La municipalité d’Olonne-sur-Mer a changé la dénomination de 61 rues, afin d’éviter les doublons au sein de la commune nouvelle des Sables-d’Olonne. Ce n’est pas la disparition de la République, de Hoche, Jules Ferry ou Georges Clemenceau qui a le plus fait réagir l’opposition de gauche, mais l’attribution d’une rue au général vendéen Charette. 

Rue du General Charette

À compter du 1er janvier 2019, la nouvelle commune « Les Sables-d'Olonne », qui intégrera Olonne-sur-Mer et Le Château-d’Olonne, comportera 1.650 voies. Certaines d'entre elles portent le même nom ou peuvent prêter à confusion. Pour permettre aux services de secours d'intervenir rapidement, sans risque d'erreur de localisation, et à chacun de recevoir correctement son courrier, la commune d'Olonne-sur-Mer a dû changer la dénomination de 61 de ses rues. La liste a été proposée lors de la réunion du conseil municipal du lundi 15 octobre 2018. 

Si les élus se sont mis d’accord sur la plupart des propositions, certaines ont suscité la réaction de l’opposition de gauche. La première est la rue du Colonel Beltrame (victime de la prise d’otages du Super U de Trèbes), anciennement rue des Anciens Combattants A.F.N., pour laquelle Érie Gardes, élu Front de Gauche, aurait voulu que l’on choisisse et associe « les 150 autres victimes du terrorisme » (chiffre qu’il aurait fallu actualiser à chaque nouvel attentat ?). 

La rue du Général Charette… « une provocation »

La seconde est la rue du Général Charette, anciennement rue du Maréchal Foch, qui longe l’église. Pour Éric Gardes, ce choix est « une provocation » et lui pose « un problème idéologique », ajoutant qu’Olonne-sur-Mer est « une terre républicaine, ne vous en déplaise ». Selon lui, ce choix irait à l’encontre de l’histoire locale, puisque « la scénographie de Pierre-Levée, même romancée et partisane, nous apprend que (…) ses tentatives à la tête des troupes royalistes pour s’emparer des Sables et d’Olonne (…) ont toutes échoué. Le secteur des Sables est resté républicain ».

C’est bien méconnaître l’histoire : Charette n’a en aucune façon participé aux deux attaques sur Les Sables, les 24 et 29 mars 1793, étant donné que les assauts ont été menés par Jean-Baptiste Joly. On pourrait aussi opposer à cette affirmation les listes d'anciens combattants royalistes des Sables-d'Olonne et de l'arrière-pays, consultables dans les dossiers de pension en ligne sur le site des Archives de la Vendée

« Une œuvre de réconciliation »

La réponse est venue d’Alain Blanchard, élu de la majorité municipale, qui a rappelé que le général Charrette s’est soulevé sous la Convention contre un régime que l’Histoire a nommé « la Terreur », dont fut victime en premier la Vendée. « D'autres villes de Vendée ont des rues et des places nommées Général Charette et qu'il en existe aussi dans les départements voisins (Loire-Atlantique, Maine-et-Loire). Baptiser une rue à Olonne-sur-Mer rue du général Charette, ce n'est donc pas une novation mais une œuvre de réconciliation ». 

D’autres changements de dénomination ont dû aggraver l'état de fébrilité de l’élu de gauche, comme la route Alexandre Soljénitsyne qui remplace la route des Prairies, ou encore l’effacement de plusieurs appellations bien républicaines : la rue Hoche devient la rue Madeleine Fourcade ; la rue Jules Ferry devient la rue François Guizot ; la rue Georges Clemenceau devient la rue Paul Poiroux ; la rue de la République devient la rue Montesquieu, et  la place de la République, la place de la Fête de la Fédération… un 14 juillet (1790) trop consensuel et pacifique pour plaire à l’extrême-gauche. 

Au terme de ce débat, le conseil municipal d’Olonne-sur-Mer a voté (moins une abstention et deux votes contre), en faveur de cette liste de 61 nouveaux noms de rues qui réunit, comme l’a déclaré le maire Yannick Moreau, « des gens de différents horizons, de différentes sensibilités qui, à un moment ou à un autre, ont marqué l’histoire de la Vendée et l’histoire de la France »