La Vendée était bien agitée il y a 220 ans, quand des bandes d’hommes en armes écumaient le Bocage pour mener la vie dure aux « patriotes ». Ils s’empareront même de plusieurs bourgs et villes, comme Les Herbiers en juillet 1799. 

A

Un billet conservé aux Archives départementales des Deux-Sèvres (illustration ci-dessus) évoque cette situation de quasi guerre civile. Rédigé par un capitaine de gendarmerie à Fontenay-le-Comte, il est daté du 18 messidor an VII (6 juillet 1799) : « Nous recevons l’avis que des brigands armés se sont emparés des Herbiers, qu’ils ont tués (sic) tous ceux qu’ils ont rencontrés ; nous n’avons cependant pas de détail, je crains pour notre brigade » (série L, 1er supplément, 7). 

Un climat insurrectionnel en juin 1799

Il régnait en Vendée, depuis le début de l’année 1799, une hostilité de plus en plus ouverte à l’égard du régime. Les fonctionnaires en activité dans le Bocage y trouvaient un motif d’inquiétude, à juste titre, car à partir du mois de juin arrivèrent à Fontenay, chef-lieu du département, des rapports alarmistes signalant des bandes de « scélérats et d’assassins » parcourant toute la contrée. 

On les signalait du côté de La Flocellière et de Mouchamps ; on dénonçait des listes de proscriptions à l’encontre les patriotes aux Brouzils et au Poiré-sur-Vie ; on rapportait des scènes de bagarres à la foire des Lucs, à celle de Bazoges-en-Paillers, etc. Et on ne comptait plus les arbres de la liberté coupés au cri de « Vive le roi, vive la religion ! », parfois en plein jour. Celui de Beaurepaire avait été planté au début de la Révolution ; coupé lors du soulèvement de 1793, il avait été replanté en 1796, tombé à nouveau en 1797, replanté une fois encore, pour finir à l’eau le 30 juin 1799 (1).

Une bande passe à l’attaque début juillet

Les expéditions de ces bandes armées prirent encore plus d’ampleur au début du mois de juillet. Le 5, une soixantaine de « Chouans » (2) investirent Tiffauges, menacèrent le citoyen Rigaudeau, commissaire du lieu, et coupèrent l’arbre de la liberté. Ils recommencèrent le lendemain, très tôt le matin, à La Verrie, et poursuivirent leur offensive sur Les Herbiers. 

Le commissaire Lehuby en rendit compte ainsi, avec plus de détails que le billet ci-dessus : « Ce matin, à 7 h. et ½, les chouans, au nombre d’environ 60 sont entrés aux Herbiers. Ils y ont blessé un gendarme et fait quatre autres prisonniers (3). Le chef de la garde a été blessé et personne n’a eu le temps de se rallier et chacun paraissant à sa porte lâchait son coup de feu et était obligé de se sauver par les derrières (…) Ils ont pillé et volé chez moy ; ma perte est de près de 3.000 francs » (A.D. 85, L 221). Lehuby parvint à s’enfuir à Cholet et faillit être « assassiné par une bande de scélérats postés aux Alouettes ». 

La prise des Herbiers par les Chouans jeta l’alarme chez les patriotes des communes voisines, en particulier à Saint-Fulgent, qui demandera un renfort de soldats au général Travot, alors à Montaigu. Mais la bande disparut vers la vallée de la Sèvre. Chacun se préparait à un nouveau coup de main des rebelles ; il aura lieu à la fin juillet 1799, à La Bruffière. 
   


Notes :  

  1. Il dut être replanté encore une fois, puisque les Chouans le coupèrent à nouveau le 26 octobre 1799.   
  2. En 1799, le terme de « Chouans » est utilisé y compris pour les insurgés royalistes du sud de la Loire. 
  3. D’après le citoyen Lehuby, des gendarmes furent tués à coups de sabre le lendemain dans les bois de la Pinsonnière, entre Saint-Michel-Mont-Mercure et Les Épesses.