L’association d'histoire de Saint-Jean-de-Boiseau vient de sauver un vestige important du patrimoine local : le calvaire de La Roche de Grés. Le Courrier du Pays de Retz a consacré une quasi pleine page à cette initiative salutaire. 

La Roche de GresÀ gauche, la croix consolidée ; à droite, le calvaire penché de la Roche de Grés 
(photos Le Courrier du Pays de Retz, 26 octobre 2018)
  


Le monument authentique érigé après les Guerres de Vendée en Basse-Loire qu'est le calvaire de la Roche de Grés est en passe d'être sauvé. Depuis quelques années, il était à peine visible en bordure de l’ancienne route de Paimbœuf, entre Saint-Jean-de-Boiseau et Le Pellerin Avec le temps, il se dégradait de plus en plus et la végétation l'avait en parti recouvert. 

Penché comme la tour de Pise 

« Dernièrement, nous avons découvert qu'il s'effritait à la base et menaçait de s'écrouler, explique Jean-Luc Ricordeau, président de Saint-Jean-de-Boiseau histoire. Une opération de sauvetage a aussitôt été entreprise par une équipe de bénévoles. Il y avait urgence car le calvaire commençait à pencher comme la tour de Pise. La première opération a consisté à le dégager de sa gangue végétale et à le cercler pour pouvoir ensuite le redresser et le consolider définitivement à sa base. Cette deuxième intervention devrait avoir lieu la semaine prochaine. »

Un monument souvenir 

Ce n'est pas un simple amas de pierres qui va ainsi échapper à l’oubli. Ce calvaire est un monument souvenir aux 209 fusillés du Château d'Aux les 2 et 3 avril 1794. « Après le Concordat, le clergé avait repris la position qu'il occupait dans la société avant les événements révolutionnaires. Le pays était encore traumatisé par les massacres qui avaient été commis dans les deux camps, mais c'est surtout ceux exécutés par les troupes républicaines du Château d'Aux que l'on pardonnait difficilement, raconte l'historien. Probablement sous l'égide du clergé et du conseil de fabrique de Brains, Saint-Jean-de-Boiseau et du Pellerin, il fut convenu d'ériger en commun un monument en souvenir de ces victimes exécutées froidement. »

Une paysanne tuée 

L’emplacement de ce monument à la Roche de Grés n'a donc pas été choisi au hasard. Ce n'est pourtant pas là qu'eurent lieu les plus gros massacres, mais dans les environs, plus précisément dans le Bois de Jasson à Brains, au Surchaud et à la Prunière pour Saint-Jean-de-Boiseau et enfin au Pellerin. « Après d'autres recherches, j'ai fini par découvrir qu'une femme nommée Anne Jeanneau, qui travaillait dans son champ, fut tuée juste là lors du passage d’une troupe de soldats républicains (1) du 10 septembre 1793, explique Jean-Luc Ricordeau. Elle n'avait rien fait de mal, elle se trouvait là au mauvais moment ce jour-là. Elle habitait la Télindière et a été inhumée dans le cimetière de la commune. C’est donc par un malheureux hasard et surtout pour la position géographique du lieu que l’emplacement du calvaire a été choisi à cet endroit. »

Chacun une pierre 

Pour sa construction, autour de 1805-1810, « les paroissiens ont apporté chacun une pierre de chez eux, ce qui explique le manque d'uniformité des pierres. Et sur le lieu de la rencontre des trois paroisses, un maçon les a disposées en cercle, sans maçonnerie, pour former une colonne sur laquelle fut scellée une croix en granit. Un petit parterre fleuri entourait le monument à l'époque ».

Et c’est ainsi que, durant des décennies, le souvenir de cette période douloureuse pour tout le secteur, à l'image d'une bonne partie du Pays de Retz, s’est perpétué. « Ainsi, jusqu'au 25 avril 1961, les habitants de Brains, Saint-Jean-de Boiseau et Le Pellerin, vinrent à travers champs faire une halle devant le calvaire. Félix Lebreton se souvenait qu'on y chantait un Requiem, puis Le Libérator qui annonçait la fin de la procession. 1968 verra l'arrêt de ces cérémonies et seule la grand-mère Grollier qui habitait en face continua d'entretenir le jardinet au pied du monument. »

Déjà sauvé de la ruine

Ce n’est pas la première fois que le monument renaît de ses cendres. Au décès de la grand-mère Grollier, le calvaire s'est dégradé par manque d'entretien, et la croix de granit s’est même brisée. « Le calvaire serait tombé dans l’oubli sans l’intervention de Pierre Fréor, alors membre du Souvenir Vendéen, qui a décidé de le remplacer. Au tout début de 1970, dans son atelier, il a récupéré du fer à béton et a réalisé rapidement celle qui subsiste aujourd'hui. Ce n'est pas une œuvre d'art... Mais cela fut fait dans l'urgence. Lui qui n'était pas particulièrement un bon paroissien, fit appel au curé de Saint-Jean-de-Boiseau, l’abbé Siloray. pour consacrer son œuvre en présence du maire de la commune, Monsieur Jousse, de la famille Grollier et de quelques voisins et amis. Après les élocutions tous se retrouvèrent dans la cave de la ferme du récoltant Grollier. » 

Source : Le Courrier du Pays de Retz, vendredi 26 octobre 2018 

Merci à Philippe !