Coron fut aux premières loges des campagnes militaires de 1793. Plusieurs combats décisifs se déroulèrent sur son sol, comme le rappelle la croix de Lauriet et sa plaque posée par le Souvenir Vendéen en 1989.
Cette croix ancienne se dresse en lisière du Bas-Bourg de Coron, à l’angle de la rue de l’Auriet (du nom de l’ancienne métairie de Lauriet) et de la rue des Moulins. Rehaussée sur un socle de ciment, elle a reçu une plaque de bronze inaugurée par le Souvenir Vendéen le dimanche 25 juin 1989 (compte rendu dans la Revue du Souvenir Vendéen n° 168, pp. 7-11). On peut y lire l’inscription suivante : « Aux habitants de Coron qui ont défendu chez eux un des seuils de la Vendée et aux combattants de mars, juillet et septembre 1793. Souvenir Vendéen 1989 ».
Plusieurs affaires opposèrent Blancs et Bleus sur ce « seuil de la Vendée », dans le bourg de Coron et surtout sur la Butte des Hommes, un coteau qui domine le Lys à l’est de la paroisse.
La 1re bataille de Coron, 16 mars 1793
La première eut lieu le samedi 16 mars 1793. À la nouvelle de la prise de Jallais et Chemillé par les insurgés trois jours auparavant, les patriotes de Vihiers, grossis de gardes nationaux du district, se mirent en route vers Coron, convaincus d’y balayer les rebelles. L’affrontement eut lieu sur la Butte des Hommes.
Menés par Cathelineau, Perdriau et Stofflet, les insurgés n’eurent guère de mal à l’emporter sur l’ennemi. « Les patriotes, terrifiés, fuient à toutes jambes. Les paysans les atteignent, les transpercent de leurs piques, les tailladent de leurs faux, et en laissent un grand nombre sur le terrain. Les premiers fuyards qui rentrent à Vihiers, jettent l’effroi dans cette ville : hommes, femmes, enfants, vieillards, tous abandonnent leurs maisons, et s’enfuient jusqu’à Doué… » (F. Deniau, Histoire de la Vendée, t. I, p. 303).
Cette victoire du 16 mars 1793 donna aux paysans une grande quantité de sabres, de fusils et de cartouches, ainsi qu’une magnifique couleuvrine qu’ils baptisèrent « Marie-Jeanne ».
Coron fut à nouveau menacé dix jours après, le 27 mars, lorsqu’un un corps de 300 hommes, du demi-bataillon des fédérés du Finistère, reçut l’ordre d’aller occuper le château du Coudray-Montbault sur la route de Vihiers. « À l’approche de ce poste, il fut accueilli de quelques coups de fusil partis de champs qui bordaient la route, perdit deux hommes, en eut deux autres blessés, et se replia sur Vihiers. Cet événement, auquel on ne s’attendait pas, jeta l’alarme dans l’armée. » (Savary, t. I, p. 113)
La 2e bataille de Coron, 11 avril 1793
Dans l’offensive républicaine destinée à mater l’insurrection, l’une des attaques portait sur la route de Saumur à Cholet. Elle était dirigée par Leigonyer, qui quitta le camp du Coudray-Montbault le jeudi 11 avril pour se diriger vers Coron (c’est au cours de cette journée qu’eut lieu l’épisode relatif à Rose Giet). Stofflet et ses hommes l’y attendaient et lui opposèrent une vive résistance sur ce champ de bataille qui leur avait donné la victoire – et la « Marie-Jeanne » – le 16 mars précédent. Ils finirent cependant par céder.
Leigonyer poursuivit son avancée vers Vezins, puis Cholet, pour s’établir au château de Bois-Grolleau. Attaqué le 19, il dut battre en retraite jusqu’à Doué en repassant précipitamment par Coron.
La 3e bataille de Coron, 17 juillet 1793
Les Bleus furent de retour à Coron durant l’été. Le mardi 16 juillet, Menou vint de Saumur à Vihiers avec trois divisions. Le lendemain, à la tête de l’avant-garde, il fut battu à Coron par 600 transfuges suisses et allemands commandés par Keller.
Le bruit de la fusillade sonna l’alarme pour les paysans des paroisses alentour qui s’assemblèrent pour une grande offensive qui eut lieu le 18 juillet à Vihiers. Cette victoire vendéenne fut retentissante.
La 4e bataille de Coron, 18 septembre 1793
La dernière bataille de Coron se déroula le mercredi 18 septembre 1793. Ce matin-là, Santerre et Ronsin quittèrent le camp du Coudray-Montbault et marchèrent sur Coron qu’ils trouvèrent désert. En chemin, leurs troupes avaient mis le feu à travers le pays de Thouarcé à Vihiers.
Tandis que le gros de leurs forces se trouvait encore à la Butte des Hommes, leur avant-garde s’avança jusqu’à Vezins où elle se heurta aux Vendéens commandés par Piron de La Varenne ; ceux-ci se rendaient au Pont-Barré où les Bleus allaient lancer une seconde offensive sur les Mauges. Piron parvint à les repousser jusqu’à Coron, enveloppa l’ennemi sur ses ailes et finit par le déloger de ses positions. Dans leur terrible déroute, les Bleus, pourtant supérieurs en nombre, laissent à leurs vainqueurs un énorme butin en armes.
Peu de paroisses furent le théâtre de tant d’affrontements entre Vendéens et républicains, comme le fut Coron au cours de la Grande Guerre de 93.