservation des places par mail : grassin@unilim.fr