Depuis 2015, le Pont-Paillat et le bois du Moulin-aux-Chèvres sont devenus des lieux de pèlerinage pour les amateurs d’histoire des Guerres de Vendée, qui s’y retrouvent chaque hiver pour une marche dans le chemin creux d’un authentique champ de bataille de 1793.
Photo souvenir dans le bois du Moulin-aux-Chèvres
Plusieurs monuments emblématiques ponctuent ce parcours historique : la croix de Bel-Air, monument du Souvenir Vendéen (1964) devenu le point de ralliement pour cette marche annuelle ; le Pont-Paillat, dont les puissantes arches de granit qui enjambent l’Argent ont sauvé par deux fois la retraite des Vendéens face à Westermann ; la Chaignelaie, théâtre d’un massacre le 14 mars 1794 ; et le mémorial du Bois-des-Chèvres, cet autre monument du Souvenir Vendéen (1989) jalonné de grosses pierre portant les noms de généraux (Lescure, La Rochejaquelein, Stofflet, Marigny) et de leurs valeureux combattants (Allard, Renou, Charrier, Chabauty).
C’est là, sur ce pont qui leur a donné son nom, que les Amis du Pont-Paillat se sont remémoré ces événements : le combat du 3 juillet 1793, suivi de la prise de Châtillon-sur-Sèvre par Westermann et de la dérouillée que les républicains subirent deux jours après, puis la bataille du 9 octobre de la même année, qui tourna au drame pour les Vendéens. On ne pouvait manquer de mentionner également la mésaventure de la petite Marie Théotiste Brémond (1), qui échappa de peu à la mort sur ce même chemin.
Sur le chemin du Pont-Paillat, ancienne route de Bressuire à Mauléon
« Une terre de géants et de genêts en fleurs… »
Sur le Pont-Paillat, Nadine, La Maraîchine normande…
… et Richard Lueil, Chemins Secrets
De retour à la croix de Bel-Air, les marcheurs ont posé leurs paniers de pique-nique dans le bois du Moulin-aux-Chèvres, au pied du monument, pour un déjeuner convivial et généreux en victuailles. Le gâteau d’anniversaire d’une des plus jeunes participantes, qui soufflait ses onze bougies, a conclu en beauté cette étape bucolique.
La suite du programme a entraîné le cortège des voitures en direction de Nueil-les-Aubiers. Laissant les véhicules à l’entrée du bourg, près du château de Tournelay, le groupe a repris sa marche, cette fois vers la grotte de Lourdes à quelques centaines de mètres. Cet endroit discret, niché au fond de la vallée, abrite les restes des habitants de la Fontaine-Amère, massacrés le 14 mars 1794 par des soldats républicains, comme l’a raconté Richard Lueil. Outre le chemin de croix et la grotte de Lourdes reconstituée, on y voit aussi une grande stèle plate gravée à l’effigie du Vendéen de Réal del Sarte et frappée d’un double cœur. Hélas, nulle inscription ne mentionne qu’ici reposent des victimes des Colonnes infernales.
Sur le chemin de la grotte de Lourdes, à Nueil
La stèle à l'effigie du Vendéen de M. Réal del Sarte
Rassemblement devant la grotte de Lourdes
Après un moment de prière, tout le monde a réembarqué pour se rendre à Beaulieu-sous-Bressuire, sur la tombe du curé Jottereau (ou Jottreau), dont Richard a évoqué le massacre commis par les Bleus le 26 avril 1793, au tout début du soulèvement vendéen.
La dernière étape de la journée avait pour cadre le coteau des moulins de Cornet, au sud de Bressuire, lieu idéal pour revivre l’insurrection de la Saint-Louis, cette « première flamme partie trop tôt » (abbé Billaud), qui embrasa une quarantaine de paroisses du nord-ouest des Deux-Sèvres, du 19 au 24 août 1792. Jean-Philippe Poignant, spécialiste en la matière au sein de l’association des Amis du Château de Pugny, en a relaté le déroulement et la fin tragique.
Autour de la tombe de l'abbé Jottereau dans le cimetière de Beaulieu-sous-Bressuire
La tombe de l'abbé Jottereau, tué par les Bleus en 1793
La croix du Souvenir Vendéen aux moulins de Cornet (1992)
La plaque du Souvenir Vendéen inaugurée le 3 août 1992
Jean-Philippe Poignant retrace l'insurrection d'août 1792
sur le site de son dernier combat
Après un dernier café servi par Jacqueline – transformée en « Victorine » dès qu’elle enfile sa coiffe – chacun a repris la route, une route parfois longue pour les Nantais ou les Angevins, mais aussi pour les fidèles du Pont-Paillat venus de la Touraine, de l’Angoumois et d’Ile-de-France. Un grand merci à celles et ceux qui s’impliquent dans ces sorties, qui n’hésitent pas à se costumer et même à plonger leurs sabots de bois dans la boue des chemins creux, qui prennent la parole pour partager leurs connaissances, sans oublier les plus jeunes qui constituent notre relève !
Lien vers le compte rendu de Richard Lueil sur Chemins Secrets
(1) Noëlle Pouplin, Le Pin Barlot en Poitou, le bourg, la paroisse, la commune, Éditions Pays & Terroirs, Cholet, 2007, t. Ier, pp. 273-274.