Au fil de leur parcours des Guerres de Vendée au pays de Vihiers, les Amis du Pont-Paillat ont croisé à plusieurs reprises la figure de Rose Giet : dans les vitraux de l’église de La Salle-de-Vihiers, dans la chapelle de la communauté des Filles de la Charité, et à Notre-Dame de Vertu, à Coron.
Rose Giet est née à la ferme de la Fouquette, paroisse de La Salle-de-Vihiers, et a été baptisée le 3 décembre 1784. Fille de René Giet et Marie Buffard, elle était la dixième enfant sur les onze de la famille. Les parents de Rose étaient de modestes métayers, présentant tous les caractères du peuple du Bocage : foi vive, piété fervente et simplicité de mœurs.
Acte de baptême de Rose Giet (A.D. 49)
Rose Giet échappe au massacre de Coron
En 1793, la petite Rose se trouvait pensionnaire de la maison tenue par les religieuses de la Sagesse à Coron. L’hospice et l’école que les sœurs – héritières du Père de Montfort – avaient établis dans cette paroisse en 1734 portaient le nom d’un modeste oratoire devenu un lieu de pèlerinage : « Vertu ».
Coron se trouvant sur la grand’route de Saumur à Cholet, l’endroit vit passer et se confronter à plusieurs reprises les armées vendéennes et républicaines. Ce fut le cas notamment le 11 avril 1793, tout juste un mois après le soulèvement populaire qui embrasa les Mauges.
Le matin du combat, l’artillerie ennemie dirigea son feu sur le clocher de l’église où l’on sonnait le tocsin. Chaque coup de canon ébranlait les maisons. À Vertu, l’un d’eux fit tomber une statuette de la Vierge dans le tablier de Rose qui se tenait assise près de la cheminée. L’enfant s’en saisit, la serra dans ses bras pour lui demander protection, puis s’enfuit avec elle, en entraînant sa sœur, pour se réfugier chez ses parents à La Salle-de-Vihiers.
Pendant ce temps, à Coron, les Bleus se déchaînèrent sur ceux qui tombaient entre leurs mains. Deux religieuses de la Sagesse étaient restées à leur poste à Vertu : la première fut massacrée, la seconde, frappée à coups de sabre, laissée pour morte ; trente blessés vendéens qui avaient été déposés à l’hospice furent également égorgés sans pitié.
Sur le chemin de La Salle-de-Vihiers, Rose et sa sœur croisèrent deux soldats républicains qui les épargnèrent et leur indiquèrent même le chemin de la Fouquette. Un vitrail de l’église paroissiale illustre cet épisode (illustration ci-contre).
Le soldat républicain indique le chemin aux deux fillettes.
La légende du vitrail de Rose Giet en 1793. L'église de La Salle-de-Vihiers conserve une série de vitraux racontant la vie de la religieuse.
Fondatrice des Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus
Rose survécut à la guerre civile et à la Révolution. Elle aidait ses parents aux travaux de la métairie, mais en raison d’une santé fragile, elle prit le métier de couturière. Ayant renoncé au mariage, elle eut pour projet de consacrer sa vie aux pauvres et aux malades.
Son curé, Jean-Maurice Catroux (1794 Les Rosiers-sur-Loire – 1863 La Salle-de-Vihiers), l’interpella un beau jour sur sa vocation. Elle accepta de prendre l’habit, le 18 décembre 1823, sous le nom de « Sœur Marie ». Elle suivit une formation à la petite communauté de Montilliers, afin de devenir institutrice, et fut rejointe par une deuxième sœur, qui était infirmière. Bientôt se forma une petite communauté « au service des pauvres et des malades et pour l’instruction de la jeunesse ».
Les bustes de l'abbé Catroux et de Rose Giet, fondateurs de la congrégation des Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus
Inspirée par la spritualité du Sacré-Cœur, dans ce pays profondément marqué par les Guerres de Vendée, cette communauté accueillit d’année en année nombre de jeunes filles qui souhaitaient prendre part à son œuvre éducative et hospitalière, ce qui permit de multiplier les établissements en Anjou et dans les départements voisins.
La congrégation prit son essor à partir de 1833, grâce à la loi Guizot qui encourageait la création d’écoles primaires dans les communes, à tel point qu’elle comptait 129 sœurs lorsque Rose Giet rendit son âme à Dieu, le 3 janvier 1848 à La Salle-de-Vihiers.
Acte de décès de Rose Giet (A.D. 49)
Dans la chapelle de la communauté des Filles de la Charité,
la plaque à la mémoire de Rose Giet
Trois ans plus tard, le 2 avril 1852, le président de la République, Louis-Napoléon Bonaparte, accorda l’autorisation légale à la communauté, reconnue comme congrégation d’institutrices et d’hospitalières sous le nom de « Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus ».
La chapelle et une partie des bâtiments de la communauté
À la mort de l’abbé Catroux, le 16 avril 1863 à La Salle-de-Vihiers, 378 religieuses étaient réparties entre 128 établissements ; en 1900, 1.100 religieuses, desservant 216 établissements, donnaient l’instruction chrétienne à plus de 15.000 enfants et leurs soins à un grand nombre de malades. À partir de 1905, la communauté s’étendit hors de France, en Amérique du Nord et du Sud et en Afrique où se trouve aujourd’hui l’essentiel de ses effectifs et de ses activités.