Après le vitrail des Martyrs de Moulin la Reine en 1794, arrêtons-nous sur cette autre verrière de l’église de Montilliers illustrant le retour de l’abbé Raison, curé de cette paroisse au début de la Révolution, et qui fut déporté pour avoir refusé de prêter le serment constitutionnel. 

Montilliers 3L'abbé Raison de retour à Montilliers en 1801 
   

Joseph-Augustin-Thomas Raison est né à Fontenay-le-Comte le 7 mars 1760. Il apparaît dans le registre de Montilliers, comme vicaire, de janvier 1787 à avril 1790, puis comme curé de mai 1790 à octobre 1791. Il fait alors place à un prêtre « jureur » originaire de Montreuil-Bellay, Ambroise Treton, qui signera les actes jusqu’au 27 octobre 1792, date à laquelle le registre paroissial passera à l’état civil de la mairie. 

L’abbé Raison a en effet refusé de prêter le serment constitutionnel, à l’instar de la plupart de ses confrères du district de Vihiers. Il eut cependant la prudence de ne pas se rendre à Angers, où les autorités départementales avaient ordonné que les réfractaires soient placés sous surveillance. Il préféra au contraire poursuivre son ministère dans la clandestinité auprès de paroissiens qui n’avaient foi que dans les sacrements de leur « bon prêtre », et non dans ceux de « l’intrus » Treton.  

La répression se durcit encore en 1792 contre ceux qui n’avaient pas prêté le serment à la Constitution civile du clergé ou qui s’étaient rétracté. La loi du 26 août les condamna finalement à la déportation, n’épargnant – provisoirement – que les invalides et les plus âgés. L’abbé Raison prit par conséquent le chemin de l’exil. Un passeport lui fut remis le 7 septembre 1792, à Poitiers, d’où il partit vers Limoges, Clermont, Lyon, et la Savoie. Son itinéraire changea toutefois brutalement en direction des Pyrénées et de l’Espagne, où un grand nombre de prêtres réfractaires avaient trouvé refuge. 

Il y demeurera pendant neuf ans, à l’abri du tumulte de la guerre civile qui dévasta sa paroisse. La signature du Concordat en 1801 ramena enfin la paix religieuse et offrit un espoir de retour à l’abbé Raison. Cette même année, il obtint enfin le droit de rentrer au pays, soutenu par ses paroissiens qui l’accueillirent triomphalement, comme le montre le vitrail. L’abbé Raison apposa à nouveau sa signature dans le registre de Montilliers à la date du 6 novembre. Il poursuivra son ministère jusqu’à sa mort, le 21 décembre 1809. 

MontilliersLa verrière du retour de l'abbé Raison, réalisée par R. Desjardins,
maître verrier angevin, en 1929

Montilliers 2Détail des personnages de la scène (on notera les coiffes angevines)

Montilliers 1À l'arrière-plan, l'église du prieuré avec sa toiture délabrée après la Révolution
(l'actuelle église paroissiale fut bâtie au XIXe siècle) 

Montilliers 4

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AD Joseph RaisonL'acte de décès de l'abbé Raison