Après la destitution de Turreau le 13 mai 1794, son successeur, le général Vimeux, donne ses instructions pour évacuer la Vendée et redéployer ses troupes tout autour du territoire insurgé. Parmi les camps qu’il ordonne d’installer figure celui de Concourson, devant Doué. Mais où se trouvait ce camp ? 

Concourson 5Localisation des camps républicains sur le Layon,
cités par le général Vimeux en juillet 1794

   

En réalité, ce camp existait avant que Vimeux n’envoie ses instructions du 18 mai 1794. L’adjudant général Dusirat signalait déjà à Turreau, le 12 avril précédent, qu’il y avait « sept bataillons campés à Courcourson » (1), et le 8 mai, qu’il avait engagé Travot « à laisser le commandement du camp de Concourson à quelque officier supérieur » pour soutenir avec lui une attaque contre les « brigands » (2). 

Le 24 mai 1794, la défense de la vallée du Layon est confiée au général Caffin ; le quartier général est fixé à Doué et le camp de Concourson en constitue un des principaux points de défense, malgré des effectifs et des équipements jugés insuffisants (3). De là partiront plusieurs offensives sur les Mauges, notamment le 24 juin 1794 sur le bois de la Frappinière, considéré comme un repaire de Stofflet. 

« Le camp de Concourson, qui est à Millé »

Les indices sont rares pour situer précisément ce camp, dont on ne trouve nulle trace sur le cadastre napoléonien de Concourson, qui date de 1819. L’un des successeurs de Vimeux, le général Canclaux (4), écrit le 26 novembre 1794 que « Rochefort est occupé ; un poste de six cents hommes couvre la forêt de Beaulieu et celle de Brissac. Un poste de cent hommes placé à l’Étang joint la ligne à la colonne agissante du camp de Concourson, qui est à Millé ». 

Voilà qui est confus de la part de Canclaux… S’il n’y a aucun lieu-dit « Millé » à Concourson, on trouve un village de ce nom sur la commune de Chavagnes, à 20 km de là, au nord de Martigné-Briand. Y a-t-il eu un camp à cet endroit ? Oui, et Vimeux l’a compté parmi les quatorze qu’il énumère (mais en le distinguant de celui de Concourson) à la mi-juillet 1794 : « Ils étaient situés à Beaulieu, à Millé, près Johannet, à Concourson, au pont de Vrines, à Moncoutant, à Chiché, à La Châtaigneraie, au Pont-Charron, à Creil-Bournezeaux, à Nesmy, à Saint-Georges, près La Mothe-Achard, à Apremont, à Fréligné, près Touvois, à la Roullière » (5). Stofflet a même attaqué, le 4 août 1794, ce « camp retranché de Millé, au-dessus des fontaines minérales de Johannet » (6). 

Un camp établi aux « mines de Millé »

L’édition révisée du Dictionnaire de Maine-et-Loire de Célestin Port cite également « Millé » dans la rubrique de Concourson-sur-Loire : « De 1795 à 1797 un camp de soldats républicains fut établi aux mines de Millé, près de Concourson. Ils brûlèrent les machines pour se chauffer et jetèrent de grosses pierres dans les puits. Il ne restait plus à ce moment, que trois ou quatre ouvriers travaillant aux mines (E. Gabory, La Révolution et la Vendée, t. I, pp. 262-298 ; t. II, p. 202) ». Tout cela n'est pas très clair : d’abord le camp existait dès 1794 et n’a pas été maintenu au-delà de 1795 ; d’autre part on ne trouve pas de « Millé » à Concourson, ni de mine à Millé en Chavagnes. 

En revanche, on trouve bien des mines de charbon, avec plusieurs puits, au nord du bourg de Concourson. Elles apparaissent d’ailleurs nettement sur la carte de Cassini au XVIIIe siècle (illustration ci-dessous, ainsi que sur le cadastre de 1819), en un lieu qui semble propice à l’établissement d’un camp. L’endroit culmine en effet sur un promontoire à plus de trente mètres au-dessus de la vallée du Layon et garde deux routes importantes : au sud, la route stratégique de Saumur à Cholet, passant par le bourg de Concourson ; au nord, le chemin de Doué à Chemillé. 

Concourson 4Les mines de Courcourson sur la carte de Cassini contemporaine de la Révolution. Elles sont marquées par un cercle rouge entre les routes de Doué à Chemillé (au nord) et de Saumur à Cholet (au sud, passant par le bourg de Concourson).

Concourson 1Les mines de Concourson sur le cadastre de 1819 (A.D. 49, 3 P 4 / 109 / 1)

Concourson 2Détail des mines sur la Section C2 du cadastre (A.D. 49, 3 P 4 / 109 / 9)

Concourson 3Les mines encore en activité, sur la carte d'état major (XIXe siècle)
   

Difficile de déceler sur place des traces du camp ; même celles de la mine ont quasiment disparu. Alors est-ce sur ces hauteurs que les soldats républicains s’étaient retranchés ? 

Concluons en indiquant que les registres d’état civil de Concourson conservent la mention d’un soldat mort dans le camp républicain : le 26 fructidor an II (12 septembre 1794), Jean Vennan, volontaires de la 2e compagnie du 11e bataillon de la Haute-Saône, et Jean-Gabriel Monneau, sergent major de la 3e compagnie du 11e bataillon de la Haute-Saône, viennent déclarer que Jean Chantergret, volontaire de la 3e compagnie du 11e bataillon de la Haute-Saône, est mort ce matin-là au camp situé en cette commune (7). François Salmon, officier public de Concourson note qu’il s’est rendu sur place pour constater le décès, mais ne donne malheureusement pas plus de précisions sur le lieu. 

AD_ConcoursonActe de décès de Jean Chantergret, volontaire de la 3e compagnie du 11e bataillon de la Haute-Saône, mort au camp républicain de Concourson (A.D. 49)
   


Notes :

  1. J.-J. Savary, Guerres de Vendéens et des Chouans contre la République française, t. III, p. 392. 
  2. Ibidem, t. III, p. 476. 
  3. Le 21 juin 1794, Caffin écrit à Vimeux que « les dépôts qui restent au camp de Concourson sont à peine armés, les avant-postes sont presque tous les jours attaqués. Il ne reste plus que des piques pour armes » (Savary, t. II, p. 567) ; et le 6 août suivant : « J’ai à peine deux mille cinq cents hommes pour garder les Ponts-de-Cé, Rochefort, Chalonnes, les bords du Layon et le camp de Concourson » (Savary, t. IV, p. 67). 
  4. L’armée de l’Ouest est commandée par général Vimeux jusqu’en août, par le général Dumas jusqu’en octobre, puis par le général Canclaux. 
  5. F. Deniau, Histoire de la Vendée, t. IV, p. 527. 
  6. Ibidem, t. IV, p. 543. Aujourd’hui « Jouannet », sur le ruisseau de la Vilaine, affluent du Layon. 
  7. A.D. 49, état civil de Concourson-sur-Layon, NMD 1792-An X.