Une lettre des représentants du peuple Turreau et Bourbotte, du 19 nivôse an II (8 janvier 1794), rend compte au Comité de Salut public de la prise de l’île de Noirmoutier par les troupes républicaines.
Détail de la lettre annonçant que l'île de Noirmoutier reprise aux Vendéens portera désormais le nom révolutionnaire d'île de la Montagne (A.D. 85, SHD B 5/8-10)
Les deux représentants du peuple commencent leur rapport en le datant de « l’isle cy devant dite de Noirmoutier » qu’ils déclarent avoir renommée « isle de la Montagne », en référence aux montagnards qui ont accaparé le pouvoir depuis le coup d’État du 31 mai 1793.
« La reprise de cette isle est une des plus heureuses expéditions depuis la guerre existante contre les rebelles de la Vendée » se félicitent Turreau et Bourbotte (1) qui relate la traque menée par les Bleus après leur victoire. « Après avoir fait cerner cette isle par les bâtiments de notre petite flotte, nous la fouillames d’un bout à l’autre comme dans une chasse aux lapins et cette battue fit sortir des bois, des rochers, des souterrains mêmes un déluge de prêtres, de femmes émigrées et la liste suivante de tous les chefs que nos soldats avaient tant et si souvent cherché dans les rangs de l’armée catholique et royale sans pouvoir les atteindre ».
Outre le généralissime d’Elbée, dont ils joignent copie de l’interrogatoire, vingt autres noms de chefs vendéens sont cités. Tous sont passés devant une commission militaire qui les a frappés « du glaive exterminateur aux cris mille fois répétés par nos soldats de vive la république et ses deffenseurs ».
Les représentants du peuple ajoutent : « Nous avons trouvé aussi dans notre battue plus de trois cent brigands cachés tant dans les bois de l’isle que sur les bords de la côte ; ils ont subi le sort des chefs ». Ont été également compris dans la répression : Wieland, qui commandait la place ; Palvadeau, membre de la commune de Noirmoutier, présenté comme un « agent de d’Elbée » ; et les habitants de Barbâtre, jugés comme « infâmes complices » qui ont « pilotté les troupes de Charette » et « ont combattu contre nous quand nous faisions notre débarquement ».
La répression fut terrible, non seulement à l’encontre des combattants, mais aussi des habitants de Barbâtre, et des réfugiés vendéens qui se croyaient à l’abri dans l’île que Charette avait conquise le 12 octobre 1793 et qui constituait, jusqu’aux premiers jours de 1794, le dernier réduit vendéen encore préservé de la Terreur.
Source : Archives de la Vendée, Archives militaires de la guerre de Vendée conservées au Service historique de la Défense, SHD B 5/8-10
- Il s’agit de Louis Turreau (1761-1797), cousin du général en chef de l’armée de l’Ouest, et de Pierre Bourbotte (1763-1795), tous les deux députés de l’Yonne à la Convention.