Le film de Patrick Buisson, Les Manants du Roi, poursuit ses diffusions sur la chaîne Histoire la semaine prochaine. Sa projection est annoncée d’autre part au Cinémovida de Cholet, le 22 juillet 2018. 

Les Manants du Roi

Grâce au succès rencontré à la fin de l’année 2017 par son beau livre consacré à La grande histoire des guerres de Vendée, Patrick Buisson a contribué à faire connaître au plus grand nombre ces trois années héroïques et terribles (1793-1796), que les thuriféraires de la Révolution ont toujours veillé à maintenir sous le boisseau. Poursuivant cette œuvre méritoire, il en propose à présent le récit dans un film dont la diffusion devrait toucher elle aussi un large public.

Il n’a jamais été simple pour un réalisateur de transposer à l'écran une telle épopée en mobilisant une multitude de figurants à travers les sites témoins de ces événements. Certains y sont parvenus, comme Jacques Dupont avec son film Les Vendéens tourné en 1993, ou avant lui, en 1957-1958, André Mallard qui ne disposait que de moyens limités pour son Vendée 93.

Patrick Buisson a choisi un angle d’attaque plus original, en donnant la parole à six personnages fictifs symbolisant les grandes figures de cette guerre, reparties également entre les deux camps.

Trois Blancs et trois Bleus

Du côté des Blancs, pas de chef noble, sinon une fière amazone, Céleste de Boismé, à laquelle Delphine Depardieu prête sa personne avec fougue. L’image du combattant est avant tout incarnée par un paysan des Mauges, interprété par Stanislas de La Tousche saisissant de réalisme. Surnommé « la Hulotte », ce batailleur témoigne à lui seul que l’insurrection trouve son origine et sa force dans le peuple, et non dans le prétendu complot clérico-nobiliaire dont les historiens républicains ont de tout temps affligé la Vendée. L’abbé Vincent Huguet (Alain Pochet) est là pour apporter le soutien de la religion dans les épreuves, mais appellera à ne pas reprendre la guerre en 1795 dès lors que Hoche garantira la liberté de culte.

Les Manants du RoiDelphine Depardieu dans le rôle de Céleste de Boismé 
et 
Stanislas de La Tousche dans celui de « la Hulotte »

Du côté des Bleus, le casting est parfait ! Un militaire d’abord, le jeune capitaine Sauvage (Guillaume Tagnati), dont l’enthousiasme des premiers combats s’émousse au fil des carnages lors la campagne d’outre-Loire. On a échappé au soldat des Colonnes infernales couvert de sang, mais le personnage du représentant en mission, Carré de Longwy (Jean-Louis Cassarino) endosse à lui seul tous les excès du régime, l’incapacité à appréhender l’insurrection, la haine des « brigands » qui masque mal la peur qu’il en ressent. Dans sa bouche, précise Patrick Buisson, « nous n’avons pas mis un mot qui n’ait été prononcé par un député de la Convention ».

Dernier personnage, et non le moindre puisque c'est lui et ses pairs qui auront le mieux profité de la situation, voilà Percier de Fontaine, maire de Fontenay-le-Peuple, remarquablement campé par Jean-Pierre Leroux. Riche homme d’affaires, dont « la Révolution a permis d’arrondir (le) bien », il déclare détester les grands mots de gloire, honneur, fidélité. « Ce sont des mots qui portent la guerre, comme la nuée porte l’orage, et la guerre c’est l’ennemie des affaires… »

Les Guerres de Vendée à travers films et chansons

À ces monologues inspirés, auxquels Michel Chamard a prêté sa plume, Patrick Buisson a donné du rythme en insérant des séquences de batailles ou de massacres, extraites de films plus ou moins connus (Chouans !, Les mariés de l’an deux, Les Vendéens, Jean Chouan, Blanc Bleu Rouge, La bataille de Cholet, etc.), une trentaine de chansons, mais aussi de très nombreux vitraux vendéens dont les scènes s’animent tout au long du récit.

Les puristes corrigeront bien quelques détails, en particulier la citation apocryphe de Westermann : « J’ai écrasé les enfants sous les sabots des chevaux… » Mais elle semble irrémédiablement inscrite dans l’histoire des Guerres de Vendée. Pour paraphraser le film de John Ford, L’homme qui tua Liberty Valance : « This is the West, sir. When the legend becomes fact, print the legend » (Ici c’est l’Ouest, Monsieur. Quand la légende devient un fait, imprimez la légende). Rassurez-vous, cela ne vaut que pour cette citation de Westermann. Tout le reste est vrai, tragiquement vrai. 
   


Prochaines diffusions sur la chaîne Histoire : le mercredi 11 juillet à 19h05 ; et le mardi 17 juillet à 21h35.

Projection au Cinémovida de Cholet (49) le dimanche 22 juillet 2018, à 20h00.