Lors de leur dernière promenade historique au pays de Vihiers, les Amis du Pont-Paillat ont porté leurs pas jusqu’à la Croix Leroy, dite aussi Croix de Beauchêne ou des Martyrs, qui commémore les massacres des Colonnes infernales en 1794 à La Salle-de-Vihiers.
La plaque de la Croix Leroy ou Croix des Martyrs
Cette croix se dresse à l’angle du « Carrefour des Chats », sur le vieux chemin menant du bourg de La Salle-de-Vihiers aux Braudières, en passant par la ferme de la Touche. Elle fut érigée le 18 août 1889 par la famille Leroy, « à la mémoire de ses parents fusillés et enterrés dans ce champ avec 50 autres victimes le 24 janvier 1794. Leurs enfants seront écrasés sous leurs yeux (Isaïe 13.16) » comme l’indique l’inscription sur la plaque scellée dans la pierre.
La Croix Leroy au Carrefour des Chats
Deux événements situés autour de ce monument sont racontés dans les vitraux de l’église paroissiale.
Le premier (illustration ci-contre) est daté par l’abbé Deniau à la fin janvier 1794 : « Un détachement (d’une colonne républicaine), en descendant de La Salle-de-Vihiers sur Gonnord, massacre dix-sept femmes et enfants auprès du village des Gaschets. Il rencontre encore, au carrefour des Chats, une trentaine de femmes et d’enfants ; il les enveloppe et les égorge presque tous sur place. Quelques victimes cependant ont pu s’enfuir, mais elles sont bientôt atteintes ; l’une d’elles, au passage d’une haie, reçoit sept coups de sabre et a les deux oreilles coupées (la femme Loyseau, du Coteau, paroisse du Voide) ; son enfant est également blessé. Quelques heures plus tard, quand les assassins ont disparu, des Vendéens accourent auprès de cette femme et s’efforcent de la ramener à la vie. Ils la déposent mourante au milieu d’un champ de genêts, où elle est abritée seulement pas quelques branches contre les rigueurs de la saison. Elle survécut à ses blessures ; mais son enfant, qui avait reçu une large entaille au ventre, mourut au bout de trois jours (1). » (F. Deniau, Histoire de la Vendée, t. IV, p. 231)
Carte des lieux cités
Un second vitrail (ci-contre) illustre un autre épisode qui survint le 14 avril 1794, lorsque plusieurs membres de la famille Péneau furent massacrés dans un champ voisin, près de Beauchêne. Il s’agissait d’Étiennette Davy (ou David), 42 ans (2), épouse de Louis Péneau (3), tisserand à La Salle-de-Vihiers, et ses trois enfants : Louise, 13 ans (4) ; Étiennette, 9 ans (5) et Louis, 6 ans (6). Une autre fille de ce couple, Jeanne, 4 ans (7), eut un bras brisé et le corps traversé de part en part d’un coup de baïonnette dans les bras de sa mère. Lorsqu’on s’apprêtait à l’enterrer le lendemain, avec les autres membres de sa famille, on s’aperçut qu’elle respirait encore.
La petite fut emportée à la Fouquette où elle fut soignée. Élevée par la mère de Rose Giet, dont nous parlerons prochainement, elle épousera Jacques Leroy le 30 juin 1812, à La Salle-de-Vihiers. Ce sont leurs descendants qui élèveront cette croix en 1889, année du centenaire de la Révolution.
Notes :
- « En arrivant auprès de ces deux victimes, les Vendéens trouvèrent l’enfant étendu sur le dos et la figure tournée vers sa mère qui était évanouie : “C’est ta maman ? – Oui, dodo, maman. – Où as-tu mal ? – Là, là, bobo”, fit l’enfant en mettant la main sur son ventre. Ils soulèvent sa robe, et voient ses intestins qui sortaient par une large blessure. » (Deniau, ibidem)
- Elle est née le 29 mai 1751 à La Salle-de-Vihiers.
- Aussi noté « Payneau ». Ils se sont mariés le 18 juillet 1775 à La Salle-de-Vihiers.
- Louise Étiennette Péneau est née le 2 juillet 1780 à La Salle-de-Vihiers.
- Étiennette Péneau est née le 2 septembre 1785 à La Salle-de-Vihiers.
- Louis Péneau a été baptisé le 12 avril 1788 à La Salle-de-Vihiers.
- Jeanne Péneau est née le 22 octobre 1790. Elle avait une jumelle, Perrine, non citée parmi les victimes du massacre.
Détails des vitraux :
Janvier 1794, le massacre d'une trentaine de femmes et d'enfants au Carrefour des Chats
Avril 1794, le massacre de la famille Péneau dans le champ de Beauchêne
