Lors de leur journée au pays de Vihiers, les Amis du Pont-Paillat ont fait étape à l’église Saint-Nicolas pour découvrir un superbe vitrail illustrant un épisode fameux de la bataille du 18 juillet 1793 : le saut de Santerre.
Le vitrail du saut de Santerre à la bataille de Vihiers
Réalisé dans les années 1900 par Jean Clamens, le grand maître verrier angevin, ce vitrail représente un groupe de femmes en prière devant un calvaire abattu, et à l’arrière-plan un cavalier qui, pour échapper à deux poursuivants armés, saute un haut mur de pierres dans un décor de champ de bataille. Au bas de la composition, une mention « Vihiers en 1793 » situe l’événement sans autre précision.
Après l’échec des Vendéens à Nantes le 29 juin 1793 et la perte de leur généralissime Cathelineau, mort à Saint-Florent-le-Vieil le 14 juillet suivant, le général républicain La Barolière lance une attaque sur le front du Layon. Il se heurte aux Blancs et les bat le 15 juillet à Martigné, se réjouissant de la mort de d’Elbée, alors qu’en réalité c’est Bonchamps, qui n’est que blessé.
Les Bleus prennent position à Vihiers
Le lendemain, alors que les vaincus se replient sur Coron, les troupes républicaines se déploient jusqu’à Vihiers. « Jamais masse d’hommes aussi considérable n’avait menacé la Vendée » écrit l’abbé Deniau (Histoire de la Vendée, t. II p. 284). Menou, avec trois divisions placées sous ses ordres, arrive de Saumur à Vihiers le 16 juillet ; Santerre, qui commande la première, s’installe dans la ville ; Joly et Chabot, avec les 2e et 3e divisions, bivouaquent aux alentours, en liaison avec La Barolière, établi au camp de la Gasnerie près de Montilliers. Leur nombre « incalculable » est cependant tempéré par le caractère peu aguerri de la plupart de ces milliers de soldats.
Les Bleus placent un premier corps en avant de la ville, en direction de Cholet : sur les buttes des moulins de Galerne et sur les hauteurs qui dominent le pont du Lys. Un 2e corps s’établit près de la métairie de Jusalem, qui surplombe la vallée du Lys. Au sud, sur le flanc gauche, un 3e occupe les abords du cimetière, « dans les champs escarpés de la Dauphinerie ». La cavalerie se tient embusquée dans les rues de Vihiers. Mais ces positions, solides pour la défense, compliquent toute attaque et surtout tout soutien entre les différents corps.
Les positions républicaines autour de Vihiers
La bataille de Vihiers
Le 17 juillet, une avant-garde commandée par Menou est battue à Coron par les 600 transfuges suisses et allemands commandés par Keller. Le bruit de la fusillade rameute alors des milliers de paysans des paroisses environnantes, bien moins nombreux cependant que les forces républicaines qui galvanisent l’enthousiasme des patriotes de Vihiers. À ces chances inégales s’ajoute l’absence des généraux vendéens. Seuls sont présents des officiers subalternes : Forestier, Boisy, Piron, Keller, Guignard, etc. L’abbé Bernier prend donc les choses en main, dirige les opérations, harangue les combattants et leur fait croire que les grands noms de la Vendée commandent le mouvement. Il n’en fallait pas plus pour lancer l’assaut. Nous sommes le 18 juillet 1793 ; il est midi.
L’aile droite des Vendéens (paroisses de Saint-Hilaire, Saint-Paul-du-Bois, La Plaine, etc.), commandée par La Guérivière et Bonnin, attaque le 3e corps républicain du côté du cimetière et de Pique-Bœuf. Le centre (paroisses de Coron, Vezins, La Salle-de-Vihiers, Trémentines, Les Gardes, etc.), conduit par Piron, Marsanges, Villeneuve, se porte sur les positions des moulins de Galerne et du pont du Lys. L’aile gauche (paroisses de Montilliers, du Voide, de Gonnord, Chanzeaux, Melay, etc.), est dirigée par Forestier et Guignard vers la métairie de Jusalem.
D’abord surpris de se voir attaqués de tous côtés, les Bleus tiennent bon, mais un mouvement de Piron sur le pont du Lys et ses défenseurs campés sur les hauteurs fait fléchir ces derniers qui se replient précipitamment dans la ville. Sur la gauche des Vendéens, c’est Guignard qui franchit la rivière pour se lancer à l’assaut des hauteurs de Jusalem ; là encore, les Bleus refluent vers Vihiers.
Les Vendéennes en prière durant la bataille de Vihiers
Le saut de Santerre
Santerre, qui commande en chef puisque Menou a été blessé la veille à Coron, s’efforce de rallier les fuyards, en vain. Pris d’épouvante, il finit par tourner bride, talonné par trois Vendéens (Forest, Renou et Loyseau) qui l’ont aperçu. « Ils s’élancent à sa poursuite, gagnent du terrain et sont près de l’atteindre, le sabre de Loyseau déjà le touche, lorsqu’il fait sauter à son cheval un mur de cinq pieds d’élévation et leur échappe » (Deniau, t. II, p. 292).
L’épisode devenu fameux sous le nom de « saut de Santerre » signe la fin de la bataille de Vihiers. Sous une chaleur accablante, les Bleus s’enfuient dans une complète débâcle, tandis que les Blancs achèvent leur victoire de tous côtés.
Détail du vitrail du saut de Santerre, sur fond de champ de bataille
« Jamais victoire des Vendéens n’avait été plus glorieuse et plus complète. Avec une poignée d’hommes, ils venaient dans l’espace de quelques heures, de repousser une armée formidable (…), de recueillir un butin immense en artillerie, en fusils, en munitions et en effets d’équipage de tout genre. Trente canons tombèrent en leur pouvoir. Leur perte en hommes fut insignifiante, tandis que les cadavres des Républicains couvraient toute la campagne environnante (…) Sur la seule métairie de la Bilangerie, on recueillit six grosses charretées de cadavres. Dans la traversée de Vihiers, pour faire circuler les canons et les caissons, on fut obligé d’entasser les morts le long des maisons. Un grand nombre de prisonniers restèrent au pouvoir des vainqueurs… » (Deniau, t. II, pp. 295-296)
Quelques photos des sites de la bataille de Vihiers avec les Amis du Pont-Paillat :
Le coteau de Jusalem et le panorama vers Vihiers
(aile droite des républicains)
Les Amis du Pont-Paillat à Jusalem
Le pont du Lys, sur la route de Cholet
Le pont et la rivière du Lys
(centre des républicains sur les hauteurs)
Le chemin sur le coteau de la Dauphinerie (aile gauche des républicains)