La date est certaine : le 12 janvier 1765 naissait Louis-Marie-Auguste-Fortiné d’Andigné, futur général de la Chouannerie. Le lieu de naissance qu’avancent les historiens pose cependant question.
Acte de baptême de Louis d'Andigné, à Angers et non à Saint-Gault (A.D. 49)
Dans le tome II de son livre sur La Chouannerie du Maine, véritable dictionnaire biographique de plus de 120 officiers royalistes, l’abbé Paulouin écrit que Louis d’Andigné « naquit à Saint-Gault, près Segré (Maine-et-Loire) » (1). Et cette affirmation est répétée invariablement dans nombre d’ouvrages historiques, même récents (2).
Or, aucun baptême à ce nom n’a été noté dans le registre paroissial de Saint-Gault en 1765. Il faut donc chercher ailleurs et s’éloigner de 60 km pour trouver l’acte de baptême de Louis d’Andigné, à Angers, paroisse de Saint-Michel-la-Palud :
« Le treizième jour de janvier mil sept cent soixante cinq a été baptisé par nous curé soussigné, Loüis Marie Auguste Fortuné, né du jour d’hier, fils de haut et puissant seigneur Messire Guy Charles François d’Andigné, chevalier comte de Sainte-Gemme d’Andigné, seigneur de la Blanchaye, la Touche Bureau et autres lieux, et de haute et puissante dame Madame Louise Joséphine de Robien, comtesse d’Andigné, son épouse, de cette paroisse.
Ont été parrain Messire Loüis René Cyr de Robien, officier de Marine demeurant dans la ville de Brest, oncle maternel de l’enfant, et marraine demoiselle d’Andigné de Mayneuf, pensionnaire à l’abbaye royale du Ronceray de la paroisse de la Trinité de cette ville (Angers), cousine paternelle dudit enfant baptisé, tous les deux représentés, sçavoir ledit parrain par François Martineau garçon et ladite marraine par Marie Juin fille, l’un et l’autre demeurants à l’hopital des incurables de la paroisse de Saint Martin de cette ville qui ont déclaré ne sçavoir signer (3). »
Il est difficile de croire, pour l’époque, qu’il ait pu naître à Saint-Gault, qu’on l’ait trimballé sur plus de douze lieue jusqu’à Angers, sans même avoir pris la précaution d’ondoyer le nourrisson au préalable…
Une autre erreur de date de décès
Engagé dans la Marine royale à l’âge de 14 ans, en 1779, Louis d’Andigné prit le parti de l’émigration en 1791 et combattit dans l’armée des Princes. Il débarqua en Bretagne en 1795 et gagna le nord de l’Anjou tenu par les Chouans de Scépeaux, qui lui confia le commandement de la région de Segré. Il se soumit en 1796, mais reprit les armes en 1799 et participa à la prise de Nantes dans la nuit du 19 au 20 octobre. Arrêté en 1800, il s’évada à deux reprises et s’enfuit en Allemagne jusqu’à la fin de l’Empire. Il fut à nouveau impliqué dans les soulèvements de 1815 et 1832.
Les biographes de Louis d’Andigné indiquent qu’il est décédé le 1er février 1857 à Fontainebleau… et se trompent encore, mais seulement d’un jour. Son acte de décès est daté du 31 janvier 1857 (4).
Acte de décès de Louis d'Andigné (A.D. 77)
Notes :
- Abbé Paulouin, La Chouannerie du Maine et des pays adjacents, 1793-1799-1815-1832, avec la biographie de plus de 120 officiers, Le Mans, 1875, t. II, p. 14. Située en Mayenne, au nord de Château-Gontier, la commune de Saint-Gault a fusionné en 1973 avec celle de Quelaines sous le nom de Quelaines-Saint-Gault.
- Par exemple Philippe Boitel, Les Français qui ont fait la France, Sud-Ouest, 2009, p. 51. Je ne parle même pas de la page Wikipédia de « Louis d’Andigné » qui le fait naître à la fois à Quelaines-Saint-Gault et à Angers ; on y lit aussi qu’il entre dans la Marine royale en 1782, et qu’il participe à la bataille d’Ouessant… qui a eu lieu en 1778 !
- Archives du Maine-et-Loire, état civil d’Angers, paroisse de Saint-Michel-la-Palud, BMS 1762-1767, vue 67/125. L’acte a été signé par Guy-René-Charles-François d’Andigné (le père), Jean-Louis d’Andigné de Mayneuf (cousin paternel du père, de la paroisse de Saint-Maurille d’Angers), Mathurin Besliand de Lisle, docteur régent de la faculté de médecine (de la paroisse Sainte-Croix d’Angers).
- Archives de la Seine-et-Marne, état civil de Fontainebleau, NMD 1857 (5MI3989), vue 251/331.