Claude Bodin œuvre depuis des années pour entretenir le souvenir de Françoise Gandriau, jeune Fontenaysienne guillotinée en 1794 à Lassay-les-Châteaux, en Mayenne. Il lui consacre aujourd’hui une imposante biographie de près de mille pages.
On ne trouvait jusqu’à présent que de courtes notices sur cette jeune femme emportée dans la tourmente des Guerres de Vendée. Bien décidé à combler ce manque, Claude Bodin a rassemblé la plus large documentation et pris la plume afin de raconter dans un récit vivant, respectueux des faits historiques, le destin de Françoise Gandriau, plus connue sous le nom de la « Petite Émigrée ».
Orpheline à l’âge de dix ans, Françoise Gandriau fut placée comme servante dans une famille noble de Fontenay-le-Comte, les Duchesne de Denant. Remarquée pour son intelligence, elle put recevoir une éducation soignée malgré sa condition modeste.
Après la prise du chef-lieu de la Vendée le 25 mai 1793, la jeune Françoise demeura aux côtés de sa famille d’adoption, qui suivit l’armée catholique et royale, y compris dans sa campagne d’outre-Loire.
Égarée près de Mayenne, elle prit la route du Ribay et finit par trouver refuge chez l’ancien maire du lieu, Julien Thuault, qui la prit en pitié. Dénoncée par le curé assermenté Mahé, elle ne tarda pas à être arrêtée, le 2 février 1794, conduite à Lassay et incarcérée dans une maison de la place du Boyle.
Elle demeura un mois en prison, le temps de faire venir J.-B. Volclerc, autre curé constitutionnel de sinistre réputation, qui fit dresser sa guillotine sur la place de la Pointe, entre la route d’Ambrières et la rue du Château. La justice révolutionnaire est expéditive : Françoise fut condamnée à mort le 15 ventôse an II (5 mars 1794). Elle aurait pu échapper à la sentence en se déclarant enceinte, mais elle fit le choix de la mort plutôt que celui du déshonneur. Elle n’avait que dix-huit ans lorsqu’elle fut guillotinée.
Sa légende commence alors. On raconte que pour transporter sa dépouille vers la Lande des Malheureux, trois chevaux n’y suffirent pas. On leur adjoignit un quatrième, avec lequel l’attelage eut bien de la peine à gagner le lieu de l’inhumation. On parla de sainteté… Discrètement un culte se développa autour de la tombe de la jeune Vendéenne, à qui l’on vient depuis lors demander la guérison des enfants entravés dans la marche en lui offrant des fleurs et des prières.
Originaire de Mortagne-sur-Sèvre, Claude Bodin a découvert la vie et le martyre de Françoise Gandriau alors qu’il était sous-préfet de la Mayenne. Pour honorer sa mémoire, il a créé une association du Souvenir de la Petite Émigrée et organisé une messe annuelle le jour anniversaire de la mort de cette jeune Vendéenne. Il signe à présent une biographie en deux volumes, dont le premier vient de paraître. Le second sortira en avril 2019.
Claude-Olivier Beaurain (nom de plume de Claude Bodin), Une jeune fille de Fontenay-le-Comte dans la tourmente révolutionnaire, Publibook, tome Ier, 448 pages, 34,50 €.