Le monument aux morts de Montrevault a la particularité d’être établi dans une chapelle érigée dans le cimetière et de renfermer des plaques portant les noms des victimes des deux guerres de mondiales, mais aussi celles de 1870, de l’Algérie… et des Colonnes infernales !
La chapelle du cimetière de Montrevault
Parmi ces listes figure, en lettres dorées sur une plaque noire, l’inscription suivante : « À la mémoire des femmes de Montrevault tuées en haine de la Royauté et de la Religion le 2 février 1794. L’opinion populaire se plaît à les regarder comme des martyres, et a confiance dans leur intercession auprès de Dieu ».
Voici les noms de ces martyres montrebelliennes (plusieurs victimes ne sont identifiées que par un nom de famille) :
- Renée JANNIN, épouse de François BOLTSCHOUSER
- Gervaise MUSSET, épouse de René MOUILLERAS
- Marguerite DUPONT, épouse de Pierre GUÉRIF
- Anne HERVÉ, épouse de Jean GALLARD
- Jeanne GERFAULT, épouse de ROUSSEAU
- Suzanne ÉMERIAU, épouse de BOUSSIN
- Renée ROUILLER, épouse de DENIAU
- Perrine TESSIER, épouse de René BORDAGE
- Jeanne PIOU, épouse de Georges RÉZIE
- Femme THOMAS
- Femme MORANNES
- Femme HUCHON
- Femme DEFAN
- Mlle SOYER
- Mlle QUATROUILLET
- Mlles PICHONNIÈRE
La veille de ce massacre, les troupes républicaines de Cordelier et Crouzat ont été mises en déroute par les combattants de Stofflet à Gesté. L’une de ces colonnes a battu en retraite sur Montrevault où elle a capturé des femmes, dont certaines sont considérées comme des « femmes de brigands ».
C’était notamment le cas de Renée Jannin, fille de Paul Jannin, boulanger à Gesté. Elle avait épousé vers 1778 François Boltschouser (né le 4 septembre 1756 à La Boissière-sur-Èvre, décédé le 12 mai 1808 à Montrevault). Ce notable de Montrevault élu du canton au début de la Révolution, prit le parti de l’insurrection et fut l’ami de Stofflet. « Capitaine de la compagnie de l'armée royale, il fut un certain temps officier secrétaire de la division de Beaupréau. Sa mort prématurée ne permit pas à la Restauration de reconnaître ses mérites. En récompense de ces états de service, il aurait reçu sous Louis XVIII la croix de Saint-Louis et le grade de colonel. » (Ch. Poisson, Une Famille vendéenne : les Boltschouser de Montrevault, Bulletin S.L.A., 1957 ; Réponse à la question n°369, Revue du Souvenir Vendéen n° 182, mars 1993, pp. 44-45)
Gervaise Musset avait épousé René Mouilleras le 26 février 1781 à Montrevault. Né le 22 juin 1753 à La Boissière-du-Doré, René prit les armes en 1793 pour la cause des Bourbons, a servi dans leur armée royale de la Vendée en 1793 et 1794 avec le grade de capitaine et celui de commissaire. On peut lire dans sa demande de pension (A.D. 49, 1 M9/272) : « J’ai perdu mon épouse le 2 février 1794, qui a été massacrée par les Républicains, dans le cimetière de Montrevault. »
Suzanne Émeriau avait épousé Michel Boussin le 15 janvier 1788 à Montrevault. Né le 13 janvier 1751 à Montrevault, ce marchand de fil a servi « dans les armées royales vendéennes en qualité de soldat en 1793 et 1794 ». Sa demande de pension (A.D. 49, 1 M9/79) indique qu’il fut blessé au cours d’un combat dans la forêt de Leppo d’un coup de feu tiré à bout portant qui lui a brisé la mâchoire et qui le laissa sur le champ de bataille au nombre des morts. On y lit aussi : « Mon père et trois de mes enfants furent massacrés le même jour que je fus blessé, dans la forêt de Leppo, étant cachés dans le bois, et ma femme le fut dans le cimetière de Montrevault le 2 février même année (1794). »
