Drôle d’aventure que celle vécue par la Nantaise Anne Mousseau ! Ayant retrouvé un manuscrit en rangeant des papiers de famille, cette infirmière jeune retraitée a enquêté sur son ancêtre Louis Bézie (1775-1849). Celui-ci a, en effet, prit part à la tragique Virée de Galerne, la campagne menée par l’Armée catholique et royale au nord de la Loire. 

Ouest-FrancePour mettre en place son périple, Anne Mousseau a suivi les conseils éclairés
de Guy Bourchenin et Bernard Chevalier (photo Ouest-France)
   

Le journal Ouest-France a publié aujourd’hui sur son site internet l’histoire de cette toute jeune retraitée, Anne Mousseau, qui a enquêté sur le périple accompli par un ancêtre laboureur, Louis Bézie, au temps des Guerres de Vendée. 

Nantaise et infirmière de son état, elle est retraitée depuis peu de temps, et cherchait comment occuper ses journées. Première chose, mettre de l’ordre dans la maison et, surtout, dans les papiers amoncelés çà et là. Une surprise l’attendait, sous la forme d’un vieux parchemin transmis de main à main dans la famille, depuis plus de deux siècles.

Un document de l’époque Louis XVIII

« Ce document est une récompense accordée en 1817, par le roi Louis XVIII, à mon ancêtre de La Chapelle-Saint-Florent, Louis Bézie (1), raconte Anne. Il était laboureur avant d’entrer dans l’Armée catholique et royale, qui a effectué la virée de Galerne, lors des Guerres de Vendée. » Pour celle qui ne s’attendait certainement pas à pareille trouvaille, voilà de quoi susciter une saine curiosité. Car, si Anne est nantaise, sa famille est maugeoise depuis des générations.

Un travail de recherches

« À partir de cette découverte, j’ai beaucoup lu. Je me suis documentée, notamment aux Archives départementales du Maine-et-Loire. » Enthousiaste et perspicace, elle s’est aussi tournée vers des historiens compétents, comme les membres du Groupe de recherche et d’archivage de l’histoire locale (Grahl), basé à Beaupréau.

Deux historiens locaux en renfort

Une fois bien renseignée, Anne décide de parcourir à pied la partie maugeoise de la Virée de Galerne, qu’a vécue l’aïeul Louis (2). Mais comment procéder ? C’est là qu’interviennent le Bellopratain Bernard Chevalier, président du Grahl, et son ami Guy Bourchenin, d’Andrezé, qui vont l’assister dans son projet fou.

« Ils m’ont beaucoup aidée pour définir mon tracé pédestre, en quatre étapes. » Partie mercredi du lieu de la Bataille de Cholet, le 17 octobre 1793, Anne s’est dirigée vers Bégrolles-en-Mauges, via l’abbaye de Bellefontaine. Elle a ensuite franchi le chemin des Canons, qui mène à Andrezé, avant d’arriver, jeudi, à Beaupréau.

Bientôt un livre sur cette histoire

Vendredi, elle passait par Saint-Pierre-Montlimart pour rejoindre La Boissière-sur-Èvre, avant d’atteindre son objectif, la Meilleraie, où le généralissime Bonchamps est décédé. « Mon unique regret, c’est de ne pas avoir trouvé de solution pour traverser la Loire en barque ! »

L’aventure ne s’arrête pas là. Anne a pratiquement achevé la rédaction d’un livre, qui contiendra six chapitres sur « le survivant Louis Bézie », comme elle aime l’appeler.

Louis a survécu malgré une blessure

En effet, l’homme, né en 1775 (3), est mort dans son lit en 1849 (4), après avoir survécu à une blessure à l’épaule gauche (5), lors de ces Guerres de Vendée. Il aura aussi survécu à deux épouses (6), sans compter quelques rois et même un empereur !
    


  1. Cet ancien combattant vendéen a déposé une demande de pension dont les documents sont en ligne sur le site des Archives du Maine-et-Loire. Il y est écrit que Louis Besie, laboureur demeurant commune de Saint-Florent(-le-Vieil), père de huit enfants, âgé de 48 ans, brave et loyal militaire de l’armée royale de l’Ouest, a fait toutes les guerres de la Vendée et d’outre-Loire qui lui ont mérité une lettre honorifique de Sa Majesté.
  2. L’itinéraire intégral de la Virée de Galerne a déjà été reconstitué et parcouru à trois reprises : en 1993 par Jean-Luc Quéreau (compte rendu dans la Revue du Souvenir Vendéen n°188, pp. 38-43), en 2003 par Pierre Gréau, historien du Souvenir Vendéen (compte rendu dans la Revue du Souvenir Vendéen n°226, pp. 23-31) et en 2013 par Christian Guibert (compte rendu dans la Revue du Souvenir Vendéen, n°266, pp. 12-23).
  3. Louis Bezie (aussi orthographié Besie) est né le 24 avril 1775 à Saint-Florent-le-Vieil. Il était le fils de René Besie, métayer, et de Jeanne Antier.
  4. Il est décédé le 21 février 1849 à Saint-Florent-le-Vieil.
  5. Le docteur Louis Claude Guérif a établi un certificat médical attestant que Louis Besie porte « à un pouce au-dessus de l’angle inférieur de l’omoplate gauche la cicatrice d’une belle qui entra à cet endroit et sortit à la partie antérieure de l’épaule du même côté », ajoutant que « cette blessure qui a lésé le poumon le gêne beaucoup dans son travail » (A.D. 49).
  6. Il s’est marié avec Marie Onillon le 20 avril 1799 à Saint-Florent-le-Vieil (elle meurt en 1808), dont il aura un fils, Louis ; puis avec Renée Subileau le 1er octobre 1811 à La Boutouchère (elle meurt en 1830), dont il aura un fils, Joseph.