Le Chêne à la Vierge, lieu de dévotion populaire depuis plus de deux siècles en forêt de La Guerche, sur le territoire de Rannée (Ille-et-Vilaine), a brûlé dans la nuit de mercredi à jeudi. L’émotion est vive, comme le rapporte cet article de Ouest-France paru le 12 juillet 2018.
Ouest-France a publié quelques photos du chêne incendié.
Un tronc tout noir, au milieu de la clairière verdoyante, avec au pied un amas de statuettes, de croix, d’ex-voto et de chapelets brisés et fondus, recouvert de branches. Voilà ce qui restait jeudi matin du Chêne à la Vierge, situé en forêt de La Guerche (domaine privé), à Rannée.
L’arbre séculaire a été ravagé par un feu, dans la nuit de mercredi à jeudi. C’est un riverain, de retour chez lui après les travaux de moisson, qui a vu, vers 3 heures, les flammes s’échapper de la forêt et qui a donné l’alerte.
Les pompiers de La Guerche et de Renazé sont rapidement intervenus sur le site. « Le feu était dans le chêne, raconte le responsable de la forêt, Alain Taillandier. Comme il est creux, les flammes sortaient par le haut ; cela faisait chalumeau. Une fois la tête de l’arbre tombée, les pompiers ont pu éteindre le feu. Il ne reste plus rien, c’est triste. »
Un lieu de dévotion populaire depuis la Révolution
Le sinistre a suscité une vive émotion à Rannée et dans le pays de La Guerche. Le Chêne à la Vierge était un lieu de dévotion populaire. L’histoire dit qu’en 1792, une jeune fille a été fusillée par des Bleus, pour avoir refusé de livrer la cachette d’un prêtre réfractaire, alors qu’elle priait au pied du chêne où était déjà accrochée une vierge.
(Note : On raconte que c’est en recherchant l’abbé Jarry, qui célébrait des messes clandestines dans la forêt de La Guerche, que les gardes nationaux surprirent cette jeune fille en prière devant un chêne abritant une statuette de la Vierge. Comme elle refusait de révéler la cachette du prêtre, les Bleus la massacrèrent sur place. Cela se passa dans les premiers jours de janvier 1792.)
Une dévotion s’est alors installée jusqu’à nos jours, la présence de nombreuses statuettes et ex-voto témoignant de la fréquentation du lieu. Le site était entretenu deux à trois fois par an par une équipe de bénévoles. « La dernière fois, c’était il y a un mois, témoigne Franis Lardeux, lui aussi très accablé par le sinistre. Ce chêne, c’était notre patrimoine. »
« Un crève-cœur »
La nouvelle s’est vite propagée dans les environs. Des habitants ont commencé à venir sur place, dès jeudi matin, pour se rendre compte. « C’est une catastrophe, un crève-cœur ». Marie-Odile et Prosper, de Rannée, n’avaient pas de mots assez forts pour exprimer leur désolation : « Il y a deux mois, on était venu y déposer des vierges et des croix qui avaient appartenu aux parents de notre nièce. Il y en avait partout sur l’arbre. On a eu du mal à trouver une place. Il y avait toujours du monde pour prier, se recueillir, remercier. Et maintenant, il n’y a plus rien. Tous ces souvenirs sont partis. » Pour Jean-Paul et Colette, de La Selle-Guerchaise, c’est sûr, « un lieu comme ça, ça ne se reconstruit pas ». Une enquête est en cours pour déterminer les raisons de l’incendie.
Source : Ouest-France, 12 juilelt 2018