Le sort de Perrine Tessier et de René Bordage nous est connu par la demande de pension (A.D. 49, 1 M9/68) de leur fille Rose-Jeanne-Christine (née le 24 juillet 1786 à Nantes, paroisse Saint-Léonard), qui demeurait au Mans en 1824. Cette dernière expose dans sa lettre que « René Bordage, son père, filassier à Montrevault, s’arma au mois de mars 1793… et fit dès lors partie de l’armée de la Vendée ; qu’au mois de mars 1794 il mourut glorieusement sur la terre de la fidélité, dans un combat qui fut livré entre Cholet et Maulévrier ; que Perrine Tessier, sa mère, fut massacrée par les troupes révolutionnaires dans le cimetière de Montrevault le 2 février 1794 ; que par suite, la maison et le mobilier de cette famille furent livrés aux flammes ». Les trois enfants de ce couple, qui « jouissait autrefois par son industrie d’une honnête aisance », ont été « dispersés par la tempête, livrés à toutes les horreurs du besoin ». Rose mentionne sa sœur Marguerite, domiciliée à Clisson, mais ne sait pas où se trouve son frère René. Un autre document inclus dans le dossier de pension nous apprend que René Bordage demeurait à Chantonnay et a comparu devant le juge de paix de Montrevault, assisté de François-René Boltschouser, le propre fils de François Boltschouser croisé plus haut.
En 1885, le chanoine Alphonse Desbois entrepris de bâtir dans le cimetière une chapelle en mémoire des victimes de Montrevault tuées ou disparues pendant les Guerres de Vendée. Après la Première Guerre mondiale, ce projet fut étendu aux soldats morts pour la France, ce qui suscita de vives oppositions, mais la chapelle put être achevée en 1922.
Ce monument aux morts, très original, est rarement ouvert. Il faut donc profiter des commémorations, comme celle du 11 novembre, pour découvrir ce lieu émouvant chargé de tant d’histoires.
Quelques photos de la chapelle :
L'intérieur de la chapelle et l'autel
Au centre, la plaque des martyres du 2 février 1794
Plusieurs plaques rappellent le souvenir de prêtres de Montrevault,
notamment Alphonse Desbois, qui fit ériger cette chapelle.
Près de l'entrée, l'une des deux plaques des morts de 1914-1918
Les palmes du martyre au-dessus de la porte
La chapelle au milieu du cimetière
Sur le front : À la mémoire de nos confesseurs de la foi en 1794,
À la mémoire de nos héros de la Grande Guerre 1914-1918
Resquiescant in pace
Manquent à l'appel deux filles Reyneau, qui ont peut-être disparu dans la tornade de violence de ces années 1792-1794 :
Emelie-Pélagie REYNEAU ( Montrevault, 11 janvier 1775- ?)
Aymée-Louise REYNEAU (Montrevault, le 29 décembre 1778 - ?)
Julie-Esprit ( Montrevault, le 18 mai 1777, Montrelais (44), 14 octobre 1846) est mentionnée comme fusillée avec sa mère, mais ce n'est pas elle puisque je l'ai retrouvée dans des actes de mariage et de décès. Elle n'a pas eu d'enfant.
Leur frère Michel-Jean REYNEAU (Montrevault, 9 mars 1768- Montrevault, 11 mai 1853) a été maire du village de 1814 à 1817.
Mon aïeul, René Olivier REYNEAU ( Montrevault, 15 avril 1766 - Paris 7e, 21 avril 1830) était membre du conseil général du district de Saint Florent le Vieil, en 1792. il semble avoir été " pro révolution", patriote, contrairement à son frère Michel-Jean.
Pour le moment , je n'en sais pas beaucoup plus sinon que la famille a dû être déchirée sur le plan politique.
Si vous avez des détails à m'apporter, n'hésitez pas à me contacter.
Chantal COLAS