À l’époque où les Vendéens marchent de victoire en victoire, au printemps 1793, parvient au comité royaliste de Beaupréau une nouvelle étonnante : la contre-révolution a gagné Paris, « le Roy, la Reine et la famille royale sont en liberté… »
Cette révélation émanait d’un courrier de M. de Rorthays, rédigé à Tiffauges le 8 juin 1793 (orthographe corrigée pour une meilleure lisibilité) :
« Recevez mes remerciements du vin que vous nous proposiez de me céder pour le comité lorsque je leur en ai parlé (1) ; ils m’ont dit que M. de (?) leur en avait envoyé.
Nous avons de grandes nouvelles et elles sont sûres comme on le dit ; il y a apparence que nous serons bientôt à la fin de nos misères, la contre-révolution est faite à Paris ; sans peine le Roy (2), la Reine et la famille royale sont en liberté et sous bonne garde. Les troupes étrangères s’avancent à grands pas. Et de tous côtés, il y a apparence que l’explosion se fera dans peu et terminera tout ; il est mieux que cela se sache en gros qu’en détail. On dit qu’il y a bien du monde à Saumur (3), entre autres 4000 déserteurs autrichiens, tous habillés à l’antique c’est-à-dire en fer (?).
Voilà tout ce que j’ai appris en arrivant ici ; lorsque j’aurai des nouvelles je me ferai un plaisir de vous en faire part.
J’ai l’honneur d’être avec respect, Messieurs, votre très humble et très obéissant serviteur
De Rorthays
Tiffauges ce 8 juin 1793 (4) »
Cette rumeur de contre-révolution à Paris trouve probablement son origine dans les journées des 31 mai et 2 juin 1793 qui entraînèrent la chute des Girondins et la prise du pouvoir par les Montagnards. Si ces événements suscitèrent des insurrections fédéralistes en province, ils n’interrompirent pas cependant le cours de la Révolution et ne permirent pas non plus la libération de la famille royale.
Notes :
- Un billet de Prosper de Boisy, conservé sous la même cote d’archives à la même date, confirme cet envoi de vin « reçu sans incident malgré les mauvais chemins… » à son château de Landebaudière, à La Gaubretière.
- La nouvelle de l'exécution de Louis XVI avait pourtant été largement répandue.
- L’armée vendéenne a chassé les Bleus de Doué le 7 juin 1793, puis de Montreuil-Bellay le 8, et s’apprête à attaquer Saumur. La ville tombe entre leurs mains le 9.
- Archives de la Vendée, AN D XLII 3-3.