Extérieurement, c’est une humble chapelle rustique sans grand ornement, sinon une croix sculptée scellée sur sa façade ; intérieurement, c’est un sanctuaire vénéré, orné de statues et de souvenirs du Père Montfort. Car la « Petite Chapelle » de Roussay perpétue la mémoire du saint missionnaire venu ici à l’été 1714.
La grande statue du Père de Montfort touche presque le plafond voûté de la Petite Chapelle. À droite, on distingue la niche où la statuette de la Vierge, qu'il avait donné en 1714, était exposée jusqu'à son vol en 1966.
Ce bâtiment aux dimensions modestes – sa hauteur dépasse à peine les trois mètres, et sa surface intérieure avoisine huit mètres carrés – se situe au bout de la rue qui porte son nom : la Petite Chapelle. Le cadastre de 1834 la désigne comme « la Chapelle de Saint-Sauveur », en référence au prieuré Saint-Sauveur qu’on voyait encore à l’extérieur du bourg de Roussay sur la carte de Cassini (XVIIIe siècle). Ce prieuré et son église, déjà en ruines avant la Révolution, se situaient entre les actuelles rues de la Petite Chapelle et du Douet-Aubert.
La chapelle sur le cadastre de Roussay daté de 1834 (A.D. 49)
La Petite Chapelle s’élève à l’endroit même où Louis-Marie Grignion de Montfort fit ériger une croix à la fin de la mission qu’il mena à Roussay en juin-juillet 1714. Il résida pendant trois semaines dans cette paroisse et laissa une influence durable sur ses habitants. Le Dictionnaire du Maine-et-Loire indique qu’il en reste encore, conservés à la cure, « une écuelle en terre et une statuette dite du Père de Montfort. Cette Vierge de 35 cm, sculptée au couteau, est en bois fruitier (poirier). Elle est montée sur un socle en cerisier et, comme celle de La Séguinière, est attribuée au ciseau du Père de Montfort. Sauvée en 1879 par la famille Dupouët, elle a été remise par elle en 1957 à M. le curé de Roussay » (1).
Localisation de Roussay sur une carte de l'Anjou de 1753.
Cette paroisse se situait à l'extrémité nord du diocèse de La Rochelle.
C’est à la famille Dupouët qu’on doit d’ailleurs la construction de la Petite Chapelle, plus précisément à Marie-Henriette Boussion, veuve de René-Jacques Dupouët (2), qui en avait fait le vœu durant la Terreur. Elle eut lieu en 1809, un an avant la mort de cette bienfaitrice, qui survint le 1er juillet 1810 à Roussay (illustration ci-dessous). Une statuette de la Vierge donnée par le Père de Montfort en 1714 à celui qui le servait, un certain Brunet comme le rappelle une plaque émaillée à l’intérieur, fut léguée à la Petite Chapelle par le fils de ce dernier (3) et placée dans une niche. Hélas ! elle a été volée en 1966 et l’on n’en conserve qu’une photo jaunie déposée au même endroit.
Acte de décès de Marie-Henriette Boussion, le 1er juillet 1809
(A.D. 49, NMD Roussay, AN XI-1811, vue 52/59)
Quelques photos de la Petite Chapelle de Roussay :
La croix gravée « en souvenir du Bienheureux Montfort »
sur la façade de la Petite Chapelle
Notes :
- Édition révisée, t. III, 1989, p. 524.
- Né le 6 mai 1764 à Roussay, fils de René Dupouët, marchand, et de Renée Bourasseau, René-Jacques Dupouët s’est marié le 21 février 1786 à Torfou avec Marie-Henriette Boussion, fille de Jacques Boussion, marchand foulon, et de Marie Martineau. D’après ses actes de mariage et de décès, il semble que Marie-Henriette Boussion soit née vers 1766 à Torfou.
- L'acte de décès de Marie-Henriette Boussion mentionne Charles Brunet comme beau-frère de la défunte.